Médecin cantonal de Neuchâtel entre 1987 et 2007, Daphné Berner a provoqué le décès d’une jeune femme paralysée qui avait exprimé sa volonté de mourir. Or la loi n’autorise pas l’assistance active au suicide.
La femme, aujourd’hui bénévole active d’Exit, devra donc être jugée pour son acte, a communiqué le tribunal. Le procès aura lieu mardi. Pour avoir accompli le geste que la malade prisonnière de son corps ne pouvait plus faire, l’ex-médecin cantonal risque jusqu’à 3 ans de prison.
Avec l’aide d’Exit
Les faits se sont déroulés en 2009. Au mois de septembre, Daphné Berner était au chevet de la jeune personne qui était atteinte d’une maladie dégénérative paralysante incurable la vouant à une mort par asphyxie.
Pour s’éviter cette souffrance, explique Daphé Berner à la TSR, la femme avait choisi de mettre fin à ses jours avec l’aide d’Exit. Mais le moment venu, complètement paralysée à l’exception d’un pied, la malade n’a pas pu actionner elle-même le goutte à goutte contenant la substance létale.
Daphné Berner a alors proposé à la jeune femme la chose suivante: "quand vous bougerez votre pied, c’est comme si vous ouvriez la molette et c’est moi qui l’ouvrirai". Et de préciser: "Elle avait l’air très soulagée de ma proposition et c’est ce que nous avons fait. Elle a réussi à dire: maintenant, elle a bougé son pied et j’ai ouvert la manette. Voilà."
Daphné Berner estime avoir fait ce que chacun aurait fait dans pareilles circonstances. "J’aurais dû lui dire pauvre personne, vous nous avez appelés trop tard. Nous ne pouvons plus rien pour vous?", s’interroge la femme médecin.
Nouveau débat en perspective
En Suisse, la loi tolère l’assistance indirecte au suicide, pas l’assistance active. Au tribunal de décider mardi prochain si cela doit changer ou non.
Ce procès devrait relancer le débat sur l’euthanasie active alors que le législateur fédéral cherche à réformer les normes pénales relatives à l’assistance au suicide.
bri avec Claudio Personeni
Vingt ans au service de l'Etat
Daphné Berner a passé 20 années au service de l’Etat, dont 15 en qualité de médecin cantonal au Service de la santé publique.
La doctoresse est partie en retraite fin octobre 2007.
Après des études de médecine à Genève et quelques années de pratique à Neuchâtel et à Corcelles, la femme médecin a effectué des études de droit à l’Université de Neuchâtel, où elle a obtenu une licence en droit en mars 1987.
Elle était entrée à l’Etat de Neuchâtel en qualité de médecin cantonal adjoint à temps partiel quelques mois plus tard.