Confiant qu'en 2024 le temps jouera en sa faveur et estimant que les revers de son armée en 2022 appartiennent au passé, Vladimir Poutine a répondu aux questions de la presse et dea citoyens, un exercice traditionnel auquel il avait renoncé l'année dernière.
La grand-messe médiatique était couplée cette fois-ci à la fameuse "ligne directe" lors de laquelle des citoyens peuvent poser leurs questions (triées par le Kremlin) au dirigeant.
Une Russie qui "va de l'avant"
Interrogé sur les assauts menés par l'armée russe depuis la fin de la contre-offensive avortée des Ukrainiens, le président russe a affiché sa satisfaction. L'armée russe "améliore" ses positions sur quasiment toute la ligne de front en Ukraine, a affirmé Vladimir Poutine.
Il a néanmoins admis que l'Ukraine avait réussi à installer une tête de pont sur la rive du Dniepr occupée dans le sud par la Russie. Selon lui, cet effort est toutefois désespéré. "Ils poussent leur gars à l'extermination", a-t-il dit.
Le chef du Kremlin a pour la première fois révélé combien de soldats russes étaient en Ukraine: 617'000, parmi lesquels 244'000 mobilisés. Une force considérable occupant quelque 17 à 18% du territoire ukrainien. Il n'a en revanche pas révélé les pertes de son armée, les Etats-Unis les évaluant à 315'000 militaires blessés ou morts.
Je vous rappelle ce dont nous avons parlé: la dénazification et la démilitarisation de l'Ukraine, son statut de neutralité
Concernant l'Ukraine, il a clairement signifié que ses objectifs étaient inchangés: chasser le pouvoir actuel, qu'il qualifie de "nazi", et détruire les capacités militaires de son voisin pro-occidental pour lui imposer une neutralité. Et ajouté que la solution "sera négociée ou obtenue par la force".
Économie résistante
Vladimir Poutine s'est montré tout aussi confiant concernant l'économie. Du fait de la "forte consolidation de la société russe", son pays dispose d'une "marge de sécurité suffisante", affirme-t-il. La "stabilité du système financier et économique du pays" et de "l'augmentation des capacités militaires" de Moscou seront assurées.
Le président dit s'attendre à une croissance du PIB de 3,5% cette année: "Cela signifie que nous avons rattrapé notre retard et que nous avons fait un grand pas en avant".
Après quelques turbulences, l'économie russe semble pour le moment absorber le choc des sanctions, même si leurs effets à plus long terme peuvent être dévastateurs.
Moscou continue dans l'immédiat de vendre ses hydrocarbures, engrangeant suffisamment de revenus pour financer l'effort de guerre et orienter l'économie sur la production d'armements et de munitions.
Des querelles qui profitent à Poutine
Vladimir Poutine, qui a annoncé la semaine dernière son intention de rester au Kremlin à l'occasion de la présidentielle de mars 2024, affiche ainsi son optimisme. Sur le front, la contre-offensive ukrainienne a échoué cet été et les forces de Moscou ont repris l'initiative, grignotant du terrain depuis plusieurs semaines.
Le président russe peut également se satisfaire de voir les soutiens occidentaux de l'Ukraine se quereller sur la poursuite de leur aide militaire et sur les perspectives d'adhésion de l'Ukraine à l'UE.
Dernière illustration en date, jeudi, le Premier ministre Viktor Orban a affirmé en arrivant au sommet européen de Bruxelles que l'UE n'était "pas en position" d'ouvrir des négociations d'adhésion.
"N'offrez pas une victoire" à Vladimir Poutine, a à cet égard lancé le même jour le président ukrainien Volodymyr Zelensky aux 27 Etats membres de l'Union européenne, soulignant que l'heure n'est pas à "l'hésitation et aux demi-mesures".
Malgré les tentatives de l'Occident de l'isoler, Vladimir Poutine a entamé un retour sur la scène internationale avec de récents voyages aux Emirats arabes unis et en Arabie saoudite, où il a été reçu avec les honneurs, en dépit du mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale à son encontre.
Doléances de citoyens
Selon la télévision russe, plus de deux millions de questions ont été envoyées à Vladimir Poutine pour l'émission de jeudi, couvrant l'Ukraine mais aussi des problèmes de la vie quotidienne. Comme tous les ans, certaines doléances de citoyens sont réglées presque en direct.
Jeudi, des enfants s'étant adressés au président ont obtenu la rénovation d'une salle de sport en Crimée, un territoire ukrainien annexé.
Opposition éradiquée
Ce marathon de questions-réponses est l'occasion pour Vladimir Poutine de faire campagne, une semaine après avoir fait part de son ambition de rester au Kremlin, au moins jusqu'en 2030, l'année de ses 78 ans.
L'opposition a été méthodiquement éradiquée par le Kremlin, si bien que le scrutin de mars 2024 apparaît comme une formalité.
Son principal détracteur, le militant anticorruption emprisonné Alexeï Navalny, est d'ailleurs introuvable depuis plus d'une semaine. Cela pourrait signifier son transfert vers une colonie pénitentiaire aux conditions de détention encore plus rudes, où il devra purger sa peine de 19 ans de prison pour "extrémisme".
afp/doe
La guerre à Gaza est une "catastrophe" incomparable avec l'Ukraine
Le président Vladimir Poutine a qualifié de "catastrophique" la situation dans la bande de Gaza, pilonnée par l'armée israélienne dans le cadre de son offensive contre le Hamas, estimant qu'elle ne pouvait être comparée à celle en Ukraine.
"Ce qui se passe est une catastrophe", a déclaré, lors de sa grande conférence de presse télévisée Vladimir Poutine, dont le pays a lancé en février 2022 un assaut d'ampleur contre l'Ukraine.
"Regardez l'opération militaire spéciale (en Ukraine) et regardez ce qui se passe à Gaza et voyez la différence. Il n'y a rien de tel en Ukraine", a assuré le président russe.
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