C'est toujours un bonheur que de (re)découvrir le travail de Norah Jones. Alors quand son dernier album compte au générique des célébrités aussi diverses que Ray Charles, les Foo Fighters, Willie Nelson ou Outkast, on est d'autant plus intrigué par le contenu de l'emballage.
Norah Jones, 40 millions de copies vendues en quatre albums, publie "...Featuring", soit une série de 18 collaborations - pour certaines déjà largement diffusées - couvrant l'ensemble de sa déjà longue carrière, de sa rencontre en 2001 avec le guitariste américain Charlie Hunter à celle plus récente avec les Ecossais de Belle and Sebastian. Jazz, blues, country, reggae, rap: le résultat est à la fois éclectique et cohérent, en tout point fidèle au répertoire de la chanteuse, même si celle-ci s'aventure par moment sur des terres inexplorées.
La country lui va si bien
Premières amours de Norah Jones, le blues et le jazz servent de fil rouge à "...Featuring". La preuve avec le titre d'ouverture, "Love Me", reprise sensuelle d'Elvis par les Littles Willies, groupe avec lequel elle a sorti un album en 2006. Plus tard, ce sont des pontes du genre - Herbie Hancock, Ray Charles, Willie Nelson - qui prêtent leur talent pour autant de titres à l'exquise lenteur - son duo avec Ray Charles sur "Here We Go Again" lui a d'ailleurs valu deux Grammys en 2004.
Mais Norah Jones s'épanouit également dans la country, un genre qui lui va si bien, aux côtés de Sasha Dobson ou de Dolly Parton, avec laquelle elle interprète l'entraînant "Creepin' in", déjà présent sur l'album "Feels Like Home". Elle surprend sur des rythmes reggae - le très beau "Turn Them" avec Sean Bones - ou bossa nova (Foo Fighters), s'essaie aux rythmes hip hop (Q-Tip, Talib Kweli) ou au rock tripé avec l'inclassable "The Best Part" (featuring El Madmo). Une seule déception, un duo qui ne prend pas, celui avec Outkast sur "Take Off Your Cool". A voir: les vidéos dans lesquelles Norah Jones revient sur ces collaborations.
La nouvelle vague de Nouvelle Vague
Autre compilation suscitant la curiosité, celle de Nouvelle Vague, duo français devenu célèbre dès 2004 pour ses reprises bossa nova de quelques classiques des années 70-80, de Joy Divison à Plastic Bertrand en passant par Bauhaus. Intérêt et pour cause: Marc Collin et Olivier Libaux ont réuni cette fois-ci Coeur de pirate, Vanessa Paradis, Julien Doré, Olivia Ruiz, Cocoon ou encore Charlie Winston. Du beau linge!
Pour ce "Couleurs sur Paris", les deux compères se sont focalisés sur la new wave française. L'occasion de découvrir sous un autre jour Kas Product, Jad Wio ou...notre Suisse Stephan Eicher.
De belles réussites et quelques ratés
L'album s'ouvre sur une excellente prestation de Coeur de pirate, dont le "Voilà les anges" transfigure l'original de Gamine. On aime également l'émotion de Julien Doré sur "Anne cherchait l'amour" (Elli et Jacno), la fausse candeur de Yelle sur "Ophélie" (Jad Wio), la sensualité de Soko sur "Sandy Sandy" (Dogs), l'espagnol d'Olivia Ruiz sur "Mala Vida" (Mano Negra) ou le folk de Cocoon sur "Two People In A Room" (Stephan Eicher).
Mais il y a aussi de vrais échecs: Helena Noguerra et Louis-Ronan Choisy massacrent "L'aventurier" d'Indochine en se la jouant "BB-Gainsbourg", ou Charlie Winston sur "So Young But So Cold" (Kas Product). Un Charlie Winston qui, déjà décevant sur le dernier album de Wax Tailor, n'est décidément pas très inspiré quand il s'agit d'interpréter des chansons qui ne sont pas les siennes. Quant à Vanessa Paradis, en "Week-end à Rome" (Etienne Daho), elle se montre fidèle à elle-même - sans plus.
Izul en mode rock'n'roll sixties
Sorti tout droit du Val Terbi, dans le Jura, Izul roule sa bosse depuis plus de 15 ans déjà. Une longévité rare qui a été saluée en 2008 par le succès du 4e album des Jurassiens, "Gameboy", deux titres largement diffusés - "Hello" et "I Wonder" - et plus de 2000 albums vendus. Pas de quoi assurer sa retraite, certes, mais un bel exploit local.
Cette réussite a convaincu le quatuor jurassien de poursuivre sur la même voie pop rock teintée de sixties avec "Radiomagic". Avec toutefois un rythme plus rock'n'roll qui le rapproche encore des années 60 - l'orgue Hammond est plus présent que jamais -, à l'image du nerveux "Dandy Stand". Quelque part entre la nostalgie des Hives et le "punk pop" de Green Day, Olivier Charmillot et ses trois compères ont trouvé leur place.
Patrick Suhner
Les autres albums attendus
Grégoire, "Crème soleil" (15 novembre)
Take That, "Progress" (19 novembre)
Westlife, "Gracity" (19 novembre)
Kayne West, "Beautiful Dark Twisted Fantasy" (22 novembre)
Annie Lennox, "A Christmas Cornucopia" (22 novembre)
Black Eyed Peas, "Beginning" (29 novembre)
Duffy, "Endlessly" (29 novembre)
Salvatore Adamo, "De toi à moi" (29 novembre)
Garou, "Version intégrale" (29 novembre)
Cesaria Evora, "Cesaria & ..." (29 novembre)
Mylène Farmer, "Bleu Noir" (6 décembre)
Michael Jackson, "Michael" (10 décembre)
Mademoiselle K, "Jouer dehors" (17 janvier)
Hubert-Félix Thiéfaine (nouvel album en février)
Keren Ann, "101" (28 février)
Lady Gaga, "Born This Way" (avril 2011)
Coldplay, "Album 2011" (date inconnue)
Les adieux de Scorpion à la Suisse
Il avait marqué l'histoire avec sa ballade "Wind of Change", sortie en 1990 et qui a symbolisé l'optimisme régnant après la chute du mur de Berlin. Mercredi, le groupe de rock allemand Scorpions a tourné la page et donné son dernier concert en Suisse.
Le chanteur Klaus Meine, le guitarriste Rudolf Schenker et leurs comparses ont proposé aux 10'000 spectateurs du Hallenstadion de Zurich un spectacle à l'aspect nostalgique, sans artifices techniques. Le groupe a su convaincre son public avec ses ballades, mais aussi avec quelques morceaux plus musclés.
Klaus Meine a remercié le public suisse pour son soutien durant toutes ces années, mais sans nostalgie excessive. Seules les images vidéo diffusées durant "Wind of Change" ont célébré l'histoire du groupe de Hanovre.
Les Scorpions ont également dédié un de leurs titres les plus célèbres, "Send me an Angel" au chanteur du groupe suisse Gotthard, Steve Lee, décédé en octobre dans un accident de la route. Gotthard avait assuré la première partie des rockers allemands lors d'une de leurs tournées.
Le groupe a annoncé en janvier vouloir mettre fin à une carrière de plus de quarante ans. Sa tournée d'adieu, qui l'a déjà conduit en mai dernier à Longirod (VD), doit durer deux à trois ans. Klaus Meine et Rudolf Schenker sont tous les deux âgés de 61 ans.