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Paul Kagame triomphalement réélu au Rwanda

Le président rwandais Paul Kagame lors d'un meeting
Le président rwandais Paul Kagame a été réélu avec 93% des voix.
Le président rwandais Paul Kagame, au pouvoir depuis le génocide de 1994 et sans véritable opposition, a triomphalement remporté l'élection présidentielle avec 93% des voix et est reconduit à la tête de son pays pour sept ans. En soirée, une grenade a explosé dans la capitale Kigali.

Paul Kagame, président sortant et et net favori du scrutin a rassemblé 4'638'560 votes en sa faveur. Il avait déjà proclamé sa victoire mardi après-midi.

Ses trois challengers, Jean Damascene Ntawukuriryayo du Parti social démocrate (PSD), Prosper Higiro et Alvera Mukabaramba, ont obtenu respectivement 5,15%, 1,37% et 0,4% des suffrages, a annoncé mercredi à la mi-journée la Commission électorale nationale (NEC). Les trois candidats l'avaient soutenu en 2003. Le taux de participation a atteint 97,51%, selon ces "résultats complets" de la NEC portant sur les 30 districts du pays.

Sans rival ni véritable opposition, Paul Kagame, 52 ans, sollicitait un nouveau mandat de sept ans, après une première élection triomphale en 2003 avec 95% des voix. Il dirige le Rwanda depuis qu'il a mis un terme au génocide des Tutsis en juillet 1994, à la tête de la rébellion du Front patriotique rwandais (FPR), devenu le parti qui contrôle encore aujourd'hui tous les échelons de la vie politique.

Second et dernier mandat

Trois partis récemment apparus, dont deux non reconnus par les autorités, étaient de facto exclus du vote et ont dénoncé une "farce électorale". Le scrutin s'est déroulé sans incident notable. Seule voie discordante parmi les 1400 observateurs électoraux accrédités par les autorités et qui ont assisté aux opérations de vote, les représentants du Commonwealth ont regretté "un manque de voix critiques d'opposition".

Dès lundi soir, des dizaines de milliers de partisans du président sortant avaient célébré avec lui au grand stade de Kigali cette "victoire" annoncée. Tout au long d'une campagne impeccablement organisée par le FPR, relayée sur la moindre colline et sur internet, l'hyper-candidat Kagame a mobilisé des centaines de milliers de Rwandais et mis en avant les progrès socio-économiques du Rwanda depuis 16 ans, promettant de "poursuivre la bataille pour le développement, la paix et l'unité du paix".

Cette réélection triomphale alimentera sans doute encore un peu plus les critiques contre le président Kagame, que certains anciens frères d'armes du FPR, aujourd'hui en exil, dénoncent comme un "dictateur" et appellent à "renverser". Elu pour sept ans, Paul Kagame, qui assure "ne pas avoir pour problème immédiat de se trouver un successeur", entame en théorie son second et dernier mandat, selon les termes de la Constitution rwandaise.

afp/dk

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Droits de l'homme: critiques repoussées

Paul Kagame, ex-chef rebelle à la poigne de fer, n'aura eu de cesse durant toute la campagne de rejeter avec mépris les "préjugés" de la presse étrangère et les critiques internationales sur son bilan en matière de liberté d'expression et d'opinion.

Opposants en exil et organisations de défense des droits de l'homme dénoncent régulièrement le caractère répressif et ultra-autoritaire du régime FPR.

Human Rights Watch (HRW) déplore ainsi "la répression persistante des droits civils et politiques" et les "restrictions de la liberté d'expression, susceptible d'affecter la stabilité du pays à long terme".

Ces reproches se sont accrus alors que se multipliaient les signes de tension à l'approche du scrutin présidentiel: vague d'attaques à la grenade à Kigali, fractures au sein de l'élite tutsie anglophone du FPR, "menaces, agressions et actes de harcèlement" contre l'opposition, selon HRW.

Une grenade fait sept blessés

En soirée, une grenade a explosé à l'heure de pointe dans le centre de Kigali. Sept personnes ont été blessées, dont deux enfants. Une enquête a été ouverte.

Entre février et mai, Kigali avait été le théâtre d'une série d'attaques à la grenade, "tentatives de déstabilisation" selon les autorités qui avaient attribué ces attaques à l'opposition en exil.