"Que ce soit clair, de telles révélations font courir des risques à nos diplomates, aux membres de la communauté du renseignement, et aux gens du monde entier qui font appel aux Etats-Unis pour les aider à promouvoir la démocratie et un gouvernement transparent", a affirmé le porte-parole du président Barack Obama, Robert Gibbs.
Condamnation également du côté du Pentagone, qui a dénoncé le fait que des documents avaient été "illégalement obtenus" par WikiLeaks, et affirmé avoir pris des mesures pour éviter que cela ne se reproduise.
Publiés dans quatre titres
Il s'agit "d'un quart de million de câbles diplomatiques américains confidentiels", écrit le New York Times, auquel Wikileaks a donné accès aux documents, comme à quatre titres de référence de la presse mondiale: Le Monde (France), The Guardian (Grande-Bretagne), El Pais (Espagne) et Der Spiegel (Allemagne).
Ces notes "offrent un panorama inédit des négociations d'arrière-salle telles que les pratiquent les ambassades à travers le monde", observe le quotidien américain. Ces documents étalent au grand jour les usages habituellement tenus secrets de la diplomatie américaine sur toute une série de dossiers, sensibles ou non.
Le Guardian indique par exemple que le roi Abdallah d'Arabie saoudite a appelé les Etats-Unis à attaquer l'Iran et à "couper la tête du serpent" pour mettre fin à son programme nucléaire. A ce propos, les documents montrent qu'Israël a tenté de pousser les Etats-Unis à la fermeté, selon un document diffusé sur le site du Monde. Un télégramme américain relate ainsi une conversation de décembre 2009 entre Amos Gilad, un responsable israélien, et Ellen Tauscher, sous-secrétaire d'Etat américaine. La politique du président Barack Obama d'engagement stratégique avec l'Iran, "c'est une bonne idée, mais il est bien clair que cela ne marchera pas", y déclare M. Gilad.
Des propos peu amènes
Certains documents pourraient s'avérer gênants pour de futures rencontres entre les Etats-Unis et leurs partenaires. Der Spiegel rapporte ainsi des propos peu amènes de diplomates américains à l'égard de la chancelière allemande Angela Merkel: "Elle craint le risque et fait rarement preuve d'imagination".
Quant au Premier ministre turc Tayyip Erdogan, les services américains croient savoir qu'il se méfie de tout le monde et "s'est entouré d'un cercle de conseillers qui le flattent mais le méprisent". Il prend ses informations presque exclusivement dans les journaux islamistes et craint de perdre le pouvoir, rapporte le Spiegel.
Peu avant la publication des câbles secrets, le dirigeant de WikiLeaks, Julian Assange, avait indiqué lors d'une visioconférence en Jordanie que les documents secrets américains concernent "tous les grands sujets". "Ces 250'000 documents secrets émanent d'ambassades américaines dans le monde entier, et nous avons déjà pu constater que la semaine passée, les Etats-Unis ont réagi en tentant d'amortir les effets que cela pourrait avoir", a-t-il dit. Les autorités américaines avaient prévenu plus d'une dizaine de pays de l'imminence de ces révélations.
Le New York Times explique que les câbles lui sont parvenus "il y a plusieurs semaines" et que les documents susceptibles de "mettre en danger" des individus ou de "compromettre la sécurité nationale" n'ont pas été publiés. Le journal ajoute avoir travaillé avec l'administration Obama à ce sujet. "En commun, les cinq journaux ont soigneusement édité les textes bruts utilisés afin d'en retirer tous les noms et indices dont la divulgation pourrait entraîner des risques pour des personnes physiques", précise Le Monde.
afp/lan
Les premières fuites en juillet
Les premières fuites de WikiLeaks, en juillet sur l'Afghanistan, contenaient peu d'importantes révélations, et celles émanant d'Irak se concentraient en majorité sur des exactions commises entre différentes factions irakiennes.
"Notre organisation a quatre ans d'expérience dans la publication de documents", a souligné Julian Assange dimanche.
"Autant que nous sachions, et autant que quiconque ait porté des accusations un tant soit peu crédibles, pas un seul individu n'a été mis en danger à la suite de quoique ce soit que nous ayons publié".