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Mobilisation contre la pauvreté en Suisse

Plusieurs cantons offrent des allocations complémentaires pour les familles menacées par la pauvreté. [Martin Ruetschi]
L'utilisation des prestations complémentaires pour lutter contre la pauvreté sera étudiée. - [Martin Ruetschi]
Afin de renforcer la lutte contre la pauvreté en Suisse, tous les acteurs concernés ont participé à une conférence nationale mardi à Berne, en présence du conseiller fédéral Didier Burkhalter.

Confédération, cantons, et communes ont
adopté une déclaration commune. Les engagements pris pour combattre la pauvreté
portent essentiellement sur deux axes: l'insertion sur le marché du travail et
les prestations complémentaires pour les familles.

Les trois échelons politiques travaillent
également avec les organisations non gouvernementales (ONG) actives dans ce
domaine. Les signataires de la déclaration sont la Confédération, la Conférence des
directeurs cantonaux des affaires sociales (CDAS), l'Initiative des villes: Politique
sociale et l'Association des communes suisses.

Collaboration renforcée

En matière d'intégration dans le monde du
travail, il s'agira de renforcer la collaboration interinstitutionnelle (CII)
entre les assurances chômage et invalidité, ainsi qu'entre l'aide sociale et la
formation professionnelle. Des organes seront mis en place pour donner force
obligatoire à cette collaboration.

Les mesures prises dans ce cadre doivent
être davantage centrées sur l'intérêt des personnes, stipule la déclaration. En
clair, il faut que ceux qui sont touchés ou menacés par la pauvreté obtiennent
un meilleur soutien, afin qu'ils puissent augmenter leurs chances de réintégrer
le marché du travail.

Pour soutenir les familles, dont le revenu
ne suffit souvent pas à couvrir les besoins de base, les autorités signataires
misent principalement sur des prestations financières spécifiques. Plusieurs
cantons ont d'ailleurs déjà mis en place leur propre modèle de prestations
complémentaires pour familles (PCFam).

Solution au plan fédéral

La CDAS vise une solution à long
terme sur le plan fédéral. Dans ce but et pour soutenir les efforts des
cantons, elle a adopté en juin des recommandations concernant la mise en place
de PCFam à l'échelon cantonal. Didier Burkhalter s'est engagé mardi à retenir
l'idée d'une législation cadre au niveau fédéral.

De leur côté, les communes entendent
collaborer plus étroitement au niveau local entre elles, ainsi qu'avec les
milieux économiques et la société civile. Les signataires de la déclaration
s'engagent à dresser tous les deux ans un bilan des mesures de lutte contre la
pauvreté.

Vingt ONG, dont quelques-unes ont pris part
à la conférence, demandaient qu'une instance soit créée pour assurer le suivi
et l'évaluation de la mise en oeuvre de la stratégie globale.

Intégration et formation

Dans son discours d'ouverture, le ministre
des affaires sociales Didier Burkhalter a insisté sur l'importance de
l'intégration et de la formation. "Les principaux besoins des personnes
souffrant de pauvreté sont d'obtenir à nouveau des perspectives, d'être mieux intégrées
dans une société qui avance vite et aussi d'obtenir davantage de
reconnaissance", a dit le ministre. Dans ce but, le Conseil fédéral a adopté en
mars sa stratégie nationale de lutte contre la pauvreté.

Pour Didier Burkhalter, la conférence de
mardi marquait "un jour important pour la cohésion sociale de notre pays
car nous posons ici la première pierre d'un effort collectif et concerté de
lutte contre la pauvreté".

Maints acteurs ont relevé que cette
conférence est le premier pas d'une action à long terme. Alors que la pauvreté
a fortement diminué chez les personnes âgées grâce à l'AVS et aux prestations
complémentaires, de nouvelles catégories de la population sont touchées, a
relevé M. Burkhalter.

Il s'agit des familles monoparentales, des
familles de trois enfants et plus, des travailleurs pauvres ("working
poor") et des chômeurs de longue durée ou en fin de droit.

Tout au long de la manifestation de mardi,
des personnes touchées par la pauvreté ont aussi eu l'occasion de s'exprimer
devant les quelque 170 participants. La conférence s'inscrivait dans le cadre
de l'Année européenne de lutte contre la pauvreté et l'exclusion.

Les ONG au front

La réunion de mardi a aussi offert aux ONG l'opportunité de présenter leurs propositions. Vingt d'entre elles ont demandé qu'une instance soit créée pour assurer le suivi et l'évaluation de la mise en oeuvre de la stratégie globale.

Dans le cadre de l'Année européenne de lutte contre la pauvreté, Caritas et la Conférence suisse des institutions sociales (CSIAS) avaient déjà présenté des revendications. Les deux organisations exigeaient notamment des mesures pour réduire de moitié la pauvreté en Suisse.

ats/cab

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Le Valais s'empare de la problématique

Alors que la pauvreté est au centre de l'attention, le canton du Valais a annoncé mardi qu'un projet de révision de la loi sur l'intégration et l'aide sociale est à l'étude.

Le Grand Conseil en débattra l'an prochain de ce projet qui vise à venir davantage en aide
aux personnes dans le besoin.

"Cette révision arrive au bon moment", a déclaré mardi lors d'une conférence de presse à Sierre le chef du service cantonal de l'action sociale Simon Darioli.

L'entrée en vigueur des nouvelles dispositions sur l'assurance chômage l'an prochain feront grimper les coûts de l'aide sociale de 4 à 6 millions de francs.

Le canton estime qu'avec la nouvelle loi sur l'assurance chômage entre 500 et 600 personnes se retrouveront du jour au lendemain en fin de droit dans le canton.

Un certain nombre tombera à l'assurance sociale. Une amélioration des prestations complémentaires et une réflexion sur leur financement est adéquat.

Etre pauvre en Suisse

Selon les critères de l’Office fédéral de la statistique (OFS), les travailleurs considérés comme pauvres sont des personnes âgées de 20 à 59 ans qui ont une activité lucrative à plein temps mais vivent en-dessous du seuil de pauvreté ("working poors").

En Suisse, le seuil statistique de la pauvreté est fixé à un revenu de 2200 francs par mois pour une personne seule et de 3800 francs pour une famille monoparentale avec deux enfants de moins de 16 ans. Pour les couples avec deux enfants, ce seuil est fixé à 4000 francs.

Selon les chiffres de 2007, près de 150'000 personnes entrent dans cette catégorie, soit 4,4% de la population active.

L’œuvre d’entraide Caritas tire un bilan bien plus alarmant: un habitant sur dix vivrait en fait en-dessous du seuil de pauvreté, surtout les jeunes sans formation et les familles nombreuses.