"Toutes les institutions concernées par l'organisation des élections sont prêtes", a déclaré René Préval, qui tentait de rassurer les électeurs. Des centaines de personnes étaient encore réunies samedi devant le commissariat de Pétion-ville, à la veille du vote dans une ultime tentative pour obtenir la "carte nationale d'identité" qui va leur permettre de voter.
Le quotidien "Le Nouvelliste" disait samedi espérer que l'élection permettra d'entamer "l'après 12 janvier", date du séisme. "Un changement de personnel, un renouvellement des ambitions, une envie de faire autrement. C'est tout ce que nous souhaitons pour commencer", est-il écrit.
Une tache immense pour le nouveau président
La tâche qui attend le nouveau chef de l'Etat est immense. Plus de 250'000 personnes sont mortes lors du séisme et un million d'Haïtiens ont été privés de toit. Depuis la mi-octobre, le pays est touché par une épidémie de choléra qui a tué 1648 personnes, selon le dernier bilan des autorités. Pour aider à faire face, Fidel Castro a annoncé samedi l'envoi en Haïti de 300 médecins et professionnels de santé cubains en renfort.
La campagne électorale s'est achevée officiellement vendredi avec les derniers meetings de candidats. Sur le terrain et dans les sondages, le candidat du pouvoir sortant Jude Célestin, l'ex-Première dame Mirlande Manigat et la star de la chanson Michel Martelly semblent les mieux placés pour accéder au second tour.
A Carrefour, dans la banlieue de Port-au-Prince, Mirlande Manigat s'est adressée à des milliers de partisans. "Etes-vous prêts à défendre votre vote ? Si on vous vole ce vote, je veux voir le même rassemblement", a-t-elle dit, calme mais déterminée après avoir dénoncé dans la journée des fraudes en préparation.
Un candidat pris dans une fusillade
La campagne a de nouveau été entachée vendredi par des violences. Selon son équipe de campagne, Michel Martelly a été visés par une fusillade qui a fait un mort et plusieurs blessés dans les rues des Cayes, dans le sud du pays. L'équipe de Michel Martelly a pointé la responsabilité des militants du parti Inite, de Jude Célestin, dans l'incident. Joint par l'AFP, Jean-François Vezina, le porte-parole de la police de l'ONU a confirmé l'incident sans pouvoir préciser s'il y avait effectivement eu des victimes.
Deux personnes avaient déjà été tuées et plusieurs autres blessées par balles lundi soir dans le sud-ouest lors d'affrontements entre des partisans de Jude Célestin et ceux de Charles-Henri Baker. Michel Martelly et Mirlande Manigat ont réitéré vendredi leurs craintes que des fraudes n'entachent le scrutin.
Le président du conseil électoral chargé de l'organisation du scrutin, Gaillot Dorsinvil, leur a répondu que "le vote de chaque électeur" serait "compté". Dans une page de publicité publiée dans la presse haïtienne samedi, Edmond Mulet, le chef de la mission de l'ONU en Haïti (Minustah), assure que "tous les votes déposés dans les urnes seront comptabilisés et respectés".
Quatre millions d'électeurs aux urnes
Dimanche, 4'714'112 électeurs sont appelés à voter, dans les 11'181 bureaux de vote qui seront ouverts de 06H00 à 16H00. La mobilisation dépendra beaucoup de la crainte qu'inspire le choléra, même si les autorités ont insisté sur le fait qu'il n'y avait pas de risque d'être contaminé en allant voter.