Macron, Pécresse, Le Pen... qui sont les huit favoris de la présidentielle française?
Le 10 avril 2022 aura lieu le premier tour de la présidentielle française avec pour objectif de terminer à l'une des deux premières places et d'être qualifié pour le second tour le 24 avril.
A deux mois de ce grand rendez-vous quinquennal, la course à l'Elysée prend des contours plus clairs avec désormais une vingtaine de postulantes et de postulants. Le président sortant Emmanuel Macron n'a pour l'instant pas encore annoncé officiellement qu'il briguait un second mandat, mais cette candidature ne fait guère de doute.
A droite, Valérie Pécresse a remporté la primaire des Républicains, écartant notamment l'un des favoris, Xavier Bertrand. Plus à droite encore, la candidate du Rassemblement national Marine Le Pen voit l'arrivée sur ses plates-bandes du populiste Eric Zemmour, ce qui pourrait disperser les voix et empêcher l'accession de l'un ou l'autre au deuxième tour.
A gauche, c'est la maire de Paris Anne Hidalgo qui représente un Parti socialiste toujours au plus bas dans les sondages. Les Verts lancent eux Yannick Jadot, alors que l'extrême gauche mise sur l'éternel Insoumis Jean-Luc Mélenchon. Fin janvier, une primaire contestée à gauche par les trois autres candidats a mis sur les rails l'ancienne ministre Christiane Taubira.
Reste à savoir qui participera vraiment au sprint final, car une fois sa candidature déclarée, toutes et tous doivent chasser les parrainages. En effet, pour pouvoir figurer sur un bulletin de vote en avril, il faut s’assurer 500 parrainages d'ici le 26 février. Quelque 500 maires doivent apporter un soutien public et ce dans au moins 30 départements. Et cette quête pourrait s’avérer difficiles pour les candidats les plus radicaux.
Alors quelles sont les chances des huit candidates et candidats les mieux placés dans les sondages en vue du premier tour, à savoir dans l'ordre Emmanuel Macron, Marine Le Pen, Valérie Pécresse, Eric Zemmour, Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot, Christiane Taubira et Anne Hidalgo? Et quelles sont leurs forces et leurs points faibles?
Frédéric Boillat
Emmanuel Macron (La République en Marche)
Le sortant, logique favori
Biographie expresse: Emmanuel Macron est né le 21 décembre 1977 à Amiens, dans la Somme, de parents médecins. Il fêtera donc ses 44 ans prochainement. Etudiant en philosophie et diplômé de Science Po puis de l'ENA, il travaille ensuite à l'Inspection générale des finances et en tant que banquier d'affaires chez Rothschild. Il est marié depuis 2007 à Brigitte, 68 ans, qui a été sa professeure alors qu'il était au lycée. Le couple n'a pas d'enfants.
Son parcours politique: militant du Mouvement des citoyens de Jean-Pierre Chevènement à ses débuts, Emmanuel Macron se rapproche ensuite de Michel Rocard et du Parti socialiste dès 2002. Soutien de François Hollande en 2012, il est nommé secrétaire général adjoint de la présidence de la République quand le socialiste est élu à l'Elysée. Quand Arnaud Montebourg quitte le gouvernement en 2014, il est nommé ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique. En avril 2016, il crée le mouvement En Marche!, puis quitte le gouvernement et se lance dans la course à la présidence. En tête dès le premier tour, Emmanuel Macron bat Marine Le Pen dans les urnes le 7 mai 2017, récoltant 66,1% des suffrages, et devient le huitième président de la Ve République.
Partout où il y a le retour de la violence contre celles et ceux qui détiennent une autorité démocratique et légitime, c'est un bout de République qu'on retire
Ses ambitions présidentielles: Emmanuel Macron n'a toujours pas annoncé officiellement sa candidature pour un second mandat, mais cela ne saurait tarder. Grand invité de TF1 le 15 décembre, il a dit qu'il avait encore des décisions à prendre, notamment sur la crise sanitaire, avant d'annoncer quoi que ce soit. Mais son ambition présidentielle semble intacte et toute autre décision serait une énorme surprise. En outre, son camp, La République en Marche (LREM), prépare déjà sa campagne avec nombre d'opérations sur le terrain et de groupes de travail, et même un slogan, "5 ans de plus". Et le président multiplie les rencontres pour se poser comme le seul et unique chef de l'Etat possible, de Joe Biden à Angela Merkel en passant par le controversé prince Mohammed ben Salmane en Arabie saoudite.
Ses points forts: en tant que sortant, Emmanuel Macron partira forcément favori. Et il sait comme personne rassembler ses troupes pour marcher avec lui. Après quelques dissidences et diverses critiques de son camp durant son mandat, le chef de l'Etat a déjà réunifié les diverses sensibilités de son mouvement, que ce soit à la droite du parti (François Bayrou, Edouard Philippe, Franck Riester) ou à la gauche (Barbara Pompili, Jean-Yves Le Drian). Elu avec la promesse de dépasser le clivage droite-gauche, il essaiera encore de rassembler un même électorat des deux côtés de l'échiquier politqiue.
Ses points faibles: durant son mandat, Emmanuel Macron a surtout dû gérer deux crises majeures, qui lui ont valu de nombreuses inimitiés. Les gilets jaunes et leurs revendications sociales ont tout d'abord occupé les rues durant de longs mois, occasionnant un long bras de fer avec le gouvernement et la présidence. Puis c'est la pandémie de Covid-19 qui a monopolisé les esprits, avec des décisions impopulaires à annoncer régulièrement. Mais si celles-ci sont parfois vertement critiquées, le chef de l'Etat a aussi su leur insuffler un caractère obligatoire et irrépressible. L'attitude du président est d'ailleurs parfois qualifié d'omnipotente, de jupitérienne ou de monarchique, laissant à son Premier ministre et à son gouvernement le rôle de faire-valoir. Et Emmanuel Macron réfute aussi avec force le reproche d'avoir été le président des riches.
Une anecdote: beaucoup reprochent à Emmanuel Macron de vouloir tout contrôler. Et une décision irait dans leur sens: le président a choisi durant son mandat de remplacer en toute discrétion le traditionnel bleu cobalt du drapeau français par une teinte marine plus foncée. A l’Elysée, on assure toutefois que ce choix vise à retrouver la couleur d'origine adoptée en 1794.
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Marine Le Pen (Rassemblement national)
La populiste aux plates-bandes piétinées
Biographie expresse: Marion Anne Perrine Le Pen de son vrai nom est née le 5 août 1968 à Neuilly-sur-Seine, dans les Hauts-de-Seine. Celle qui se fait désormais appeler Marine Le Pen a donc fêté ses 53 ans cette année. Elle est la benjamine des trois filles de Jean-Marie Le Pen, leader historique du Front national, et de sa première épouse Pierrette. Après des études de droit et un diplôme en droit pénal, elle devient avocate à Paris avant de rejoindre le service juridique du parti politique de son père en 1998. Marie Le Pen a été marié à deux reprises, avec Franck Chauffroy et Eric Iorio. Elle a trois enfants de sa première union.
Son parcours politique: après avoir adhéré au Front national à l'âge de 18 ans, Marine Le Pen se présente pour la première fois à une élection lors des législatives de 1993, en vain. Puis elle obtient son premier mandat politique en tant que conseillère régionale du Nord-Pas-de-Calais en 1998. Elle échoue à se faire élire députée lors des législatives de 2002, 2007 et 2012 mais réussit à entrer au Parlement européen en 2004, où elle siège jusqu'en 2007. Facilement élue en 2011 à la tête du Front national, qui est ensuite rebaptisé Rassemblement national, elle se présente à la présidentielle de 2012, mais elle est battue au 1er tour par François Hollande et Nicolas Sarkozy. En 2017, elle se qualifie pour le second tour, éclipsant la gauche et la droite, et doit s'avouer vaincue face à Emmanuel Macron. Elle réussit dans la foulée à être élue à l'Assemblée nationale.
Je ne me laisserai plus donner de leçons par des gens qui sont les champions du monde du chômage, de la dette, de l'immigration et de l'insécurité
Ses ambitions présidentielles: nationaliste et souverainiste, Marine Le Pen a longtemps occupée seule l'extrême droite de l'échiquier politique en France, y remplaçant son père. Mais elle n'est jamais tombée dans les travers et les dérapages de Jean-Marie Le Pen, tenant avec application une ligne ferme anti-immigration et pro-sécurité. Affirmant que le clivage gauche-droite fait partie du passé, elle se présente logiquement à nouveau pour la présidentielle de 2022. La leader du RN l'a annoncé dès janvier 2020. Marine Le Pen ambitionne évidemment d'accéder à nouveau au deuxième tour et affirme pouvoir créer la surprise au second.
Ses points forts: bercée par la politique dès son plus jeune âge, Marine Le Pen est l'une des personnalités les plus expérimentées sur la ligne de départ de la présidentielle, avec déjà deux campagnes à son actif, dont une qui l'a menée au second tour, sans compter celles qu'elle a vécue aux côtés de son père. Très à l'aise dans les médias et infatigable dans les bains de foule, la candidate bénéficie aussi d'un solide entourage, de lieutenants fidèles et d'un ancrage local important, en premier lieu dans son fief du nord et dans le sud-est.
Ses points faibles: au-delà de l'ombre de son père, désormais plus en retrait, le Rassemblement national traîne l'image d'un parti extrémiste que le changement de nom et la politique de dédiabolisation n'ont pas réussi à totalement limer. Et le fait qu'Eric Zemmour, dont les idées sont proches, soit entré dans le jeu politique est évidemment très fâcheux pour Marine Le Pen. Faute de pouvoir s'unir, les deux seront directement en concurrence, avec à la clé une évidente dispersion des voix qui pourrait coûter à tous les deux une place au second tour. Le populiste a même réussi à débaucher certains membres du RN comme Gilbert Collard ou Jérôme Rivière, affaiblissant son adversaire. Marine Le Pen devra également tout mettre en place pour faire oublier son débat raté face à Emmanuel Macron il y a cinq ans, qui pèse toujours dans son bilan politique.
Une anecdote: devenue mère trois fois en moins de 11 mois, d'une fille et de jumeaux en 1998 et 1999, Marine Le Pen est extrêmement discrète sur sa vie de famille. "Je les protège comme une louve. C'est une des grandes réussites de ma vie de maman de les avoir préservés de la vie publique pour qu'ils aient une vie d'enfants." La politicienne n'a jamais voulu les présenter aux médias et ne le fera pas, ajoute-t-elle catégoriquement. Seule entorse à cette discrétion sur sa vie privée, elle n'a pas pu cacher sa relation avec un autre ténor du RN, Louis Aliot, mais le couple s'est séparé depuis lors.
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Valérie Pécresse (Les Républicains)
L'atout féminin d'une droite rassemblée
Biographie expresse: Valérie Pécresse est née Valérie Roux le 14 juillet 1967 à Neuilly-sur-Seine, dans les Hauts-de-Seine, de père professeur d'université et de mère sans profession. Elle a donc fêté cette année ses 54 ans. Diplômée de HEC Paris puis de l'ENA, elle enseigne ensuite le droit constitutionnel à l'Institut d'études politiques de Paris1 de 1992 à 1998. Elle travaille également au Conseil d'État. Valérie Roux a épousé Jérôme Pécresse en 1994 et le couple a eu trois enfants.
Son parcours politique: d’abord approchée par Lionel Jospin et le PS, Valérie Pécresse préfère rejoindre Jacques Chirac lors des législatives de 1997. Elle est nommée conseillère auprès de la présidence de la République en 1998 puis devient députée des Yvelines en 2002. Elle occupe ensuite les postes de secrétaire générale adjointe de l'UMP et porte-parole national du parti. Élue en 2004 conseillère régionale d'Ile-de-France, elle accède au gouvernement de François Fillon en 2007, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, comme ministre de l'Enseignement supérieur, puis en 2011 comme ministre du Budget. En 2015, elle est élue à la présidence de la région Ile-de-France, mettant fin à 17 ans de règne de la gauche. Elle est reconduite à ce poste en 2021.
Merci d'avoir eu cette audace de désigner une première femme candidate de la droite. Je vais m'en montrer digne
Ses ambitions présidentielles: en 2017, Valérie Pécresse a créé son propre mouvement au sein des Républicains (LR), "Soyons libres", qui incarne la ligne plus centriste du parti de droite. Début décembre, elle s'est présentée à la primaire à droite et les adhérents LR l'ont choisie pour les représenter, éliminant notamment de la course Eric Ciotti, Michel Barnier et Xavier Bertrand. Elle ambitionne de devenir la première femme présidente et avant tout de faire oublier la défaite de la droite dès le premier tour de la présidentielle de 2017, avec la déroute de François Fillon.
Ses points forts: le profil centriste de Valérie Pécresse pourrait lui permettre de ravir des voix à Emmanuel Macron, notamment les gens de droite qui ont soutenu le futur président il y a 5 ans et qui ont été déçus par son travail à la tête de l'Etat. Et son travail à la tête de la région Ile-de-France, qui est salué au-delà de son parti, pourrait avoir la même conséquence. Se posant en gardienne des finances, la candidate sait rassurer les hommes sur sa capacité à gouverner et va également jouer la carte femme, elle qui se présente volontiers comme une "Merkel à la française".
Ses points faibles: ce profil centriste pourrait également lui jouer des tours. Si Valérie Pécresse a insisté sur l'unité du parti après avoir été désignée candidate, elle pourrait voir les sympathisants les plus à droite du parti, notamment ceux qui soutenaient le finaliste de la primaire Eric Ciotti, se tourner vers Marine Le Pen ou Eric Zemmour. Tous deux ne s'en sont d'ailleurs pas cachés: la leader du RN a insisté sur la proximité des idées de Valérie Pécresse avec celles d'Emmanuel Macron et appelé les déçus de la droite à la rejoindre, alors que le polémiste a adressé une lettre à Eric Ciotti et ses partisans pour leur dire qu'ils étaient plus proches de lui que de La candidate LR. Son plus grand défi sera donc le rassemblement de la famille de droite.
Une anecdote: à l'aise dans les débats, Valérie Pécresse ne se laisse jamais démonter quand on l'attaque. En 2017, un autre ténor LR, Laurent Wauquiez, la critiquait vertement: "Valérie Pécresse, le nombre de conneries qu’elle peut faire", disait-il. Et sa collègue de parti de répondre sans attendre: "J’aimerais bien moi aussi faire de l’humour sur les réformes que Laurent Wauquiez a faites au gouvernement. J’ai bien cherché, et je n’ai pas trouvé!". Et quand Marine Le Pen a ironisé sur la primaire à droite, la comparant à un quatre-quarts, Valérie Pécresse ne s'est pas démontée: "Comme Marine Le Pen est Bretonne, j'imagine qu'elle aime les quatre-quarts. Elle va en bouffer beaucoup."
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Eric Zemmour (Reconquête)
Le polémiste qui veut renverser les partis établis
Biographie expresse: Eric Zemmour est né le 31 août 1958 à Montreuil, en Seine-Saint-Denis, de père ambulancier et d'une mère au foyer, issus d'une famille française juive d'Algérie. Il a ainsi fêté ses 63 ans cette année. Diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris en 1979, il a tenté deux fois mais sans succès d'enter à l’École nationale d’administration. En 1986, il est embauché comme journaliste au Quotidien de Paris avant de rejoindre Infomatin puis Le Figaro, où il a exercé jusqu'en septembre 2021. Egalement écrivain, essayiste et portraitiste (Edouard Balladur, Jacques Chirac), Eric Zemmour s'est aussi fait connaître du grand public en étant tout d'abord chroniqueur sur RTL, I-Télé et CNews puis dans l'émission de Laurent Ruquier On n'est pas couché, sur France 2. Il est mariée avec Mylène et le couple a trois enfants.
Son parcours politique: Membre d'aucun parti, avant d'avoir récemment lancé le sien, baptisé "Reconquête", Eric Zemmour n'a commencé à faire parler de lui au niveau politique qu'en 2021. Si certains ont vu en lui une alternative à droite, l'intéressé ne s'est formellement déclaré que fin novembre. Mais il a auparavant lancé son site internet "Croisée des chemins" et commencé une série de conférences à travers la France, avec pour but de séduire l'électrice et l'électeur, mais aussi les maires, dépositaires des 500 parrainages nécessaires pour se présenter en avril.
Je suis le seul à défendre la liberté de penser, la liberté de parole, la liberté de débattre, la liberté de mettre les mots sur la réalité, pendant qu'ils rêvent tous d'interdire nos meetings et de me faire condamner
Ses ambitions présidentielles: au moment d'officialiser sa candidature, Eric Zemmour était crédité de 14 à 15% d'intention de vote au premier tour, derrière Emmanuel Macron (25%) et Marine Le Pen (19-20%). Si ce score ne le qualifie pas pour le deuxième tour, il est très élevé pour un novice en politique. Et son discours ferme pourrait le faire gagner encore du terrain, lui qui aime à répéter qu'il est le candidat qui fera revenir l'ordre, car "l'ordre n'existe plus en France". Il a aussi expliqué qu'il s'adressait aux Français qui "se sentent étrangers" dans leur "propre pays", "pour que nos filles ne soient pas voilées et que nos fils ne soient pas soumis".
Ses points forts: candidat anti-système, le polémiste entend renvoyer dos-à-dos les "bien-pensants", les "élites", les "journalistes", les "islamo-gauchistes" et les tenants de "la théorie du genre". Il ne veut être classé dans aucune mouvance et conserver sa liberté de parole, se plaisant à diaboliser les journalistes, son propre milieu professionnel. Certains voient en lui le successeur de candidats hors normes qui ont réussi à s'imposer sur la scène politique, comme Donald Trump, Beppe Grillo, voire Boris Johnson. Et dans un monde incertain et changeant, ce type de personnalités est toujours à même de créer la surprise. Le fait qu'il ait su rallier à sa cause des membres importants des Républicains (Guillaume Peltier) ou du Rassemblement national (Jérôme Rivière, Gilbert Collard) joue aussi en sa faveur.
Ses points faibles: Condamné à deux reprises pour provocation à la haine raciale et religieuse, notamment pour avoir déclaré que "les employeurs ont le droit de refuser des Arabes ou des Noirs" et que "la plupart des trafiquants sont noirs et arabes", Eric Zemmour doit encore faire face à plusieurs procédures judiciaires délicates en parallèle à une campagne présidentielle. En outre, en tant que représentant de la droite radicale, souverainiste et identitaire, Eric Zemmour pourrait pâtir de sa concurrence avec Marine Le Pen, à moins qu'il ne parvienne à la doubler en termes de popularité.
Une anecdote: entre des alertes au colis piégé et des manifestants antifascistes dans les rues de Genève, la venue d'Eric Zemmour en Suisse n'est pas passée inaperçue le 24 novembre. Alors que certains ont tout fait pour l'empêcher de venir, le polémiste a pu s'exprimer à l'hôtel Hilton, avec pour but de récolter des fonds pour sa campagne. Il s'est aussi entretenu avec des politiciens suisses de premier plan, issus du PLR et surtout de l'UDC, comme les conseillers nationaux Yves Nidegger et Roger Köppel.
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Jean-Luc Mélenchon (Les Insoumis)
L'éternel Insoumis aux ambitions inébranlables
Biographie expresse: Jean-Luc Mélenchon est né le 19 août 1951 à Tanger, au Maroc, de père travaillant à la poste et de mère institutrice, tous deux Français d'Algérie mais avec une ascendance espagnole. Il a donc fêté ses 70 ans l'été dernier. Titulaire d’une licence de philosophie, il commence sa carrière comme professeur auxiliaire avant de devenir journaliste à la Dépêche du Jura. Il se tourne vers la politique dès la fin des années 70. Divorcé, il a une fille.
Son parcours politique: après avoir été l'un des meneurs de son lycée lors de mai 68, Jean-Luc Mélenchon n'a jamais abandonné son combat pour les sans-grade. Il entre dans une organisation communiste avant d'adhérer au Parti socialiste durant les années Mitterrand. Il est élu au conseil général de l'Essonne en 1985, puis sénateur de l’Essonne en 1986 et ensuite ministre délégué de l’Enseignement professionnel de 2000 à 2002. Toujours à gauche du PS, il se distancie toujours plus de la politique d'ouverture du parti et finit par claquer la porte en 2008. Il fonde alors le Parti de gauche, qui deviendra ensuite le Front de gauche et actuellement la France insoumise. Sous cette étiquette, il est d'abord élu député européen entre 2009 et 2017 et député à l'Assemblée nationale depuis 2017. Jean-Luc Mélenchon s'est présenté aux élections présidentielles de 2012 et 2017, terminant les deux fois au 4e rang, manquant de peu une qualification pour le second tour il y a 5 ans.
C'est un trou de souris, mais nous avons une chance d'être au second tour
Ses ambitions présidentielles: "La France, ce n'est pas l'extrême droite, la France c'est la sécurité sociale, c'est la santé publique, c'est l'émancipation, c'est l'école, c'est la recherche, c'est le partage": Jean-Luc Mélenchon n'est jamais fatigué de son long combat contre les opprimés. En 2017, il avait largement réussi à siphonner toutes les voix du PS et des autres partis de gauche. Se posant comme l'unique force d'opposition à la droite et l'extrême droite, il entend faire de même en 2022. Et vu que les droites sont divisées, il dit avoir une chance d'être au second tour, même si c'est par un "trou de souris", un certain électorat pouvant passer rapidement de la droite extrême à la gauche extrême.
Ses points forts: Jean-Luc Mélenchon peut compter sur un électorat fidèle, mais ce seul électorat ne suffit pas pour accéder au second tour. Mais plus les candidats sont nombreux, plus ses chances augmentent au vu de l'éparpillement des voix. Habile débatteur à la voix forte et la verve intarissable, il n'hésite pas à lancer de multiples piques contre ses adversaires: il a ainsi qualifié Eric Zemmour d'ennemi du genre humain et Marine Le Pen de semi-démente et a ironisé sur Valérie Pécresse, qui "dit d'elle-même qu'elle était un tiers Thatcher, deux tiers Merkel, ce qui ne laisse pas grand-chose de bon". En outre, ce profond connaisseur du milieu ouvrier et populaire est un vieux routinier de la politique qui connaît bien tous ses adversaires.
Ses points faibles: On le dit seul, sans entourage et misant sur des idées qui ne se renouvellent pas. Lui répond que ses idées sont la base de la société anticapitaliste et qu'elles attirent des milliers de personnes dans ses meetings. Son tempérament volcanique lui a aussi joué des tours dans ses relations avec la presse, avec certaines colères filmées par les caméras qui ne cadrent pas forcément avec ses discours. Ses propos sont aussi parfois à la limite de la légalité et il a été condamné en justice par le passé, accusé de rébellion, de provocation et de diffamation.
Une anecdote: Jean-Luc Mélenchon était ami avec l'écrivain Jean d'Ormesson, qui l'invitait régulièrement à déjeuner chez lui à Neuilly, ce qui peut sembler surprenant entre un politicien d'extrême gauche et un intellectuel de droite. Tous deux disaient ne pas avoir les mêmes idées politiques, mais s'apprécier humainement. "J'ai sympathisé avec lui non pour ses idées, qui sont détestables et ne valent pas un clou, mais parce que tout peut l'amuser et l'intéresser et parce que sa personne est magique", disait de lui l'Insoumis. "Il y a peu de personnes avec qui j'ai autant de plaisir à parler, il est intelligent et cultivé, même si sa politique serait désastreuse", répondait l'écrivain. Tous deux aimaient aborder des sujets aussi vastes que la littérature, la géopolitique et l'histoire de France.
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Yannick Jadot (Europe Ecologie Les Verts)
L'écologiste qui demeure méconnu
Biographie expresse: Yannick Jadot est né le 27 juillet 1967 à Clacy-et-Thierret, dans l'Aisne, de parents enseignants. Il a donc fêté ses 54 ans cet été. Après des études d'économie et une maîtrise de commerce international, il travaille plusieurs années dans une ONG, passant notamment deux ans au Burkina Faso et deux ans au Bangladesh. Puis il intègre une autre ONG qui lutte contre la mondialisation néo-libérale. Il est aussi directeur des campagnes de Greenpeace France entre 2002 et 2008. Il est père de deux garçons nés d'une précédente union.
Son parcours politique: après avoir adhéré au parti Les Verts en 1999, Yannick Jadot s'est présenté pour la première fois à une élection en 2009, quand il est élu député européen sous l’étiquette d’Europe Écologie Les Verts, après avoir quitté Greenpeace. Il est réélu en 2014. Puis il remporte la primaire écologiste en vue de la présidentielle de 2017, mais après consultation de la base du parti, il se désiste en faveur du socialiste Benoît Hamon, qui sera largement battu. Il est ensuite réélu au Parlement européen en 2019.
Les basculements que nous vivons s’accélèrent. Cet été fut plus qu'un avertissement: le début d'un monde nouveau
Ses ambitions présidentielles: en septembre 2021, Yannick Jadot remporte la primaire de l'écologie face à Sandrine Rousseau, avec 51% des voix au second tour. Il devient ainsi le candidat des diverses forces vertes qui existent en France. Mais après avoir un temps soutenu l'idée d'un candidat unique de la gauche, les désaccords l'ont finalement emporté et il a refusé toute idée de primaire à gauche, même s'il arrivé deuxième de celle-ci derrière Christiane Taubira.
Ses points forts: tête de liste d'Europe Ecologie Les Verts lors des élections européennes de 2019, Yannick Jadot a mené son parti vers un excellent score, récoltant 13,47% des voix, ce qui en faisait la troisième force politique française dans ce scrutin. Cet excellent résultat suivait les diverses manifestations mondiales pour le climat, mais la pandémie est ensuite arrivée et les préoccupations environnementales ont souvent été placées au second plan.
Ses points faibles: de longue date, les écologistes français peinent à trouver une véritable union entre les diverses sensibilités qui composent la mouvance verte. S'ils semblent plus ou moins tous rouler pour Yannick Jadot, des désaccords ne sont pas inévitables. Et la rivalité de gauche avec le Parti socialiste noircira encore certainement bien des pages de journal d'ici la présidentielle. En outre, le fait que le candidat demeure encore assez méconnu en France face à ses rivaux, malgré une importante présence médiatique, pourrait aussi jouer contre lui.
Une anecdote: une action menée en 2005 alors qu'il était directeur des campagnes de Greenpeace lui a valu une condamnation. Yannick Jadot a participé à une opération de l'ONG contre le nucléaire avec pour but de bloquer le transport de plutonium américain qui devait être recyclé en France pour en faire un combustible pour les centrales nucléaires. Il a pénétré en zodiac dans la base de sous-marins nucléaires de l'Ile Longue, près de Brest, ce qui lui a valu d'être condamné pour "atteinte aux intérêts supérieurs de la nation".
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Christiane Taubira (Gauche)
La femme de gauche adoubée par la primaire
Biographie expresse: Christiane Taubira est née le 2 février 1952 à Cayenne, en Guyane, de mère infirmière et de père épicier. Elle fête ses 70 ans à deux mois de la présidentielle. Titulaire d'un DEA en sciences économiques, d'une licence en sociologie et d'un certificat en ethnologie, elle devient professeure de sciences économiques en 1978 avant de diriger plusieurs instituts d'économie locale en Guyane. Séparée, elle est mère de quatre enfants.
Son parcours politique: après avoir intégré un mouvement indépendantiste en Guyane à la fin des années 70, Christiane Taubira cofonde en 1992 avec son mari le parti Walwari, une formation guyanaise proche du PS. Elle est élue députée en 1993 et siège à l'Assemblée nationale jusqu'en 2012, ralliant le groupe socialiste en 1997. Elle est aussi député européenne de 1994 à 1999 et conseillère régionale de Guyane de 2010 à 2012. Elle est aussi candidate à l'élection présidentielle de 2002 pour le compte du Parti radical de gauche, obtenant 2,38% des voix. Après la victoire de François Hollande à la présidentielle de 2012, Christiane Taubira est nommée garde des Sceaux dans les gouvernements Ayrault et Valls. Elle démissionne en 2016, en désaccord avec le projet de déchéance de la nationalité française. Elle n'a ensuite plus exercé de mandat politique, mais a apporté son soutien à divers candidats de gauche lors de scrutins régionaux ou nationaux.
Nous devons trouver une clé, un chemin, un langage de façon à rassembler les gauches et leurs sensibilités
Ses ambitions présidentielles: en décembre 2021, Christiane Taubira annonce sa candidature, puis se prononce en faveur du principe d'une primaire populaire à gauche, alors que Jean-Luc Mélenchon, Anne Hidalgo et Yannick Jadot, autres candidats désignés, refusent de se ranger derrière le vainqueur. L'ex-ministre de la Justice l'emporte fin janvier, avec la participation d'un peu moins de 400'000 personnes, et appelle immédiatement à l'union des gauches et de leurs sensibilités. Un appel ignoré par ses concurrents qui sonne comme une nouvelle preuve de l'échec d'un possible rassemblement.
Ses points forts: électron libre de la gauche française, incarnant une certaine morale, Christiane Taubira est très appréciée par les femmes de gauche. Femme de consensus et bonne oratrice, elle a subi des attaques racistes durant toute sa carrière, réussissant à les ignorer. Elle a convaincu autant qu'elle a été critiquée lors de son passage au gouvernement, notamment avec l'instauration du mariage pour tous et la réforme du Code pénal. Elle n'a pas hésité à donner son avis, même s'il ne cadrait pas avec celui du gouvernement, devenant une icône pour certains, une femme de parole pour beaucoup et une personnalité trop clivante pour d'autres.
Ses points faibles: ses détracteurs affirment que Christiane Taubira prétend lancer beaucoup de projets et que peu aboutissent, qu'elle est davantage dans l'idéologie que dans le concret. Mais c'est comme pour Anne Hidalgo, ce sont surtout la désunion de la gauche et l'absence de réelle légitimité de la primaire qui vont desservir la candidate. A l'image de cette réponse de Jean-Luc Mélenchon lors de sa victoire:"Elle a enfilé la chaussure qui a été préparée pour elle, je ne suis pas concerné."
Une anecdote: depuis son plus jeune âge, la candidate est une grande lectrice. "C'est vital pour moi", assure-t-elle, avouant n'avoir eu le temps de lire que la nuit durant son passage au gouvernement et avoir continué ensuite, au mépris de ses heures de sommeil. Christiane Taubira avoue avoir un goût éclectique, passant des romans aux essais et à la poésie, des grands penseurs aux militants des droits civiques. Et de la lecture à l'écriture, le pas est vite franchi et la politicienne est à l'origine d'une dizaine d'ouvrages.
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Anne Hidalgo (Parti socialiste)
La candidate appréciée d'un parti qui ne l'est plus
Biographie expresse: Anne Hidalgo est née le 19 juin 1959 à San Fernando, en Espagne, de père ouvrier et de mère couturière qui ont émigré en France en 1962. Titulaire d'une maîtrise en sciences sociales du travail et d'un DEA en droit social, elle est reçue au concours national de l'inspection du travail en 1982, poste qu'elle occupe jusqu'en 2011, quand elle se consacre uniquement à la politique. Mariée à Philippe puis Jean-Marc, elle a trois enfants, deux du premier mariage et un du second.
Son parcours politique: membre du Parti socialiste depuis 1994, Anne Hidalgo travaille dans trois cabinets ministériels du gouvernement Jospin entre 1997 et 2002, notamment celui de Martine Aubry. Lors des municipales de 2001, elle est élue conseillère de Paris et le maire Bertrand Delanoë l'a choisie comme première adjointe. Echouant à se faire élire lors des législatives de 2002 et 2007, Anne Hidalgo est élue à deux reprises conseillère régionale en Île-de-France en 2004 et 2010. Elle prend la succession de Bertrand Delanoë à la mairie de Paris en 2014 et est réélue pour un second mandat en 2020.
Pour notre pays, le rassemblement doit se faire autour d'une force centrale et je suis cette force centrale. Je l'ai prouvé à Paris maintenant depuis longtemps
Ses ambitions présidentielles: après la présidence de François Hollande, le Parti socialiste français a volé en éclats, se retrouvant sans leader à même d'emmener le parti pour la présidentielle de 2017. C'est finalement Benoît Hamon qui a été lancé dans la bataille et son 5e rang avec moins de 7% des voix a exhibé au grand jour le désastre du parti. Peinant à se renouveler, le PS a finalement lancé Anne Hidalgo dans la bataille pour 2022. Mais la campagne de la maire de Paris peine à démarrer et plafonne dans les profondeurs des sondages. Anne Hidalgo affirme toutefois qu'elle "ira jusqu'au bout" de ce combat "pour le peuple de France".
Ses points forts: Pour exister à nouveau, le Parti socialiste doit compter sur des personnalités fortes, connues et appréciées. Et Anne Hidalgo remplit sans doute les trois critères, elle qui dirige la capitale depuis longtemps et dont la démarche est généralement saluée par les Parisiennes et les Parisiens, même si les critiques ne manquent jamais. Mais son plus grand travail est sans doute aussi de mettre en retrait cette image parisienne et Anne Hidalgo a lancé un tour de France pour aller à la rencontre des élus locaux et des populations de province. Elle se fait donc discrète sur les plateaux TV et préfère les rencontres en chair et en os. Pour son premier grand meeting, la candidate a d'ailleurs choisi Perpignan, la plus grande ville de France dirigée par un élu du RN, un "choix symbolique", selon son entourage, car Anne Hidalgo veut s'afficher comme une candidate de combat contre l'extrême droite.
Ses points faibles: La désunion de la gauche et la dispersion des voix vont sans doute coûter cher à Anne Hidalgo, qui n'a reçu que des refus de ses concurrents à sa proposition d'organiser une primaire à gauche, puis qui a refusé de participer à celle-ci quand elle a été organisée. Dans l'impossibilité de s'allier durablement avec l'extrême gauche ou avec les écologistes en vue de lancer un candidat unique, le PS doit relever la tête en ne comptant que sur lui-même. Et notamment sur la jeune garde, car les anciens comme Laurent Fabius ou Jack Lang se font désormais très discrets et d'une aide peu active pour Anne Hidalgo, à l'exception peut-être de Martine Aubry. Même François Hollande n'était pas présent lors de la désignation d'Anne Hidalgo. Quant à Ségolène Royal, elle a carrément demandé à la candidate de se retirer au profit de Yannick Jadot ou Jean-Luc Mélenchon.
Une anecdote: Anne Hidalgo entretient une certaine proximité avec... Nicolas Sarkozy. La maire de Paris et l'ancien président ont appris à se connaître dans les tribunes de PSG, les deux étant fans de football. Et au-delà des schémas tactiques, tous deux avouent s'apprécier humainement. "On a beaucoup de différences politiques mais comme être humain, je l'apprécie. J'aime bien son côté calme et qui résiste", a commenté Nicolas Sarkozy sur une TV française. "C'est quelqu'un, humainement, que j'apprécie", "il a toujours été très très respectueux" et "il est très drôle", répond l'élue de la capitale.
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