"Cleveland contre Wall Street" s'inscrit pleinement dans un cinéma helvétique foisonnant, dans la lignée de "Complices" de Frédéric Mermoud ou de "Home" d'Ursula Meier. Ce long-métrage du Vaudois Jean-Stéphane Bron, mi-documentaire et mi-fiction, a reçu un accueil dithyrambique en France, où il est sorti il y a quelques semaines.
Il devrait maintenant remplir les salles romandes. Il faut dire que le sujet, la révolte des petits, pressés comme des citrons, contre les loups de la finance, est actuel et passionné (voir la bande-annonce).
Un procès qui n'a jamais eu lieu
En immersion dans le milieu financier pour préparer un film qui ne sera jamais tourné, Jean-Stéphane Bron tombe sur un article sur Cleveland: la ville porte plainte contre 21 banques pour n'avoir pas su gérer les subprimes et avoir mené des milliers de familles à la ruine. Le cinéaste décide de suivre le procès, mais se rend vite compte qu'il n'aura jamais lieu, à cause du pouvoir de Wall Street et de ses avocats.
Mais le Vaudois ne renonce pas et imagine ce qui aurait pu avoir lieu. Les vrais protagonistes, un juge, des avocats et des témoins, jouent leur rôle comme si tout était réel. Le débat est vif, les parties se rejettent les responsabilités.
Génie helvétique, fiches et traders
Diplômé de l'Ecole d'art de Lausanne, Jean-Stéphane Bron n'en est pas à son coup d'essai avec les pavés dans la mare même si ce n'est que son cinquième film. En 1997, "Connu de nos services" se plongeait dans le scandale des fiches. Et surtout, en 2003, "Mais im Bundeshuus. Le génie helvétique" suivait les membres d'une commission parlementaire chargée d'élaborer une loi sur le génie génétique. Un film qui a amené à Jean-Stéphane Bron une notoriété suisse et internationale.
"Cleveland" devrait lui donner une dimension supplémentaire avec ce vrai-faux procès contre un système, sans parti pris et avec une issue plutôt déroutante.
Le romanesque Lelouch est de retour
Passions romanesques, portraits saisissants, histoires audacieuses avec, toujours, les cicatrices de la guerre, le dernier film de Claude Lelouch est fidèle à ce qui a fait le succès du réalisateur en plus de 40 longs métrages.
"Ces amours-là" sonnent comme un premier bilan de la carrière de Lelouch, maintenant âgé de 73 ans. Le cinéaste a rassemblé des anecdotes, des rêves et des petites histoires vraies qui l'ont fasciné ou bouleversé depuis 50 ans. Pour les réunir, Lelouch a imaginé le personnage d'Ylva, une jeune femme moderne, née durant la guerre mais résolue à aimer la vie à pleines dents (voir la bande-annonce).
Acteurs frais pour sublimer l'amour
"Ces amours-là" brosse le portrait d'une femme qui a placé l'amour au-dessus de toute autre valeur. Elle aime beaucoup, trop, passionnément. Ylva aime deux hommes à la fois, elle s'éprend d'un pianiste, d'un boxeur, d'un bel Allemand ou d'un amour de jeunesse.
Trois ans après une première collaboration dans "Roman de gare", celui qui a dirigé les plus grandes (Anouk Aimée, Michèle Morgan, Annie Girardot, Catherine Deneuve...) a encore donné la vedette à la pétillante Audrey Dana. Plusieurs acteurs méconnus, il fallait des "acteurs frais" pour plus de crédibilité a affirmé Claude Lelouch, complètent la distribution. L'un d'eux est le chanteur Raphaël, qui a abandonné sa caravane pour un intriguant premier rôle au cinéma.
Deux roux à la recherche d'un but
Premier film de Romain Gavras, fils du réalisateur Costa-Gavras, "Notre jour viendra" est une plongée sombre, décourageante et révoltée dans la société d'aujourd'hui. Deux hommes, aussi roux que nihilistes, se lancent dans une quête initiatique où ils rejettent le monde actuel et sa morale préfabriquée.
Dans ce parcours aux portes de l'absurde, sur fond de sexe et de violence, un post-soixante-huitard désenchanté voit sa flamme ravivée par un jeune illuminé. En échange, celui-ci trouve enfin un but à sa vie. Ce tandem est campé par deux amis de Romain Gavras: un sombre Vincent Cassel avec un physique de Van Gogh et Olivier Barthélémy.
Frédéric Boillat
L'agenda cinéma
LES SORTIES DU 15 SEPTEMBRE
"Cleveland contre Wall Street", documentaire de Jean-Stéphane Bron.
"Ces amours-là", de Claude Lelouch. Avec Audrey Dana, Raphaël, Jacky Ido, Laurent Couson, Anouk Aimée, Dominique Pinon.
"Notre jour viendra", de Romain Gavras. Avec Vincent Cassel, Olivier Barthelemy et Justine Lerooy.
"Miral", de Julian Schnabel. Avec Freida Pinto et Willem Dafoe.
"The Town", de Ben Affleck. Avec Ben Affleck, Rebecca Hall, Blake Lively.
"Le dernier exorcisme", de Daniel Stamm. Avec Ashley Bell et Patrick Fabian.
LES SORTIES DU 22 SEPTEMBRE
"Hors la loi", de Rachid Bouchareb. Avec Roschdy Zem et Jamel Debbouze.
"Mange, prie, aime", de Ryan Murphy. Avec Julia Roberts, Javier Bardem.
"Chantrapas", d'Otar Iosseliani. Avec Bulle Ogier et Pierre Etaix.
"Resident evil: afterlife 3D", de Paul W.S.Anderson. Avec Milla Jovovitch et Ali Larsson.
"SIMON WERNER A DISPARU", de Fabrice Gobert. Avec Laurent Delbecque, Jules Pelissier et Ana Girardot.
L'information cinéma de la semaine
L'actrice espagnole Penélope Cruz est enceinte de plus de quatre mois et va ainsi devenir maman pour la première fois, a révélé son agent cette semaine.
Des rumeurs autour de cette grossesse circulaient depuis le début le mois de juillet et le mariage en secret de cette dernière avec l'acteur espagnol Javier Bardem.
Penélope Cruz est en train d'achever le tournage du film de "Pirates des Caraïbes 4".
Le couple avait fait connaissance lors du tournage du film "Jamón, Jamón" de Bigas Luna en 1992, avant de tourner à nouveau ensemble en 2008 dans le film de Woody Allen "Vicky Cristina Barcelona" qui avait valu à l'actrice l'année suivante l'Oscar du second rôle féminin.
Javier Bardem, nommé pour les Oscars en 2001 dans la catégorie meilleur acteur pour le film "Avant la nuit" (2000), avait obtenu une statuette en 2007 pour son rôle dans le film "No country for old men" des frères Coen.
L'acteur espagnol, actuellement à l'affiche de "Eat Pray Love", est attendu au 58e festival international de cinéma de Saint-Sebastian qui commence vendredi, où il présentera son film, hors compétition, en compagnie de Julia Roberts.