"En concertation avec les autorités fédérales, Genève ordonne la modification de l'affiche afin de la mettre en conformité avec les exigences légales", indique le Conseil d'Etat dans un communiqué. L'auteur de l'affiche a été dénoncé simultanément au Ministère public de la confédération et au Parquet genevois, précise l'exécutif.
L'affiche incriminée, qui n'est pas encore placardée sur les murs du canton, reproduit les bulletins quotidiens des arrestations de la police genevoise, avec le slogan "la vérité qu'on vous cache". En bas à droite de l'affiche, figure une photo du chef de l'Etat libyen avec la mention "il veut détruire la Suisse".
Le Mouvement Citoyens Genevois (MCG) milite pour "l'expulsion des criminels". Cette mention du colonel Kadhafi est constitutive d'une violation de l'article 296 du code pénal qui réprime l'outrage aux Etats étrangers, souligne le Conseil d'Etat.
"Sans rapport avec le sujet de la votation du 28 novembre, cette attaque porte atteinte aux intérêts supérieurs de la Suisse, de notre canton et de ses ressortissants étrangers", relève encore le gouvernement.
Eric Stauffer s'entête
Le président du MCG Eric Stauffer persiste et signe en invoquant la liberté d'expression. "Tant que je ne reçois pas de décision de justice, je ne bougerai pas d'un iota", a-t-il annoncé. Il prévient déjà que le cas échéant, il fera recours et demandera l'effet suspensif pour pouvoir placarder ses affiches telles quelles.
Le MCG a fait imprimer 450 affiches et 15'000 flyers. "Je n'ai d'ordre à recevoir ni du gouvernement, ni du Conseil fédéral", affirme Eric Stauffer. Et de surenchérir: "Je n'ai pas à plier pour des soi-disant intérêts supérieurs de la nation face à un dictateur et à un terroriste."
Le MCG avait proposé en juin dans une motion qu'Hannibal Kadhafi soit déclaré persona non grata à Genève. Cette proposition avait alors été balayée à huis clos.
ats/jeh
Une relation assez tendue avec la Libye
Cette affiche "complique inutilement les efforts de restauration du climat de confiance entre les deux Etats (Suisse-Libye ndlr)", justifie le Conseil d'Etat.
Le litige entre la Suisse et la Libye doit être tranché par un tribunal arbitral.
Les deux juges désignés doivent encore nommer un président.
Ces trois magistrats devront alors se pencher sur les conditions de l'arrestation d'Hannibal Kadhafi en 2008 à Genève.
Un précédent signé UDC
Il y a tout juste un an, l'UDC genevoise s'était elle aussi fait taper sur les doigt pour une affiche s'attaquant aux travailleurs frontaliers.
Ces derniers y étaient qualifiés de "racaille d'Annemasse" ou encore de "criminels étrangers"
Le maire d'Annemasse avait porté plainte contre la section cantonale de l'UDC dans la foulée.