Pays riche, le Danemark est un gros producteur de CO2. Mais il a tout de même réussi à baisser ses émissions de 40 % en 20 ans, grâce à une politique environnementale ambitieuse. Copenhague avance vers l'objectif qu'elle s'est fixé pour 2025: devenir la première capitale neutre en carbone.
Le projet, lancé il y a 17 ans, a nécessité un investissement de plus de 26 milliards d'euros et repose sur deux piliers majeurs : la mobilité douce et les énergies renouvelables.
Un exemple avec la centrale d’incinération de Copenhill, située dans la zone industrielle de la capitale. Construite en 2017, cette usine à l’architecture futuriste convertit déchets en électricité et chauffage pour les 600'000 habitants de la ville. Il y a quelques décennies, Copenhague se chauffait au fioul. Aujourd’hui, 90% des foyers sont connectés à ce réseau de chauffage produit par la biomasse. L’usine se targue aussi d’être la centrale la plus propre au monde grâce à un projet novateur capable de capter le dioxyde de carbone et les gaz de combustion.
"Au Danemark les questions environnementales font partie de notre éducation dès le plus jeune âge: les déchets doivent être recyclés, réutilisés ou transformés en énergie", détaille Martin Sune Scheibye, directeur presse de Copenhill. "Avec la crise du Covid et la guerre en Ukraine, on voit à quel point l’auto-suffisance énergétique est primordiale", poursuit-il.
Ultra moderne, le bâtiment fait aussi office d’espace de loisir en accueillant une piste de ski végétalisée sur son toit et le mur d’escalade le plus haut du monde.
Ecoquartier
À quelques kilomètres de la centrale, l’écoquartier de Nordhavn s’élève sur l’ancien port industriel. Sa rénovation, démarrée en 2009, doit mener à la création de quelque 40'000 logements à l'horizon 2050.
Le projet est considéré comme le plus grand laboratoire de développement durable d'Europe. Chaque bâtiment contribue à la réduction de l’empreinte carbone du quartier. Relié à la centrale de Copenhill, Nordhavn fonctionne aussi grâce à d’autres énergies vertes comme le solaire ou l’éolienne. D'autres technologies sont privilégiées, comme l’utilisation des eaux de pluie pour le système de climatisation.
Pour Bo Christiansen, architecte spécialisé en développement durable, la réussite du quartier s’explique par une culture du consensus propre aux Danois. "La véritable innovation c’est que les autorités, les promoteurs immobiliers et les habitants du quartier travaillent ensemble pour atteindre la neutralité carbone", explique-t-il. "Je pense que le Danemark a réussi à être un leader grâce à cette hiérarchie horizontale. Nous sommes une petite nation… Si on ne travaille pas ensemble, on ne survit pas", ajoute l’architecte.
Un consensus que l’on retrouve aussi dans la sphère politique. "Nous avons eu de grandes discussions sur la neutralité carbone aux dernières élections parlementaires. Tous les partis se sont alignés pour réduire les émissions de 70% d’ici 2030. Tous les partis, même les partis de droite, travaillent ensemble pour atteindre ce but", témoigne Klaus Mygind, député socialiste à la municipalité de Copenhague.
L’idée séduit aussi économiquement, le Danemark étant pauvre en ressources. L’énergie verte, spécialement l’éolienne, est une manne financière pour le pays qui exporte son électricité en Suède, en Norvège et en Allemagne. Copenhague est en bonne voie pour atteindre la neutralité carbone. En 2022, le Danemark a été reconnu pays "le plus vert au monde" au classement de l’Indice de Performance Environnementale.