Faire d'un pneu le héros d'un road movie aux contours horrifiques, il fallait y penser. Il faut surtout disposer d'un bon sens de l'absurde, ce dont Quentin Dupieux peut se targuer non sans être pourvu d'une audace certaine.
C'est l'histoire d'un pneu...
Celui qu'on appelle aussi "Mr Oizo" aux platines s'est mis en quête de réaliser "Rubber", un pneu qui se réveille dans le désert et se met à tuer humains et animaux par une simple volonté exécutée grâce à son don de télépathe. Des spectateurs armés de jumelles sui vent ses péripéties, et le verront "tomber en amour" d'une fort jolie jeune fille (Roxane Mesquida).
A propos d'audace, il faut savoir que Dupieux a pris pour caméra un réflexe numérique et que la photographie est d'une qualité époustouflante, joli pied de nez à l'industrie cinématographique. Car "Rubber" est d'abord un défi lancé par le Français. Un défi sur la forme et sur le fond, pour montrer qu'on peut faire d'excellents films avec deux bouts de ficelle (budget de 500'000 francs).
Quentin Dupieux ("Steak") réussit son pari: il donne une leçon de cinéma en prenant un malin plaisir à détourner, avec humour, les codes hollywoodiens, dans un film tourné à deux pas de Los Angeles, au milieu du désert californien.
"Draquila, l’Italie tremble", de Sabina Guzzanti
Cinq ans après son très remarqué "Viva Zapatero!", Sabina Guzzanti revient avec un nouveau pamphlet contre Silvio Berlusconi. Avec "Draquila, l’Italie tremble", la réalisatrice satirique nous emmène cette fois-ci sur les ruines de L’Aquila, cette ville des Abruzzes ravagée par un séisme en avril 2009.
Selon elle, le président du Conseil a exploité la catastrophe pour redorer son image, notamment en promettant de réaliser le "miracle" de reloger les sinistrés dans les six mois. Une promesse qu'il n'a qu'en partie tenue. Tandis que le Cavaliere fait construire des cités dortoirs, L'Aquila devient une ville fantôme dont les accès sont barrés par l'armée. Comme s'il y avait quelque chose à cacher.
La propagande médiatique de Berlusconi
Alors Sabina Guzzanti creuse et finit par mettre au jour les mécanismes qui se cachent derrière la propagande médiatique. Une Protection civile érigée en véritable Etat parallèle, disposant des pleins pouvoirs pour construire ce qu'elle veut, où elle veut, pour octroyer des fonds publics au Vatican ou encore organiser les Mondiaux de natation.
Qu'importe, les habitants relogés sont contents. Ils remercient "Silvio" pour leurs appartements flambant neufs, et pour les bouteilles de "Spumante" qu'il leur a laissées dans le frigo. Pendant ce temps, la colère monte chez les laissés pour compte.
Catherine Deneuve est une potiche. Ou pas
Catherine Deneuve, Gérard Depardieu, Fabice Lucchini, Karine Viard, Judith Godrèche ou encore Jérémie Renier... Un casting de haut vol pour le dernier film de François Ozon, "Potiche".
Nous sommes en 1977, dans une famille bourgeoise où le père, Robert Pujol, campé par Lucchini, dirige une entreprise de parapluies, et où sa femme, Suzanne Pujol, interprétée par Catherine Deneuve, est réduite à régner sur son électroménager. Jusqu'au jour où...
Jusqu'au jour où son mari se retrouve à l'hôpital. Suzanne prend alors les rênes de la boîte et se révèle bien moins potiche que ne le pensait Robert...
L'adaptation d'une pièce de théâtre
Remarqué pour "Swimming Pool" ou encore "8 femmes", François Ozon adapte cette fois une pièce de Barillet et Grédy. La critique a salué "Potiche", certains jugeant ce film comme étant le meilleur du réalisateur jusqu'à présent.
Une comédie qui donne l'occasion au cinéaste français de passer en revue quelques préjugés dont sont victimes les femmes, hier comme aujourd'hui. Et de montrer que les femmes peuvent être diablement plus efficaces que les hommes en matière de leadership! A noter encore qu'Elodie Frégé, gagnante de la Star Ac' en 2003, incarne Catherine Deneuve jeune dans ce film.
Patrick Suhner, Sébastien Bourquin, Nathalie Hof
L'agenda cinéma
LES SORTIES DU 10 NOVEMBRE
"Date limite", de Todd Phillips. Avec Juliette Lewis, Robert Downey Jr.
"Potiche", de François Ozon. Avec Catherine Deneuve, Gérard Depardieu, Fabrice Luchini
"Rubber", de Quentin Dupieux. Avec Roxane Mesquida, Thomas F.Duffy
"Saw VII 3D", de Kévin Greutert. Avec Tobin Bell, Betsy Russell
"Unstoppable", de Tony Scott. Avec Denzel Washington, Chris Pine
"Wildnis Schweiz", de Roger Mäder. Documentaire
LES SORTIES DU 17 NOVEMBRE
"Red", de Robert Schwentke. Avec Bruce Willis, Morgan Freeman
"Les 4 saisons du petit train rouge", de Claude Schauli. Documentaire sur
les Chemins de fer du Jura
"Jackass 3D", de Jeff Tremaine. Avec Bam Margera, Johnny Knoxville
"Mother and child", de Rodrigo Garcia. Avec Naomi Watts, Annette Bening
Six documentaires suisses à Montréal
Le cinéma suisse se présente en force aux 13es Rencontres internationales du documentaire (RIDM) de Montréal, qui ont lieu du 10 au 21 novembre.
Six documentaires dont des oeuvres de réalisateurs comme Richard Dindo ou Christian Frei, sont en lice.
Les cinéastes Jean-Stéphane Bron, Vadim Jendreyko, Kaleo La Belle et Nicolas Wadimoff feront le voyage à Montréal pour présenter personnellement leurs films, a indiqué mardi SWISS FILMS.
Dans la catégorie "Caméra au poing" figurent les films "Aisheen Still Alive In Gaza" de Nicolas Wadimoff et "Cleveland contre Wall Street" de Jean-Stéphane Bron.
"La femme aux 5 éléphants" de Vadim Jendreyko est à voir dans la section "Caméra stylo". "Beyond This Place" de Kaleo La Belle sera présenté dans la série DocTape.
Les deux films consacrés au rêve de la conquête de l'espace, "Space Tourists" de Christian Frei et "The Marsdreamers" de Richard Dindo, se trouvent dans le programme "ÉcoCaméra".
Plus de cent films en provenance du monde entier sont au programme des RIDM de Montréal. Le festival, créé en 1998, a déjà primé plusieurs Suisses. En 2008, "La Forteresse" de Fernand Melgar avait remporté le Grand Prix du festival.