Fulvio Pelli déposera ces prochaines semaines une plainte pénale pour calomnie contre Christian Levrat, si celui-ci ne s'excuse pas. Ce dernier a traité lundi le Tessinois de "menteur" après la répartition des départements au Conseil fédéral.
Fulvio Pelli fulmine
"Je fais de la politique depuis trois décennies, mais je n'ai jamais vécu quelque chose de semblable à ce qui s'est passé ces deux derniers jours", a fulminé Fulvio Pelli mardi devant la presse à Berne. C'est la première fois qu'il saisit la justice, a-t-il précisé, en soulignant que Christian Levrat devra ainsi se justifier.
Le président du PS s'en était pris lundi à Fulvio Pelli, le traitant de "menteur invétéré", en raison des promesses que le Tessinois aurait faites concernant la répartition des départements, et notamment celui dont hériterait la socialiste Simonetta Sommaruga. Fulvio Pelli n'a jamais fait de promesses en tant que telles, a-t-il précisé devant les médias.
"Je n'ai jamais parlé seul à seul avec Christian Levrat lors des deux rencontres que nous avons eues, le 30 août et le 13 septembre, à propos de la succession au Conseil fédéral. Etaient à chaque fois présents au moins les présidentes de groupe", a précisé le président du PLR.
Après que les deux présidents ont analysé la situation, ils sont arrivés à la même conclusion: moins il y aura de changement dans les départements, mieux ce sera pour les deux partis, a indiqué Fulvio Pelli. "Dimanche soir, Christian Levrat m'a cherché et m'a trouvé pour m'informer que Simonetta Sommaruga ne voulait pas du Département fédéral de justice et police. J'en ai informé nos deux conseillers fédéraux", a-t-il précisé devant la presse.
Il attend des excuses de Christian Levrat
Et Fulvio Pelli de rappeler que la compétence de la répartition des départements est du ressort des conseillers fédéraux exclusivement, les partis n'exprimant que des souhaits. C'est désormais l'affaire de la justice. "A moins que le président du PS s'excuse. L'affaire s'arrêtera alors là", a assuré Fulvio Pelli.
Répondant à la question de journalistes qui craignent que la population considère cette passe d'armes comme un jeu de cour d'école, Fulvio Pelli a répondu que "c'est Christian Levrat qui pourrit le climat. J'aimerais bien faire un débat de contenu avec lui, mais il passe son temps à nous attaquer", ajoute encore le Tessinois. Et d'ajouter que c'est son honneur qui est en jeu. Il est indispensable de faire savoir à toute la Suisse ce qui est vrai.
"Je ne peux pas prendre le risque que quelqu'un pense en Suisse que Christian Levrat a dit juste", a-t-il ajouté. En effet, la réaction de la population a été très négative ces derniers jours à son endroit, selon lui. "Je ne peux pas l'admettre alors que c'est l'autre qui ment", a ajouté Fulvio Pelli. Non sans préciser que le début de la fin du respect et de la concordance dans la politique suisse a commencé il y a bien longtemps déjà.
La réponse de Christian Levrat
Le PS et son président déplorent que le président du PLR préfère quitter le terrain du débat politique pour celui de la justice. Selon eux, Fulvio Pelli et le PLR "cherchent avant tout à noyer le poisson". D'après le PS, le PLR veut dissimuler la véritable intention qu'il poursuit avec ses alliés du centre-droit: écarter à tout prix les socialistes des champs d'influence sur les questions d'ordre économique et social en guise de rétorsion à l'action du PS contre les privilèges et les malversations des milieux bancaires.
Les conditions et les objectifs de la présence du PS au gouvernement, voire un éventuel retrait, seront certainement abordés lors du congrès du parti, les 30 et 31 octobre à Lausanne, a dit Christian Levrat. "Le délai de dépôt pour les résolutions n'est pas encore échu. Il n'est pas exclu que des propositions dans ce sens arrivent encore."
Le PS étudie la question de sa présence au gouvernement
"Je ne suis plus en colère, mais soucieux", a déclaré Christian Levrat en marge d'une conférence de presse sur le nouveau programme du parti mardi à Berne. Evoquant la rocade au Conseil fédéral, il a affirmé qu'aux yeux du PS, "il s'agit d'une tentative de rompre avec la formule magique. Il y a une réelle volonté de nous éloigner des questions économiques et sociales."
Le Fribourgeois est d'ailleurs convaincu que la répartition des départements n'est pas que le résultat d'un accord passé entre les partis du centre, mais que des "buts plus vastes" ont été poursuivis. Selon lui, Eveline Widmer-Schlumpf savait très bien qu'en changeant de département, elle perdrait le soutien du PS lors du renouvellement complet du Conseil fédéral en 2011. "Elle doit avoir reçu des garanties ailleurs."
Du pain bénit pour le lobby économique
Quant à l'UDC, ses membres de l'aile économique ont jubilé au moment de l'annonce de la nouvelle répartition, "ce qui parle en faveur d'une entente dans certains cercles de ce parti." "Au final, le remaniement des dicastères aboutit au Conseil fédéral rêvé par economiesuisse", a encore accusé Christian Levrat. Il a ajouté que les réactions des membres du groupe parlementaire socialiste et de la base du parti sont très vives.
Les conditions et les objectifs de la présence du PS au gouvernement, voire un éventuel retrait, seront certainement abordés lors du congrès du PS, les 30 et 31 octobre à Lausanne, a poursuivi Christian Levrat. "Le délai de dépôt pour les résolutions n'est pas encore échu. Il n'est pas exclu que des propositions dans ce sens arrivent encore."
Pour l'instant, la direction du parti n'a pas intégré la question de la présence du PS au gouvernement dans l'ébauche de nouveau programme de parti, qui sera discuté à cette occasion.
ats/jeh/hof
Hans-Rudolf Merz s'en ira le 28 octobre
Après de semaines de mystère, la date officielle du retrait du conseiller fédéral Hans-Rudolf Merz a été révélée. L'Appenzellois remettra officiellement le Département fédéral des finances (DFF) à Eveline Widmer-Schlumpf le jeudi 28 octobre 2010.
La veille, Hans-Rudolf Merz participera donc pour la dernière fois à une séance du Conseil fédéral, a annoncé mardi le DFF.
L'actuelle cheffe du Département de justice et police Eveline Widmer-Schlumpf prendra ses nouvelles fonctions au DFF le 1er novembre. Elle sera quant à elle remplacée par la nouvelle élue Simonetta Sommaruga.
La date du départ de Hans-Rudolf Merz fait l'objet de spéculations depuis l'annonce de sa démission le 6 août. "Hans-Rudolf Merz voulait déterminer le moment du passage de témoin avec sa ou son successeur", a précisé un porte-parole, interrogé sur le flou entretenu.
Moritz Leuenberger, qui sera remplacé par Doris Leuthard au Département des transports, tirera quant à lui sa révérence le dimanche 31 octobre. Initialement, il avait prévu de partir à la fin de l'année.