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Jacqueline Fehr: "Adhérer à l’UE pourrait renforcer la cohésion de la Suisse"

Les "casseroles" de Jacqueline Fehr révélées dans la presse.
Jacqueline Fehr: "Notre pays va bien. Et cela ne serait certainement pas le cas si nos institutions ne fonctionnaient pas."
Des coûts de la santé à "son" modèle d'armée, l'une des deux candidates socialistes à la succession de Moritz Leuenberger expose ses vues sur les grands thèmes de politique nationale.

Tsrinfo.ch: L'armée suisse traverse une période de turbulences, notamment quant aux moyens qui doivent lui être attribués. Quel modèle de défense nationale préconisez-vous?

Jacqueline Fehr: Je pense que l’on peut se permettre une réduction des effectifs de l’armée. Cela permettrait de disposer d’une petite armée, équipée de haute technologie, bien formée et moins chère. L’accent devrait être mis sur l’appui aux autorités civiles et les engagements en faveur de la promotion de la paix à l’étranger.

- Adhésion, relations bilatérales? Quelle politique européenne de la Suisse défendez-vous?

- Je suis pour l’adhésion, avec des mesures d'accompagnement très fortes pour protéger les acquis sociaux. Dans pratiquement tous les domaines, nous appliquons déjà le droit européen. Autant participer à son élaboration et pouvoir défendre nos intérêts. N’oublions pas que la construction européenne est à la base un projet en faveur de la paix auquel la Suisse doit apporter sa contribution.  Adhérer à l'UE pourrait par ailleurs renforcer la cohésion de la Suisse, ce qui n'est pas sans importance.

- Avec le vote sur l'interdiction des minarets ou le scandale UBS aux Etats-Unis par exemple, la Suisse a été la cible de critiques sur la scène internationale. Comment imaginez-vous pouvoir redorer l'image du pays à l'étranger?

- Pour le volet bancaire, en appliquant une stratégie intelligente de coopération, comme nous l’avions fait il y a 15 ans avec le blanchiment. Plus personne ne reproche sérieusement à la Suisse de favoriser le blanchiment. Plus généralement, par un positionnement clair et sans équivoque qui tienne compte non seulement de nos intérêts mais aussi de ceux des autres.

- Quelle est votre position par rapport au secret bancaire?

En tant que mesure de protection de la sphère privée, le secret bancaire est légitime. Par contre, il est inacceptable d’utiliser le secret bancaire pour dissimuler la fraude fiscale. La nouvelle doctrine des accords de double imposition me convient, car elle abolit la distinction incompréhensible entre fraude et évasion fiscale.

- Trois mesures que vous avancez pour soutenir l'économie et favoriser l'emploi?

1)  Renforcer les efforts d’assainissement énergétique du parc immobilier.

2)  Renforcer les efforts de formation continue (y compris pour le rattrapage des connaissances de base telles que la lecture et l’écriture).

3)  Favoriser l’investissement privé et public dans les nouvelles énergies renouvelables.

- Etes-vous pour l'introduction d'un salaire minimum en Suisse?

- Oui. Il est choquant que des personnes qui travaillent aient besoin du soutien de l’aide sociale, parce que leur salaire est trop bas…

- Etes-vous favorable à une caisse maladie unique? Pourquoi? De manière plus générale, quelles recettes proposez-vous pour contenir les coûts de la santé?

- Une caisse maladie unique avec des primes cantonales devrait favoriser une réduction des coûts. Je suis heureuse de constater que plusieurs cantons explorent cette piste. D’autre part, il faut arriver à faire baisser le prix des médicaments et mettre fin à la défense des intérêts particuliers et aux luttes de pouvoir dans le domaine de la santé.

- Une réforme des institutions ou du fonctionnement de l'Etat qui vous tiendrait à coeur?

- Je me demande si l’on n’exagère pas les prétendus dysfonctionnements des institutions, notamment du Conseil fédéral. Notre pays va bien. Et cela ne serait certainement pas le cas si nos institutions ne fonctionnaient pas. Pour le reste, il est juste de s’interroger sur la composition des différents départements.

- Au cas où l'initiative est lancée et aboutit, seriez-vous favorable à ce qu'il y ait une votation populaire concernant la réintroduction de la peine de mort?

- Non. La Constitution prescrit de ne pas faire voter le peuple sur des initiatives qui ne respectent pas les règles impératives du droit international.

- Quels doivent être les deux principaux axes de la politique environnementale de la Suisse?

- Le passage progressif à un approvisionnement énergétique fondé sur les énergies renouvelables et l’accroissement de l’efficacité énergétique. Une gestion économe du sol, qui préserve les espaces naturels et ceux réservés à l’agriculture.

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