Etats-Unis: la menace terroriste était bien réelle

Les colis piégés découverts vendredi au Royaume-Uni et à Dubaï étaient opérationnels et auraient pu exploser, ont indiqué samedi les autorités des deux pays. Barack Obama s'est dit quant à lui déterminé à "détruire" Al-Qaïda au Yémen, qui serait à l'origine de ces tentatives d'attentats.

"Notre enquête préliminaire est achevée. Je peux confirmer que l'engin était opérationnel et aurait pu exploser", a indiqué la ministre de l'Intérieur Theresa May samedi à l'issue d'une réunion du comité d'urgence britannique.

Selon la ministre, la cible de l'attaque "pourrait avoir été un avion", qui se serait crashé au sol si l'engin avait été activé. Plus tôt dans la journée, le chef de la police de Dubaï a fait des déclarations similaires, précisant qu'un "acte terroriste aurait pu avoir lieu".

Dans la nuit de jeudi à vendredi, un colis suspect a été retrouvé dans un avion cargo de la compagnie United Parcel Services (UPS) à East Midlands dans le centre de l'Angleterre et un autre à Dubaï, dans un entrepôt de la compagnie FedEx.

Explosifs sophistiqués

La police de Dubaï a annoncé que la bombe, interceptée à l'aéroport de l'émirat en provenance du Yémen, contenait un système de mise à feu "portant l'empreinte d'organisations terroristes comme Al-Qaïda". Le colis comprenait une imprimante d'ordinateur dont la cartouche d'encre contenait la penthrite (PETN) ainsi que du plomb, un produit hautement explosif, selon la police.

Les autorités de Dubaï ont été informées par "des pays occidentaux" qu'un colis suspect avait quitté le Yémen pour Dubaï. Le colis a été transporté à bord d'un avion de la Qatar Airways reliant la capitale yéménite Sanaa à Dubaï, via Doha, a rapporté samedi l'agence WAM citant l'Autorité générale de l'aviation civile.

Le paquet intercepté en Grande-Bretagne comprenait également une imprimante dont la cartouche semble avoir été modifiée pour dissimuler l'explosif, selon la chaîne ABC qui cite des responsables américains.

Dans un communiqué, Scotland Yard a précisé samedi que le vol qui a atterri à l'aéroport d'East Midlands Airport avait embarqué le paquet "dans un conteneur à Cologne, en Allemagne, à partir d'un autre vol en provenance du Yémen".

Une "menace crédible"

Barack Obama s'est félicité de l'étroite collaboration entre les Etats-Unis et la Grande-Bretagne pour déjouer cette tentative d'attentat, lors d'un entretien samedi avec le Premier ministre David Cameron, a indiqué la Maison Blanche.

Le président américain a indiqué vendredi que les colis étaient adressés "à des lieux de culte juifs, à Chicago", son fief électoral, où il devait passer la nuit de samedi à dimanche, dans le cadre d'une ultime tournée avant les législatives de mardi. "Je veux tenir les Américains au courant d'une menace terroriste crédible sur notre pays", a déclaré le président.

Le président américain a choisi d'informer immédiatement ses compatriotes sur la nature de la menace. [REUTERS - Jason Reed]

Par mesure de sécurité, deux avions se trouvant aux aéroports de Philadelphie et de Newark, l'un des aéroports desservant New York, ont été passés au crible vendredi matin - en vain. Vendredi, un avion de ligne de la compagnie Emirates en provenance de Dubaï et à destination de New York a été escorté, "par mesure de précaution", par des chasseurs canadiens puis par des F-15 américains avant d'atterrir à l'aéroport JFK de New York.

26 colis et une suspecte

Le fait que les paquets aient été expédiés du Yémen oriente les soupçons vers la branche d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique, qui a déjà tenté de s'en prendre aux Etats-Unis, en particulier lors d'un attentat raté à l'explosif contre un avion de ligne à Noël 2009 mené par un jeune Nigérian.

"Nous continuons de renforcer notre coopération avec le gouvernement yéménite afin de déjouer de nouveaux attentats et de détruire la branche d'Al-Qaïda", dans la péninsule arabique, a encore promis Barack Obama.

Au Yémen, les autorités ont par ailleurs saisi samedi 26 autres colis suspects et interpellé des employés des compagnies de transport aérien et de la division cargo de l'aéroport de Sanaa, selon une source proche de l'enquête.

Les forces de sécurité ont également arrêté samedi soir une femme soupçonnée d'être impliquée dans l'envoi des colis. La suspecte a été appréhendée dans une maison de Sanaa, où elle se cachait. Les enquêteurs ont remonté sa piste grâce au numéro de téléphone qu'elle a communiqué à une société de transports.

afp/ap/sbo

Publié le 30 octobre 2010 à 08:50 Modifié le 31 octobre 2010 à 09:41

FedEX et UPS suspendent leurs livraisons

Les entreprises de livraison américaines FedEx et UPS ont annoncé vendredi qu'elles suspendaient leurs livraisons en provenance du Yémen après la découverte de colis suspects provenant de ce pays à Dubaï et en Angleterre.

De l'avis des experts, la décision de FedEx et de UPS ne devrait guère affecter les deux compagnies, mais devrait se traduire par un renforcement des mesures de sécurité et de contrôles des colis dans la région.

"Je ne pense pas du tout que cela va avoir un impact global sur les opérations, mais, à l'évidence, cela va affecter les envois en provenance du Yémen et du Moyen-Orient en général", a estimé Doug Caldwell, chef du cabinet d'études sur le fret Parcel Research.

Selon lui, les deux entreprises américaines vont devoir vraisemblablement concentrer leurs efforts sur les précautions prises en amont par leurs clients habituels sur leurs envois de colis et sur le contrôle et la vérification de leurs clients occasionnels et de leurs colis.

UPS achemine et distribue plus de 10 millions de colis par jour, selon ses propres chiffres. Ces transporteurs ont souvent suspendu leurs livraisons à certains pays, comme l'Iran, le Sierra Leone et le Soudan pour FedEx. A la bourse de New York, l'action FedEx a perdu plus de 1% et celle d'UPS de près de 0,5%.

La menace d'Al-Qaïda au Yémen

Al-Qaïda au Yémen est une source d'inquiétude aux Etats-Unis depuis l'attentat raté à l'explosif contre un avion de ligne le jour de Noël 2009, mené par un Nigérian qui avait caché de la penthrite dans son slip.

Dix ans après l'attentat - revendiqué par Al-Qaïda - contre le navire américain USS Cole qui avait tué 17 Américains le 12 octobre 2000 dans le port yéménite d'Aden, le réseau continue de prospérer dans le pays, multipliant les attentats contre les intérêts économiques et les cibles étrangères.

Samedi, un porte-parole officiel a déclaré que "le Yémen continuerait de déployer ses efforts dans le domaine de la lutte contre le terrorisme en collaboration avec la communauté internationale".

Mais la tâche du président Ali Abdallah Saleh n'est pas aisée car il doit à la fois ménager des tribus dont le soutien est essentiel à sa survie politique et satisfaire son allié américain.

Lundi, le ministre yéménite des Affaires étrangères Abou Bakr al-Kourbi avait assuré que le réseau disposait de "centaines" de combattants au Yémen, dont certains forment des cellules dormantes.