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Succession Merz-Leuenberger: les papables

Jaqueline Fehr, Simonetta Sommaruga, Karin Keller-Sutter et Johannes Schneider-Ammann, le quatuor gagnant des spécialistes. [Keystone]
Jaqueline Fehr, Simonetta Sommaruga, Karin Keller-Sutter et Johannes Schneider-Ammann, les quatre grands favoris. - [Keystone]
La course à la succession de Moritz Leuenberger et Hans-Rudolf Merz a franchi un nouveau palier vendredi 3 septembre: les groupes parlementaires socialiste et libéral-radical ont décidé de leur double ticket. Sans surprise, le PS présentera le duo composé de Jacqueline Fehr et Simonetta Sommaruga. Quant au PLR, il mise sur Johann Schneider-Ammann et Karin Keller-Sutter. Les Verts et l'UDC ont aussi des ambitions, mais auront de la peine à faire élire leur candidat respectif.

Simonetta Sommaruga (conseillère aux Etats, PS, BE). Officiellement candidate

Simonetta Sommaruga, la grande favorite pour succéder à Moritz Leuenberger [KEYSTONE - PETER KLAUNZER]
Simonetta Sommaruga, la grande favorite pour succéder à Moritz Leuenberger [KEYSTONE - PETER KLAUNZER]

La Bernoise Simonetta Sommaruga est née en 1960 à Sins (AG). Pianiste de formation, elle a commencé sa carrière en 1981 au Grand Conseil bernois. Elle a été élue au National en 1999, puis aux Etats en 2003, où elle siège toujours. Elle a aussi été membre de l'exécutif de Köniz (BE).

Depuis 2000, elle est présidente de la Fondation pour la protection des consommateurs à Berne, dont elle a été directrice de 1993 à 1999. Elle est également membre de Slow Food suisse, l'association qui milite pour une alimentation "écologiquement responsable et de qualité".

Points forts:

- Elle est une figure respectée et influente, au Parlement en premier lieu.
- Sénatrice, elle devrait bénéficier de la solidarité entre les membres du Conseil des Etats.
- De tendance centriste, elle est appréciée à droite. Son pragmatisme et son sérieux lui valent des soutiens en dehors de son parti.
- Une préoccupation pour la défense des consommateurs.
- Le canton de Berne ne compte plus aucun représentant depuis le départ de Samuel Schmid.
- De récents sondages montrent qu'elle a les faveurs de la population.

Points faibles:

- Un profil "réformiste" qui pourrait lui valoir des inimitiés à gauche.
- Quelques réserves du côté des socialistes romands, où elle est parfois vue comme centriste.

Profil smartvote (daté des élections fédérales de 2007)

Jacqueline Fehr (conseillère nationale, PS, ZH). Officiellement candidate

La Zurichoise siège au National depuis 12 ans. [KEYSTONE - PETER SCHNEIDER]
La Zurichoise siège au National depuis 12 ans. [KEYSTONE - PETER SCHNEIDER]

Née en 1963 à Wallisellen, Jacqueline Fehr a passé 7 ans au Parlement zurichois avant d'être élue au Conseil national en 1998. Elle a été réélue en 1999, 2003 et 2007. Elle a adhéré au Parti socialiste en 1986 et en est aujourd'hui l’une des vice-présidentes.

Elle est totalement dans la ligne de son parti, défendant l’engagement de l'Etat dans certains domaines mais n’ayant pas hésité à militer pour plus de sécurité dans les villes et à faire un compromis avec la droite sur les questions d’assurance maternité. Enseignante de formation, elle a présidé l'Union syndicale suisse de 1992 à 1996.

Points forts:

- Elle est une ténor du parti, dont les compétences, le pragmatisme et la combativité sont unanimement reconnus.
- Dans le domaine des assurances sociales, elle a démontré son sérieux et sa capacité à chercher des compromis.
- On lui reconnaît une grande maîtrise des dossiers dont elle s’occupe.
- Ni trop à gauche, ni trop au centre, elle est dans la parfaite ligne du parti socialiste et sa bonne réputation lui vaut des soutiens hors du parti.
- Elle a peut-être la préférence des socialistes romands.

Points faibles:

- Elle pourrait être un peu moins soutenue par la droite que Simonetta Sommaruga.
- Elle est zurichoise et cela risque d’être sa principale faiblesse. Pas sûr que le Parlement souhaite pérenniser la situation qui voit siéger deux Zurichois au gouvernement (Moritz Leuenberger et Ueli Maurer actuellement ).

Profil smartvote (daté des élections fédérales de 2007)

Johann Schneider-Ammann, (conseiller national, PLR/BE). Officiellement candidat

Johann Schneider-Amman. [peter schneider]
Johann Schneider-Amman, patron d'entreprise et vice-président d'economiesuisse, accède au Conseil fédéral. [peter schneider]

Etabli à Langenthal, le Bernois Johann Schneider-Ammann est l'un des entrepreneurs les plus réputés du pays. Né en 1952, il fait ses premiers pas sous la Coupole fédérale fin 1999. On dit de lui qu'il est un représentant de la vieille école, tant au PLR qu'en tant que président du groupe Ammann, à la tête duquel il dirige plus de 3000 employés.

Au sein du PLR, il fait partie de ceux qui défendent la stratégie de l’argent propre. Ses soutiens politiques disent de lui qu'il est "tourné vers la recherche de majorités et de solutions". Comme un certain Didier Burkhalter l’année dernière…

Points forts:

- Influent chef d’entreprise, il peut compter sur le soutien de la droite économique (vice-président d'économiesuisse, président de Swissmem).
- Bien vu à gauche pour son étiquette de "patron social", pour ses rapports honnêtes avec les travailleurs. Il est même soutenu par la direction du syndicat Unia.
- Il s'est distingué en devenant un défenseur de l'économie réelle face à la sphère financière. Il a notamment été l'un des premiers représentants de l'économie à critiquer les bonus élevés.

Points faibles:

- Son âge (58 ans): il lui est donc difficile d’incarner la nouvelle vague libérale-radicale et de donner un coup de fouet à l'image du parti.
- Une réputation d'absentéisme au Parlement.
- Il est Bernois, comme Simonetta Sommaruga, la favorite socialiste. Si celle-ci est élue avant lui, il y a peu de chances que le Parlement décide d'élire un second Bernois en une seule élection.

Profil smartvote (daté des élections fédérales de 2007)

Karin Keller-Sutter (conseillère d'Etat, PLR /SG). Officiellement candidate

Au chapitre de la succession de Hans-Rudolf Merz, Karin Keller-Sutter est au premier plan.
Au chapitre de la succession de Hans-Rudolf Merz, Karin Keller-Sutter est au premier plan.

Karin Keller-Sutter, 46 ans, a débuté sa carrière politique à Wil (SG), où elle s'est positionnée sur les thèmes de l'asile et de la sécurité. Elle a été députée au Parlement st-gallois de 1996 et 2000. Depuis lors, elle est conseillère d'Etat en charge de la sécurité. Elle est aussi vice-présidente de la conférence des directeurs cantonaux de justice et police.

Interprète de formation, Karin Keller-Sutter maîtrise parfaitement le français. Après des études en sciences-politiques à Londres et à Montréal, la Saint-Galloise a effectué un postgrade en pédagogie à Fribourg.

Points forts:

- Sa rigueur, démontrée dans la politique de sécurité à Saint-Gall (hooligans, abus dans le domaine de l’asile), mais aussi dans son engagement à défendre les femmes victimes de violence.
- A 46 ans, elle peut représenter le renouveau du PLR et devenir une locomotive puissante pour l’image du parti.
- Une notoriété nationale: elle est très présente dans la presse alémanique et, de plus en plus, dans la presse francophone, grâce à sa maîtrise des langues, et notamment du français.
- Le maintien d'un représentant de la Suisse orientale à Berne.

Points faibles:

- Parfois vue comme "Madame rigueur", elle incarne la droite du parti et ses positions sur le renvoi des étrangers pourraient lui faire perdre des voix précieuses à gauche.
- Elle est perçue par certains comme une politicienne "monothématique", c'est-à-dire qu'elle s'est toujours occupée de sécurité durant sa carrière.
- Ne siège pas à Berne (ce qui n’a pas empêché d’autres femmes d’être élues: Eveline Widmer-Schlumpf, Ruth Metzler, Micheline Calmy-Rey, Ruth Dreifuss).

Profil smartvote (daté des élections cantonales de 2008)

Tybalt Félix et Frédéric Boillat

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D'autres noms évoqués

Plusieurs autres noms ont été évoqués, tant au PS qu'au PLR. Certains se sont même lancés dans la course, mais leurs chances étaient moindres face au "quatre grands", selon l'avis des spécialistes.

AU PARTI SOCIALISTE

Figurent sur le ticket: Simonetta Sommaruga (conseillère nationale, BE) et Jacqueline Fehr (conseillère nationale, ZH)

Etaient candidats à la candidature: Eva Herzog (conseillère d'Etat, BS) et Hildegard Fässler (conseillère nationale, SG).

Avaient renoncé: Anita Fetz (conseillère d'Etat, BS), Pascale Bruderer (conseillère nationale, AG), Hans-Jürg Fehr (conseiller national, SH), Patrizia Pesenti (conseillère d’Etat, TI), Urs Hofmann (conseiller d’Etat, SG), Claude Janiak, (conseiller aux Etats, BL).

CHEZ LES LIBÉRAUX-RADICAU
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Figurent sur le ticket: Karin Keller-Sutter (conseillère d'Etat, SG), Johann Schneider-Ammann (conseiller national, BE)

Etaient candidats à la candidature: Ruedi Noser (conseiller national, ZH), Ignazio Cassis (conseiller national, TI), Peter Malama, (conseiller national, BS).

Avaient renoncé: Fulvio Pelli (conseiller national, TI), Ursula Gut, (conseillère d’Etat, ZH), Laura Sadis (conseillère d'Etat, TI), Marina Masoni (ex-conseillère d'Etat, TI), Fabio Abate (conseiller national, TI), Carla Speziali (maire de Locarno, TI), Marianne Dürst, (conseillère d’Etat, GL), Pankraz Freitag, (conseiller aux Etats, GL).

Les Verts et l'UDC se lancent, le PDC renonce

L'UDC et Les Verts ont déjà annoncé qu'ils seraient dans la course au Conseil fédéral, mais leurs chances demeurent assez faibles. Quant au PDC, il a finalement décidé de ne présenter personne de ses rangs, contrairement à la stratégie qu'il avait adoptée lors de la démission de Pascal Couchepin en lançant Urs Schwaller (FR) dans la bataille.

L'UDC

L'UDC a déclaré qu'elle combattrait tout d'abord le siège socialiste, puis, si elle n'obtient pas gain de cause, elle s'attaquerait au fauteuil libéral-radical. Au nom de la concordance, le parti estime être sous-représenté avec un seul conseiller fédéral. Mais les adversaires rétorquent qu'ils ont élu un membre de l'UDC avec Eveline Widmer-Schlumpf...

C'est le conseiller national fribourgeois Jean-François Rime qui tentera de bousculer la donne.

Arithmétiquement, l'élection d'un UDC va être difficile car le soutien des libéraux-radicaux, qui cherchent en premier lieu à maintenir leurs deux ministres, ne devrait pas être possible cette fois-ci. Le PDC ne devrait également lui être d'aucun secours.

LES VERTS

Les Verts se sont lancés dans la course au siège de Hans-Rudolf Merz. Ce n'est pas la première fois qu'ils prétendent entrer au Conseil fédéral. Ce parti est une force électorale montante, tant au niveau suisse qu'au niveau cantonal. Les écologistes arguent aussi que le PLR dispose de deux sièges avec 17% de l'électorat, alors qu'eux n'en ont aucun avec 10%.

Toutefois, entrer au Conseil fédéral va s'avérer pour le moment presque impossible pour eux, car même en comptant sur un éventuel soutien socialiste, Les Verts ne peuvent réunir une majorité suffisante pour le moment. Trouver un quelconque appui au sein des autres grands partis paraît très improbable. Cette fois encore, il semble que cette candidature va en premier lieu servir à renforcer une présence sur la scène politique et répéter le message du parti.

Après avoir annoncé trois candidats à la candidature, les Verts ont officiellement désigné Brigit Wyss, conseillère nationale soleuroise pour défendre leurs couleurs. Ils ont ainsi écarté Geri Müller (AG), qui a été sur le devant de la scène au moment de l'affaire Kadhafi, en tant que membre de la commission de politique extérieure, et Marlies Bänziger (ZH).

LE PDC

Après avoir longtemps hésité, le PDC pris la décision de ne lancer personne dans la bataille et ne récupérera ainsi pas le 22 septembre le siège perdu en 2003 lors de la non-réélection de Ruth Metzler.