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Libération de Polanski: la presse est partagée

Roman Polanski fait la une de tous les journaux de mardi.
Roman Polanski fait la une de tous les journaux de mardi.
Alors que la presse romande a accueilli avec soulagement la décision de libérer Roman Polanski, plusieurs journaux alémaniques s'inquiètent du traitement de faveur réservé au cinéaste. Les médias américains sont eux consternés de voir un "pédophile" remis en liberté sans avoir été jugé.

"Faut-il se réjouir de la libération de Roman Polanski? Oui", écrit Le Matin. "Chez nous, l'affaire est classée et on relève la tête grâce à l'indépendance d'Eveline Widmer-Schlumpf". Et d'ajouter: "Polanski libre, nous voila soudain libérés".

Le Quotidien Jurassien relève qu'Eveline Widmer-Schlumpf "a su s'engouffrer dans la brèche et sortir Polanski et la Suisse avec lui d'un bien mauvais pas". Cette affaire montre que "la Suisse sait préserver son indépendance dans l'application du droit". Cette décision juridique est donc aussi "politiquement heureuse".

Une décision légitime

Selon 24 heures, "la Suisse a accouché d'une décision d'une limpidité et d'une logique remarquable". "La double manifestation d'indépendance - l'arrestation d'abord, la non-extradition ensuite confèrent à cette longue procédure une légitimité bienvenue". "La morale est sauve, et avec elle l'honneur de la Suisse".

Pour Le Temps, la décision de Eveline Widmer-Schlumpf est "courageuse et équitable". La Suisse reconnaît "simplement qu'elle s'est fourvoyée en l'arrêtant dans de telles circonstances", soit sur l'initiative d'un fonctionnaire qui a alerté les Etats-Unis.

Sous le titre "Un vice de forme bien arrangeant", L'Express et L'Impartial relèvent que cette décision "arrange visiblement pas mal de monde". Et, après l'accord UBS avec les Etats-Unis, "ce sursaut d'indépendance met un peu de baume sur une fierté helvétique passablement égratignée".

Seule voix divergente en Suisse romande, la Tribune de Genève estime que cette décision "n'en demeure pas moins insatisfaisante". D'un côté, le journal se demande s'il s'agissait d'une "détention inutile", Roman Polanski ayant finalement été libéré. Pourtant, ajoute-t-il, "il reste toujours une victime. Elle avait 13 ans au moment des faits".

Si le cinéaste n'avait pas été célèbre, jamais il n'aurait été libéré, estime la presse alémanique.
Si le cinéaste n'avait pas été célèbre, jamais il n'aurait été libéré, estime la presse alémanique.

Alémaniques plus sévères

En Suisse alémanique, la Neue Luzerner Zeitung résume le ton dominant en titrant "Tous ne sont pas égaux". "Si le personnage principal de ce drame n'était pas Roman Polanski, mais un acteur inconnu, il serait maintenant devant ses juges américains". La Neue Zurcher Zeitung constate qu'"en définitive, on reconnaît ici que lorsque des intérêts supérieurs sont en jeu, tous ne sont pas toujours égaux devant la loi. Certains le sont plus que d'autres", écrit le journal sur son site internet.

Le Landbote se demande ce qu'il en serait "si Polanski était un prêtre catholique coupable d'avoir commis un abus sexuel il y a 33 ans". Quant au Tages Anzeiger, il parle de "fondements douteux" pour ce jugement.

Le Bund est lui du même avis que l'essentiel de la presse romande, parlant d'une "bonne" décision. Eveline Widmer-Schlumpf a pris une décision juridique et non politique qui pourrait avoir des conséquences réjouissantes. "Toutes les parties impliquées, les autorités suisses autant que les Etats-Unis, sauvent la face". Pour la Südostschweiz, il s'agit d'une décision logique. "Le doute doit profiter à l'accusé".

ats/sbo

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"Un non-sens", selon les médias US

Les médias américains n'ont aucune compréhension pour le refus de la Suisse de livrer Roman Polanski à la justice californienne. La décision du Département fédéral de justice et police est critiquée comme un "un non-sens légal".

Sur sa page internet, le magazine Time titre: "Choc: la Suisse relâche Polanski". Cette décision lui permet d'être quasi certain d'échapper jusqu'à la fin de ses jours à une peine de prison. "Pour Polanski, Cela doit être le jour le plus heureux depuis 1978, lorsqu'il a réussi à quitter le pays avant qu'un juge le condamne pour relation sexuelle avec une mineure de 13 ans", écrit le Los Angeles Times. Une fois de plus, le cinéaste est sauvé par "un non-sens légal".

L'éditorialiste du Washington Post est également mécontent. Il invite les Américains à boycotter les films du cinéaste. "Les Suisses ont décidé que Polanski ne sera jamais puni bien qu'il ait reconnu sa culpabilité", écrit le journal.

La chaîne de télévision CNN a pour sa part placé le cinéaste au premier rang de la "Liste sur laquelle personne ne voudrait figurer", le qualifiant de "pédophile en fuite".

Le New York Times estime lui que l'affaire met en évidence le fossé culturel entre l'Europe et les Etats-Unis. La question est de savoir si Polanski a déjà suffisamment payé pour son crime ou si sa célébrité et son talent masquent la gravité de son forfait.

Pour sa part, le Los Angeles Times a publié des extraits d'un courriel de la victime de Polanski. Samantha Geimer, âgée aujourd'hui de 45 ans, dit y espérer que l'on abandonne maintenant les poursuites judiciaires. "Il est temps que cette affaire soit définitivement classée" affirme-t-elle une nouvelle fois.