Alireza a mis fin à ses jours la semaine dernière après avoir appris qu'il ne pourrait pas rester en Suisse. Le Tribunal administratif fédéral (TAF) considérait que le ressortissant afghan devait retourner en Grèce, un pays jugé sûr, d'où le jeune homme était arrivé en Europe, a expliqué lundi le porte-parole du Centre social protestant de Genève Raphaël Rey.
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Foyer bouclé
Pour éviter tout débordement, le Foyer de l'Etoile à Genève, où résidait le jeune homme, a pris la décision ce lundi matin de bloquer entièrement ses portes jusqu’à 11h30, les jeunes occupants ne pouvant ni sortir ni rentrer de l'établissement. Même les assistants étaient retranchés à l’intérieur.
Les agents de sécurité ont confirmé à la RTS avoir reçu l’ordre de boucler le foyer. L’Hospice général, de son côté, a confirmé avoir voulu prévenir les tensions.
A noter que le foyer genevois de l'Etoile avait déjà été endeuillé, il y a quatre ans, par le suicide d'un de ses résidents.
Un requérant bien intégré
Devant l'établissement, malgré le froid, ils étaient des dizaines d'amis ou de proches d'Alireza à être sortis en matinée pour prier et lui rendre un dernier hommage avec des photos ou des banderoles. Séparés par un grillage, ils ont crié ensemble leur tristesse et leur colère. Sans compter l'injustice qu'ils ressentent. Selon eux, Alireza s'était en effet très bien intégré depuis son arrivée en Suisse.
"Il est resté deux ans en Suisse où il étudiait. Il parlait très bien français. Ses professeurs nous ont dit qu'il ne dérangeait personne", déplore l'un d'eux. "C'est criminel, ce qu'il s'est passé", ajoute un autre.
Une colère dirigée aussi contre la stigmatisation que subissent une grande majorité de jeunes requérants d'asile au quotidien. "C'est comme si on n'a pas de valeur. Mais notre seul crime, c'est qu'on n'a pas de pays parce qu'il y a la guerre chez nous", explique un proche d'Alireza.
Les jeunes identifient clairement la décision de renvoi du Secrétariat d'Etat aux migrations comme l'élément déclencheur. Ils critiquent tous une décision inhumaine, une expulsion vers un pays où il avait subi de graves violences.
Evaluation "au cas par cas"
Par la voix de sa porte-parole Anne Césard, interrogée dans Forum, le Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM) a regretté un cas "tragique", mais "exceptionnel" au vu du nombre de requérants en attente d'un renvoi.
Le SEM prend en compte le risque suicidaire, mais il ne constitue pas nécessairement un obstacle à l'exécution d'un renvoi, "sinon on ne pourrait plus renvoyer qui que ce soit", a ajouté la porte-parole. C'est une évaluation "au cas par cas", qui prend en compte plusieurs éléments, qui détermine la décision du SEM.
Charlotte Frossard/fgn
Trouver de l'aide
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Pour la promotion de la santé mentale dans les cantons latins: santépsy.ch
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Pour les enfants et les personnes adolescentes: ciao.ch
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Pour les 18-25 ans: ontécoute.ch
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Pour la prévention du suicide des jeunes: stopsuicide.ch
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Le Groupe Romand de Prévention du Suicide: preventionsuicide-romandie.ch
...par téléphone:
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