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Julian Assange compte demander l'asile en Suisse

Julian Assange [Frank Mentha]
Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, a indiqué qu'il consacrait 70% du budget de sa fondation pour assurer la sécurité de son équipe. - [Frank Mentha]
Julian Assange, le responsable de Wikileaks, révèle dans une interview exclusive à la TSR qu'il envisage de demander l'asile politique en Suisse. "C'est une possibilité que nous envisageons sérieusement", déclare-t-il, estimant que la Suisse est un des très rares pays où WikiLeaks serait en sécurité.

"Le but d'une fondation de ce type serait de poursuivre nos activités mais à partir de la Suisse", explique Julian Assange. Le responsable du site explique qu'il examine personnellement une demande d'asile politique en Suisse (visionner la vidéo ci-contre).

"La demande a été rejetée en Suède et on reste en suspens", déclare-t-il. WikiLeaks a publié près de 500'000 documents secrets, notamment sur des bavures de l'armée américaine en Irak et en Afghanistan. Depuis lors, affirme son responsable, son équipe est menacée et utilise 70% de son budget pour assurer sa sécurité.

L'Australien a par ailleurs indiqué qu'il n'y avait que trois pays dans lesquels sa fondation pourrait travailler en toute sécurité, à savoir l'Islande, la Suisse et Cuba.

Invité au Club suisse de la presse

Julian Assange a donné une conférence de presse au Club suisse de la presse à Genève sur les Etats-Unis et les droits humains. [Martial Trezzini]
Julian Assange a donné une conférence de presse au Club suisse de la presse à Genève sur les Etats-Unis et les droits humains. [Martial Trezzini]

Plus tôt dans la journée, face à une affluence record d'une centaine de journalistes massés au Club suisse de la presse, le responsable de WikiLeaks a dénoncé à Genève le refus des Etats-Unis d'enquêter sur les allégations de tortures en Irak et en Afghanistan révélées par son site.

Il a critiqué les pressions américaines pour le faire taire. "Si les Etats-Unis veulent être un pays crédible pour la défense des droits de l'homme, ils doivent mener des enquêtes sur les violations présumées de ces droits", a-t-il déclaré.

"Au lieu d'enquêter sur ces abus, les autorités américaines ont adopté une attitude agressive à l'égard de mon organisation en la menaçant publiquement et en cherchant à la détruire", a ajouté le fondateur de WikiLeaks. "Les Etats-Unis sont en train de perdre leur réputation en matière de liberté d'expression et de droits de l'homme", a averti Julian Assange, à Genève à l'occasion de l'examen vendredi du rapport des Etats-Unis par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU.

"C'est le moment pour les Etats-Unis de s'ouvrir plutôt que d'étouffer l'affaire", a dit Julian Assange. "Les lois adoptées par les Etats-Unis ne valent rien si elles ne sont pas appliquées. Or, des éléments du gouvernement américain ont violé ces lois", a affirmé l'Australien de 39 ans, entouré de gardes du corps.

Encore beaucoup de choses à publier

Son site a publié il y a six mois 90'000 documents américains sur la guerre en Afghanistan et il y a deux semaines 400'000 documents sur la guerre en Irak révélant des cas de tortures et d'assassinats de civils par les forces américaines.

Interrogé par la TSR, Julian Assange a indiqué jeudi soir "qu'il reste encore beaucoup de choses à publier". Wikileaks possède encore quelque "15'000 documents sur l'Afghanistan", ainsi que "des informations sur la Russie" et des pays européens.

Le militant a souligné qu'à la différence des Etats-Unis, d'autres pays, comme la Grande-Bretagne et le Danemark, ont annoncé leur intention d'enquêter à la suite des révélations faites par WikiLeaks. "Il est dans l'intérêt des Etats-Unis de mener des enquêtes", a-t-il insisté. Il a relevé qu'un grand nombre d'organisations des droits de l'homme, comme Human Rights Watch et Amnesty International, partagent son avis.

Il a espéré qu'à l'occasion de leur examen par le Conseil, les Etats-Unis auront l'occasion de montrer leur volonté de redresser leur image. Les abus dénoncés en Irak sur la période de janvier 2004 à décembre 2009 ne datent pas tous de l'administration de George W.Bush, a expliqué Julian Assange. "L'administration Obama a aussi violé la loi en transférant des prisonniers à des groupes connus pour pratiquer la torture", a-t-il affirmé.

Interrogé sur les résultats des élections de mardi, Julian Assange s'attend à un tour de vis supplémentaire. Selon lui, les républicains auraient l'intention de faire passer une loi selon laquelle la publication des documents tels que ceux de WikiLeaks constitue une forme d'espionnage.

ats/hof, avec Darius Rochebin

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Un homme pourchassé

La présence de Julian Assange à Genève, à l'invitation de l'Institut international pour la paix, la justice et les droits de l'homme (IIPJHR), une ONG fondée il y a un an et dirigée par Mehdi Ben Hamida, a fait l'objet de mesures de sécurité renforcées.

La police genevoise a contrôlé les accès du Club suisse de la presse. L'hôtel où il descend est gardé secret. Le militant doit encore intervenir vendredi à l'ONU.

L'homme, pourchassé par les services secrets, a affirmé que la situation a été "très difficile" pour lui ces trois derniers mois. Il a décrit toute une série d'incidents et de pressions destinés à le faire taire, à surveiller et étrangler financièrement WikiLeaks.

Les deux tiers des donateurs sont des individus qui paient en ligne par carte de crédit. Mais, une semaine après les révélations sur l'Afghanistan en avril, la collecte a été suspendue par l'agence de crédit. Depuis, un système alternatif a pu être mis en place en Islande.

Le site a fait également l'objet de plusieurs attaques informatiques.