"Je m’appelle David, j’ai 38 ans, et j’ai eu plusieurs épisodes psychotiques dans ma vie. Lors de l’un de ces épisodes, pris de peur, je me suis retrouvé à grimper à un grand chêne, dont je ne voulais plus redescendre…"
"Je m’appelle Naama, j’ai 21 ans. Ma première hospitalisation a eu lieu vers mes 16 ans. De nombreux allers-retours entre l’hôpital et chez moi ont suivi..."
Sur les réseaux sociaux, de nombreuses personnes comme David et Naama se filment et racontent leur histoire avec la schizophrénie sous le hastag #PsyStory. Il s’agit de leur contribution dans le cadre de la campagne de prévention des Journées de la schizophrénie, créées par l’association PositiveMinders en Suisse en 2004. Cette forme chronique de psychose touche en Suisse près de 85'000 personnes.
Dans l’écrasante majorité des cas, la maladie commence à se manifester entre 15 et 25 ans. Le diagnostic précoce est donc essentiel. Pourtant, en moyenne, les jeunes sont diagnostiqués 2 à 4 ans après l’apparition des premiers troubles. En cause: la peur de la maladie ou son déni.
Un cas grave de psychose
Qu’est-ce que la schizophrénie? Vincent Bonnarel, médecin psychiatre et chef de clinique du programme de traitement et d’intervention précoce des troubles psychotiques du CHUV (TIPP), a répondu jeudi dans l'émission On en parle de la RTS: "Il s’agit d’une association de troubles composés ensemble de manière variable. Par exemple, des hallucinations auditives et/ou visuelles, et une perte de contact avec la réalité".
Le spécialiste explique qu'on entre dans la schizophrénie, qui est une maladie grave, "par un état de psychose, qui est un trouble psychique. La psychose se manifeste par des hallucinations, des délires et des désorganisations du comportement. Cependant, seuls 15% des patients faisant des psychoses atteignent un état de schizophrénie grave".
Informer pour lever le tabou
Les troubles psychotiques se déclarent dès l’âge de 15 ans, en particulier chez les personnes vulnérables et exposées à des facteurs de stress intenses. Les circonstances de vie sont donc déterminantes: traumatismes précoces durant l’enfance, pression du monde du travail et des études à l’adolescence et l’âge adulte, consommation de drogues ou encore ruptures sentimentales sont autant de facteurs pouvant favoriser l’apparition de ces troubles.
Les symptômes précoces de la psychose se manifestent par une combinaison de divers symptômes: un changement dans les interactions avec les autres, des bizarreries dans le comportement, l’apparition de supposés 'tocs', ou encore le manque de motivation à effectuer des tâches quotidiennes. "Dans le cas où un proche serait atteint de psychose, il ne faut surtout pas s’isoler et consulter des personnes de confiance. Par exemple, le médecin traitant ou le médecin de famille", précise Vincent Bonnarel.
Une maladie qui se guérit
Le médecin rappelle qu’il est tout à fait possible de guérir d’une psychose aigüe. "Un tiers des psychoses aigües sont des épisodes uniques, c’est-à-dire qu’elles ne se reproduiront plus jamais. Le second tiers se reproduit, et le dernier tiers devient chronique". Pour soigner les psychoses de ces deux derniers tiers, on utilise des médicaments anti-psychotiques très efficaces pour les symptômes aigus de la psychose. Les symptômes moins graves se soignent par la psychothérapie et l’accompagnement des proches, pour permettre à la personne de se rétablir.
Sujet radio et propos recueillis par Johanna Commenge
Adaptation web: ms
Les Journées de la Schizophrénie, du 19 au 26 mars 2022. Plus d'informations: https://schizinfo.com/