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La presse dénonce l'impuissance face à l'UDC

L'affiche UDC contre les criminels étrangers.
Gauche, centre et droite n'agissent "qu'en mode réactif", dénonce la presse.
Le "oui" à l'initiative pour le renvoi des criminels étrangers prouve une chose, aux yeux de la presse romande: les partis de centre-droit et de gauche sont impuissants face à l'UDC. Les éditorialistes appellent à un réveil rapide en vue des fédérales de 2011, en plus de dénoncer les méthodes UDC.

"L'UDC avance parce qu'elle ne se heurte à aucune résistance", constate la Tribune de Genève. "Elle est la première a détecter un malaise dans la population et la première à offrir une "solution"," poursuit le quotidien genevois.

L'absence de stratégie est également montré du doigt dans Le Quotidien Jurassien. Les partis de gauche et du centre ont été incapables de se mettre d'accord pour soutenir le contre-projet, rappelle le journal qui espère que la classe politique va se réveiller.

"Déni de la réalité"

La Liberté reproche à la gauche et à la droite modérée leur "coupable déni de la réalité face aux agissements criminels d'une minorité d'étrangers". Pour le quotidien fribourgeois, "laisser ce terrain en jachère, malgré la colère croissante de la population, c'était offrir de l'espace aux plantes vénéneuses".

Le Nouvelliste constate lui aussi que l'UDC est le seul parti a avoir "intégré les réalités du siècle". Profit, consommation et jouissance de son travail ont été mis sur un pied d'Estale par le libéralisme. Aujourd'hui, la bourgeoisie et la classe moyenne entendent protéger leurs privilèges. Si les autres partis ne réagissent pas, "c'est un boulevard qui s'ouvre pour l'UDC dans la perspective des élections fédérales de 2011", prédit le journal valaisan.

Peurs exploitées

En Suisse alémanique, la presse interprète le vote comme l'expression de l'insécurité de la population face aux rapides changements de la société. Le peuple a un "désir fatal d'idylle", écrit le Tages-Anzeiger.

Ils étaient une centaine à manifester à Lausanne dimanche. [KEYSTONE - JEAN-CHRISTOPHE BOTT]
Ils étaient une centaine à manifester à Lausanne dimanche. [KEYSTONE - JEAN-CHRISTOPHE BOTT]

"La question de l'identité et de la culture helvétiques préoccupent les Suisses plus que n'importe quel autre thème", selon le Bund, qui explique par là-même le rejet de l'initiative fiscale du PS.

Si les peurs de la population sont "légitimes" envers les phénomènes migratoires, elles sont exploitées par l'UDC, dénonce Le Temps. Il devient impossible pour les autres partis de contrer "le populisme [qui] assomme la raison".

Démocratie en danger

Les éditorialistes voient également dans ce vote le signal d'un danger pour la démocratie. La Liberté se demande "jusqu'où ira la Suisse dans la régression de l'Etat de droit et les discriminations érigées en règles fondamentales?".

Les éditorialistes se penchent également sur la question de l'application problématique du texte. Certains demandent qu'à l'avenir le Parlement rejette les initiatives en contradiction avec le droit international.

Le Matin revient lui sur le problème du financement des partis, source d'impuissance de certaines formations. Il faut que "le Parlement se décide à fixer des règles du jeu".


Nos voisins sont outrés

L'affiche de l'UDC a choqué. [KEYSTONE - Dominic Favre]
L'affiche de l'UDC a choqué. [KEYSTONE - Dominic Favre]

En Autriche et en Allemagne, les commentateurs de la presse qualifient d'"irritante" et "brutale" l'acceptation de l'initiative. Die Presse parle d'une Suisse à la mentalité douteuse, voire frappée d'une sorte de schizophrénie car elle veut expulser assassins, voleurs et dealers mais accepte à bras ouverts dictateurs, mafiosi et hommes d'affaires aux richesses louches.

Alors que Le Standard (Autriche) y voit le signe que la démocratie directe échoue devant la haine de étrangers, El País (Espagne) évoque l'"abîme" entre la Suisse "française et allemande".

"Le signal émis par les Suisses réclame des réponses", menace la Süddeutsche Zeitung. Car il n'est pas normal que les Suisses croient pouvoir sortir le coeur léger des accords conclus avec l'UE et des conventions internationales. Pour le Tageszeitung de Berlin et le Märkische Oderzeitung, la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) devrait mettre le holà.

En France, Le Figaro cite "SOS Racisme", qui clame que " la Suisse, sous l'impulsion une fois de plus de la très xénophobe UDC, montre un visage haineux, s'obstinant à voir dans la figure de l'Autre la source de tous les maux réels ou fantasmés de la société".

Tandis que Libération souligne une campagne "soutenue par une débauche d'affiches ouvertement xénophobes", le Washington Post parle de montée de populisme face à l'immigration, réaction alimentée par la peur et l'irrationnel.

Seul un éditorialiste d'Il Giornale se demande si l'Italie ne devrait pas imiter la Suisse.

ats/ap/bri

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Expression de colère dans la rue

Les résultats de la votation sur le renvoi automatique des criminels étrangers a provoqué la colère de certains de ses opposants.

Le Secrétariat général de l'Union démocratique du centre (UDC) à Berne a été la cible d'actes de vandalisme dans la nuit de dimanche à lundi. Plusieurs vitres ont été brisées, des stores endommagés et des murs souillés. Trois voitures parquées dans les environs ont également été touchées.

Une centaine de personnes ont manifesté dimanche après-midi à Lausanne. Guillaume Morand, l'organisateur du mouvement, a dénoncé "la démission" des partis bourgeois et la place laissée aux affiches "nauséabondes" de l'UDC. Réunis au Flon, les jeunes manifestants ont déployé de nombreuses affiches et banderoles. L'organisateur est celui qui avait construit un minaret sur un toit il y a une année, ce qui lui avait valu un écho mondial.

A Berne aussi, quelque 500 personnes ont défilé dans les rues du centre ville en scandant des slogans anti-UDC. Masqués, des manifestants ont bloqué les transports publics dans une rue près de la gare, allumant des engins pyrotechniques. Certains ont cassé des portes et une vitre. De nombreux manifestants les ont hué.

A Zurich , les manifestants se sont rassemblés à 20h00 à l'Helvetiaplatz et ont défilé en ville en direction du lac. Le rassemblement s'est tout d'abord déroulé dans le calme mais a ensuite dégénéré. La police a fait usage de balles en caoutchouc, de gaz irritant et de lances à eau. Un individu a été arrêté. Les dommages se chiffrent en dizaines de milliers de francs.

La veille du scrutin avait en outre été marquée par le vol d'une urne contenant une vingtaine de bulletins, dans un bureau de vote à Allschwil (BL). Les voleurs, au nombre de six ou sept et masqués, sont partis en boutant le feu à l'extérieur du local, a indiqué la police cantonale de Bâle-Campagne. Dimanche, les auteurs de l'attaque n'avaient pas encore été identifiés.