Une série de mesures pour rendre la route plus sûre
Le nombre de morts et de blessés sur les routes de Suisse doit être réduit d'environ un quart. Le Conseil fédéral a transmis mercredi au Parlement le programme Via sicura, qui vise à renforcer la sécurité routière. Il propose d'interdire totalement l'alcool pour certains usagers et veut serrer la vis aux chauffards.
Le nombre des personnes tuées dans un accident de la route a baissé de quelque 40 % au cours de la dernière décennie pour s'établir à près de 350 tués l'an dernier. A ces victimes se sont ajoutées cependant près de 4700 personnes grièvement blessées, soit plus d'un douzaine par jour.
Le niveau de sécurité atteint est aujourd'hui comparable à celui de la Scandinavie - mais ce n'est pas une raison pour y stagner. Depuis 2005, année d'introduction de la limite de l'alcoolémie à 0,5 pour mille, le nombre des personnes tuées a diminué de quelque 15%, selon Moritz Leuenberger.
Le conseiller fédéral a toutefois souligné que la mesure, à l'époque, comme la plupart des mesures touchant les automobilistes, s'était heurtée à de fortes résistances. Or, aujourd'hui, il est démontré qu'elles ont été efficaces et qu'elles étaient donc justifiées. Les nouvelles mesures proposées, elles aussi, vont inévitablement susciter des oppositions et des mécontentements. Tour d'horizon des 23 mesures proposées.
Consommation d'alcool: le gouvernement propose que les nouveaux conducteurs et les chauffeurs de camion ou de bus n'aient pas le droit de consommer de l'alcool.
Les personnes dont le permis aura été retiré pour conduite en état d'ébriété ne pourront conduire que des véhicules munis d'un éthylomètre anti-démarrage durant les cinq années suivantes.
Les personnes qui auront perdu leur permis pour avoir conduit sous l'emprise de l'alcool ou de stupéfiants et en cas de retrait de permis de plus de six mois devront suivre un cours de formation supplémentaire. Le détenteur du véhicule sera tenu de payer l'amende.
Excès de vitesse: le Conseil fédéral prévoit des mesures répressives en cas de délits graves. Les chauffards se verront par exemple confisquer leur véhicule. Les conducteurs coupables d'excès de vitesse conduiront uniquement des véhicules munis d'un enregistreur de données.
Personnes "âgées": les automobilistes, à partir de 50 ans, devront se soumettre à un contrôle de la vue tous les dix ans et, à partir de 70 ans, à des examens médicaux tous les deux ans . Les personnes de plus de 70 ans ne pourront plus conduire des véhicules de plus de huit places assises.
Phares: la plus visible des mesures proposée est l'allumage diurne des phares, en usage depuis des décennies en Scandinavie.
Radars: l'interdiction de fournir dans un but commercial des avertissement sur la présence de radars est prévue. Les GPS et autres services d'avertissement par textos devraient donc être proscrits. Mais les appels de phare et signes de la main resteront autorisés -...parce qu'il n'est pas possible de les interdire, selon le chef du DETEC.
Cyclistes: l'âge minimal pour conduire sur la route sera en principe de sept ans et le casque sera obligatoire jusqu'à quatorze ans. Le casque sera également obligatoires pour les conducteurs de vélos électriques.
Camions: les méga-camions de plus de 60 tonnes et 25,25 mètres pourraient être interdits en Suisse. Le Conseil fédéral demande au Parlement d'ancrer l'interdiction des "gigaliners" dans la loi pour des raisons de sécurité.
Plusieurs parlements cantonaux, les commissions des transports des Chambres ainsi que de nombreuses organisations s'opposent déjà à l'arrivée de ces véhicules de plus de 60 tonnes. Le poids maximal autorisé est actuellement de 40 tonnes.
Plusieurs mesures biffées
A ces 23 mesures transmises au Parlement s'ajoutent treize autres qui seront réglées par voie d'ordonnance. En février, le Conseil fédéral avait renoncé à toute source de financement supplémentaire pour Via sicura.
Il avait aussi biffé les mesures qui avaient été le plus controversées en consultation, comme l'introduction d'un jour de formation obligatoire tous les dix ans pour tous, la création de tribunaux de la circulation routière, la baisse de l'alcoolémie pour les conducteurs de véhicules de livraison.
Les statistiques de la route doivent servir à mieux exploiter les données sur les accidents et éliminer les endroits dangereux.
ats/ap/sbo
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Réactions globalement favorables
Le programme Via sicura est globalement bien accepté par les milieux concernés.
Le Bureau de prévention des accidents (bpa) estime que Via sicura va dans la bonne direction, même s'il déplore l'absence de moyens de financement, a dit son porte-parole Rolf Moning.
Le Touring Club suisse (TCS), s'il accepte la plupart des propositions, reste fermement opposés à plusieurs d'entre elles, notamment à l'obligation pour les automobilistes (plutôt que la recommandation) d'allumer les phares de jour.
PRO VELO, qui salue la volonté d'augmenter la sécurité routière, émet une réticence concernant le port du casque pour les cyclistes jusqu'à 14 ans. En Suisse, 70% des jeunes de cette catégorie d'âge portent déjà un casque, selon l'association.
L'Association transports et environnement (ATE) espère que le Parlement trouvera des moyens financiers pour prendre davantage de mesures en faveur des usagers les plus vulnérables, soit les cyclistes et les piétons.
Roadcross, la fondation de défense des victimes de la route, se réjouit particulièrement des mesures concernant l'alcool au volant, qu'elle appelait de ses voeux. En particulier celle qui prévoit que les personnes dont le permis aura été retiré pour conduite en état d'ébriété ne pourront conduire que des véhicules munis d'un éthylomètre anti-démarrage.