Sorties CD: Prince déçoit, Tom Jones épate
Impossible de passer à côté, cette semaine, de la sortie du nouvel album de Prince, d'autant plus que le Kid de Minneapolis a écrit un titre dédié à Lavaux. Mais c'est surtout la sortie de "Praise & Blame" de Tom Jones qu'il faut retenir, tout comme "100 Miles from Memphis", de Sheryl Crow, deux très beaux albums.
Prince est un habitué des sorties originales. Le Kid de Minneapolis, qui estime qu'internet, c'est has been (il est surtout en colère contre iTunes), sort son nouvel opus via la presse. En Suisse, c'est en achetant le Courrier International de vendredi dernier que l'on peut obtenir son CD, gratuitement.
Un album produit, arrangé et composé par Prince. Il joue, aussi, comme toujours, de tous les instruments. Néanmoins, il a engagé quelques musiciens. Le nom de Maceo Parker, entre autres, figure sur la pochette. Tout comme Shelby J, l'une de ses choristes. Quant à savoir comment Prince Roger Nelson, qui est allé jusqu'à fermer son site web, rentre dans ses frais, mystère.
"20Ten" laisse un goût d'inachevé
Si la sortie de "20Ten" est originale, la qualité de l'objet n'est pas tout à fait à la hauteur des hauts faits de Prince ("Sign'o'the Times", "Purple Rain" ou "Musicology"). C'est un peu comme s'il avait voulu sortir un album vite fait sur le gaz en comptant sur son génie musical pour combler un man que de temps pour livrer un CD abouti. Résolument funk, "20Ten" comporte un titre dédié à Lavaux, dont Prince dit être tombé amoureux lors de sa venue au Festival de Jazz de Montreux. Au final, Prince livre là un CD plutôt décevant qui risque bien de ne pas rester dans les mémoires.
Tom Jones revient aux sources
![Tom Jones, ici le 28 juin 2009 à Glastonbury [AFP - Leon Neal]](https://img.rts.ch/articles/2010/image/j2qtjh-27947442.image?mw=1280 "Tom Jones, ici le 28 juin 2009 à Glastonbury [AFP - Leon Neal]")
Tom Jones, c'est l'inoubliable interprète de "It's not unusual", titre immortalisé dans le film "Mars Attacks". Le crooner, qui a connu un regain de succès avec le plus récent "Sex bomb", change de registre avec "Praise & Blame", un album de reprises aux sonorités soul, blues, gospel et rock'n'roll.
L'exercice a été magnifié par Johnny Cash et ses "American recordings". Des albums d'autant plus émouvants que l'homme en noir se savait mourant. Ici, l'album de Tom Jones, qui a 70 ans, n'a peut-être pas la même intensité dramatique. Il n'en reste pas moins que "Praise & Blame" est efficace.
Voix puissante et sex appeal
Le Britannique reprend de sa voix puissante et sexy (nombre de filles étaient littéralement folles de lui du temps de son époque glorieuse) des titres de Bob Dylan ou encore de John Lee Hooker.
Pour ceux qui aiment les titres "chair de poule", il faut retenir l'intro de "Did Trouble Me", "What Good Am I?", "If I Give My Soul", "Nobody's Fault But Mine" et "Ain't No Grave". Pour ceux qui aiment le côté plus rock de l'homme aux 100 millions d'albums vendus à travers le monde, à noter "Lord Help" et "Don't Knock". Avec une mention spéciale pour la reprise "Burning Hell" (John Lee Hooker), un interprétation rock hautement addictive.
Sheryl Crow en soul singer
![Sheryl Crow en concert à Nashville le 9 juin 2010 à l'occasion des CMT Music Awards [AFP - Jason Merritt]](https://img.rts.ch/articles/2010/image/smu5tr-27947418.image?mw=1280 "Sheryl Crow en concert à Nashville le 9 juin 2010 à l'occasion des CMT Music Awards [AFP - Jason Merritt]")
Avec "Our Love Is Fading", titre introductif de "100 miles from Memphis", le ton est donné: le nouvel album de Sheryl Crow donne dans la soul, avec quelques notes folk. Là, façon Jackson 5. Un sentiment confirmé avec le morceau final, "I want you back", des... Jackson 5. Et sa voix ressemble de façon troublante à celle de Michael.
L'Américaine rend hommage aux idoles de sa jeunesse: Otis Redding, Marvin Gaye, Wilson Pickett et Aretha Franklin. Elle reprend avec Justin Timberlake "Sign Your Name" de Terence Trent d'Arby. Notons encore que Keith Richards joue sur "Eye To Eye". Un album synonyme de réussite.
Nathalie Hof
Publié
Les autres albums attendus
Coral, "Butterfly House" (30 juillet)
Limp Bizkit, "Gold Cobra" (été 2010)
Arcade Fire, "The Suburbs" (2 août)
Iron Maiden, "Final Frontier" (13 août)
Ray LaMontagne, "God Willin' & The Creek Don't Rise" (16 août)
Yannick Noah, "Frontières" (23 août)
Phil Selway (le batteur de Radiohead), "Familial" (30 août)
Katy Perry, "Teenage Dream" (27 août)
Grinderman, "Grinderman 2" (10 septembre)
Patrice, "One" (13 septembre)
Linkin Park, "A Thousand Suns" (14 septembre)
Phil Collins, "Going Back" (14 septembre)
Carlos Santana (21 septembre)
Joe Cocker, "Hard Knocks" (4 octobre)
Véronique Sanson, "Plusieurs Lunes" (25 octobre)
Bush, "Everything Always Now" (automne 2010)
Prince s'intéresse au Festival de Jazz de Nice
Prince, en association avec son producteur français Pascal Bernardin, et le patron du label Because Emmanuel de Buretel, qui a publié en 2009 son album "Lotusflow3r", sera candidat à la reprise du Nice Jazz Festival, a déclaré samedi dernier à Nice Pascal Bernardin.
Selon le producteur, les trois hommes se sont mis d'accord le 9 juillet, alors qu'ils s'étaient retrouvés au festival de Werchter en Belgique, pour déposer une candidature commune. Prince avait fait part au producteur de sa volonté de s'occuper de la programmation d'un festival de jazz lors d'une visite qu'il lui avait rendue en avril à Minneapolis. "Quand on est allé à Minneapolis avec mon fils, la première chose qu'il m'a dite, c'est qu'il aimait Montreux et qu'il voulait s'occuper d'un festival de jazz", a raconté Pascal Bernardin à l'AFP.
La ville de Nice a lancé en juin une nouvelle procédure de délégation de service public (DSP) pour son festival de jazz. Le mandat de l'actuel gestionnaire, Drouot Production et Jordan & Earth, s'achève cette année. Les dossiers de candidature doivent être déposés d'ici le 15 septembre en vue d'une décision fin novembre-début décembre.
"Comme Prince a passé pas mal de temps dans la région, c'était assez logique de revenir ici", a dit Pascal Bernardin. Le film "Under The Cherry Moon", réalisé par la star en 1986, avait été tourné à Nice, rappelle-t-il. Les attaches du maître de la pop et du funk avec le jazz sont aussi évidentes, selon le producteur. "Il est très orienté jazz (...) J'ai vu un concert de Prince au Bataclan il y a une vingtaine d'années, où son père, musicien, jouait du trombone (...) Prince, je crois, connaît très bien tous les musiciens de jazz", a-t-il souligné.
Pascal Bernardin, pour sa part, n'est pas inconnu à Nice, pour y avoir, déjà, dirigé pendant trois ans le festival de jazz, avec Luc Gaurichon, au début des années 1990.
Rappelant que toutes les candidatures seraient examinées "avec impartialité", comme il se doit dans le cadre d'une procédure de DSP, le maire de Nice et ministre de l'industrie Christian Estrosi, contacté par l'AFP, a salué samedi une "candidature de qualité". Signe que la "réforme du festival et la montée en gamme" qu'il appelle de ses voeux "suscitent un véritable intérêt".
Le nouveau cahier des charges du festival prévoit de baisser les tarifs d'entrée, d'étoffer le festival "off" et de déplacer le festival des collines de Cimiez au centre ville, ce qui permettra de faire passer la capacité d'accueil de 5000 à 9500 personnes.
afp