Une pénurie de morphine touche la Suisse

La situation déjà difficile en matière d’approvisionnement en médicaments s’est tendue en Suisse. Considérée comme dernier recours en cas de douleurs insupportables, la morphine figure sur la liste des médicaments touchés par cette pénurie.

Depuis plusieurs semaines, le médicament se fait si rare qu’une boîte peut être ouverte et partagée entre plusieurs patients. Une pratique normalement interdite: pour des motifs liés à la sûreté des produits thérapeutiques, les médicaments ne peuvent en principe être délivrés que dans leur emballage original.

Face aux difficultés d’approvisionnement, la Confédération a décidé d’autoriser pour une durée limitée la délivrance de morphine en quantités fractionnées. Huit autres médicaments, dont des antibiotiques courants, sont aussi concernés.

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S’adapter à la pénurie

À Lausanne, le Centre hospitalier universitaire vaudois tente de s’adapter à la pénurie. Près de 150 médicaments sur les 2500 présents en stock sont manquants. "La situation est extrêmement tendue. Une partie des médicaments que nous obtenons sont pris sur les stocks de réserve obligatoires demandés par la Confédération… On n’est jamais sûrs de ce qui va se passer le lendemain", détaille Pierre Voirol, pharmacien en chef au CHUV.

La pénurie de morphine se fait particulièrement ressentir aux soins palliatifs, où le médicament est indispensable à la qualité de vie des patients. "Les changements dans les concentrations de certains médicaments obligent les soignants à être très attentifs à la préparation des doses… D’autant que la morphine reste un puissant opioïde", explique Sophie Pautex, cheffe de service des soins palliatifs au CHUV. "On doit aussi s’assurer que les patients qui rentrent à domicile aient le droit aux mêmes traitements que ceux dispensés par l’hôpital", ajoute-t-elle.

Plusieurs facteurs

Depuis deux ans environ, l’approvisionnement en opioïdes en Suisse est affecté par des perturbations récurrentes et massives. Selon la Confédération, la situation est notamment due à des problèmes de capacités dans la fabrication de ces médicaments complexes, qui agissent en libérant le principe actif sur une période prolongée (médicaments à action retardée).

Autre problème: la dépendance de la Suisse à la fabrication de ces substances actives, souvent produites en Chine, en Inde et aux États-Unis. Les pénuries de médicaments sont en grande partie liées au fait que leur livraison est touchée par des perturbations.

>> Voir l’interview de la pharmacienne Martine Ruggli Ducrot dans le 19h30:

Sujet TV: Virginie Langerock
Adaptation web: saje