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Benoît XVI admet le préservatif "dans certains cas"

"Se polariser sur le préservatif signifie une banalisation du sexe", explique Benoît XVI. [Ettore Ferrari]
"Se polariser sur le préservatif signifie une banalisation du sexe", explique Benoît XVI. - [Ettore Ferrari]
Pour la première fois, un pape, Benoît XVI, admet l'utilisation du préservatif "dans certains cas", "pour réduire les risques de contamination" avec le virus VIH du sida, dans un livre d'entretiens à paraître mardi.

A la question: "l'Eglise catholique n'est pas fondamentalement contre l'utilisation de préservatifs?", le souverain pontife répond, selon la version originale allemande dont dispose l'AFP: "dans certains cas, quand l'intention est de réduire le risque de contamination, cela peut quand même être un premier pas pour ouvrir la voie à une sexualité plus humaine, vécue autrement".

"Premier pas vers une moralisation"

Pour illustrer son propos, dans ce nouvel ouvrage d'entretiens avec un journaliste allemand qui aborde une multitude de sujets (pédophilie, célibat des prêtres, relation à l'Islam, ordination des femmes...), le pape donne un seul exemple, celui d'un "homme prostitué", considérant que "cela peut être un premier pas vers une moralisation, un début de responsabilité permettant de prendre à nouveau conscience que tout n'est pas permis et que l'on ne peut pas faire tout ce que l'on veut".

Même s'il ouvre une brèche, Benoît XVI rappelle que, pour le Vatican, le préservatif "n'est pas la façon à proprement parler de venir à bout du mal de l'infection du VIH". "Se polariser sur le préservatif signifie une banalisation du sexe et c'est exactement le danger que beaucoup de gens considèrent le sexe non plus comme une expression de leur amour, mais comme une sorte de drogue, qu'ils s'administrent eux-mêmes", ajoute-t-il.

Concernant les affaires de pédophilie mettant en cause des prêtres, Benoît XVI, 83 ans, reconnaît que "l'ampleur" du scandale était pour lui un "choc inouï". Cependant, une démission de sa part n'est pas à l'ordre du jour. "Il ne faut pas fuir quand le danger est grand. Par conséquent, ce n'est certainement pas le moment de démissionner", dit-il.

Dialoguer avec l’islam

Avec l'islam, il prône un dialogue "sincère". "Il est important que nous restions intensément en contact avec toutes les forces musulmanes ouvertes au dialogue pour que des changements puissent se produire, là où l'islam lie vérité et violence", dit-il.

Revenant sur son discours de Ratisbonne, dans lequel une citation d'un empereur byzantin sur le rôle de la violence dans cette religion déclencha une polémique dans le monde musulman, en septembre 2006, il explique avoir voulu faire un discours académique et ne pas avoir prévu qu'il soit lu comme un discours politique.

Le pape évoque également le danger d'un schisme de l'Eglise et l'éventualité d'un Concile Vatican III, une idée qu'il repousse pour l'instant. Vatican II, organisé de 1962 à 1965, avait ouvert l'Eglise catholique au monde moderne.

L'ouvrage est le fruit de 20 heures d'interviews réalisées entre le 26 et le 31 juillet dans la résidence de vacances pontificale de Castel Gandolfo avec le journaliste allemand Peter Seewald. "Lumière du monde" sera lancé à 50’00 exemplaires dans la version italienne et 70’000 dans la version allemande. Il doit être traduit en 18 langues.

Incompréhension face à l'interdiction de la burqa

Le pape a également exprimé son incompréhension face à l'interdiction du voile intégral (burqa). A la question: "En France, le parlement a interdit le port de la burqa. Les chrétiens peuvent-ils s'en réjouir?", le souverain pontife répond: "en ce qui concerne la burqa, je ne vois pas de raison à une interdiction générale".

Et d'expliquer: "on dit que certaines femmes ne portent pas du tout volontairement la burqa et c'est à proprement parler un viol de la femme. On peut bien sûr ne pas être d’accord avec cela". "Mais si elles veulent la porter volontairement, je ne sais pas pourquoi on doit le leur interdire", ajoute-t-il.

afp/bkel

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Décision contrastant avec l'intransigeance passée

Jusqu'ici, le Vatican, opposé à toute forme de contraception autre que l'abstinence, réprouvait l'usage du préservatif, même pour prévenir la transmission de maladies sexuellement transmissibles ou du sida.

En mars 2009, le pape Benoît XVI avait soulevé une immense polémique lorsque, dans l'avion qui l'amenait au Cameroun et en Angola, il avait déclaré que l'utilisation du préservatif "aggravait" le problème du sida, pandémie dévastatrice en Afrique.

Benoît XVI défend Pie XII

Le pape Pie XII a été "l'un des grands justes, qui a sauvé des juifs plus que personne", déclare Benoît XVI "Lumière du monde". "Il a fait tout ce qu'il a pu pour sauver des gens", estime le pape.

Benoît XVI cite notamment le fait que Mgr Pacelli a écrit en 1938 à tous les évêques du monde pour qu'ils interviennent en faveur de l'octroi de visas à tous les juifs qui voulaient quitter l'Allemagne.

"Naturellement, on peut toujours demander: 'Pourquoi n'a-t-il pas protesté avec plus de vigueur?' Je crois qu'il a vu quelles conséquences aurait pu avoir une protestation publique", ajoute le souverain pontife. "Il a personnellement souffert énormément, nous le savons. Il savait qu'il devait parler et pourtant la situation le lui interdisait", écrit le pape.

Le 19 décembre 2009, Benoît XVI a signé un décret reconnaissant les "vertus héroïques" de Pie XII, le proclamant "vénérable", dernière étape avant la béatification, suscitant de nombreuses protestations des communautés juives dans le monde.

Pie XII est accusé, notamment par plusieurs responsables de la communauté juive, d'avoir gardé le silence alors que plus d'un millier de juifs de Rome étaient déportés, raflés le 16 octobre 1943 dans le ghetto situé à quelques encablures du Vatican, de l'autre côté du Tibre. Peu d'entre eux ont survécu aux camps de la mort.

L'Eglise catholique a toujours fait valoir que Pie XII, pape de 1939 à 1958, avait contribué au sauvetage de juifs en les faisant cacher dans des institutions religieuses.