Les 300 personnes les plus fortunées de Suisse se sont partagé 470 milliards de francs en 2010, soit 21 milliards de plus que l'année précédente, selon l'évaluation de Bilan et Bilanz. Pour la 9e fois consécutive, le grand gagnant du classement est le fondateur d'Ikea Ingvar Kamprad. Les comptes en banque de ce Vaudois d'adoption affichent toujours la coquette somme de 35 à 36 milliards de francs, révèlent les deux magazines dans leur édition de vendredi.
Davantage de milliardaires
Quant au nombre d'habitants du pays possédant plus d'un milliard de francs, il est passé de 127 à 135, faisant de la Suisse le refuge de près d'un milliardaire sur huit à travers le monde. Répartie sur l'ensemble de la population helvétique, la somme totale engrangée par les 300 plus riches habitants du pays représenterait 60'256 francs par personne. Si ces 470 milliards paraissent vertigineux, ils ne constituent néanmoins qu'une progression de 4,7% sur un an et sont "loin d'atteindre le niveau de fin 2007", à savoir 529 milliards, rappelle Bilan.
Entre 2009 et 2010, 46 familles ont étoffé leur bas de laine. Nombre d'entre elles sont actives dans les secteurs des matières premières, de l'immobilier, de l'art et de l'horlogerie. Si quelque 34 familles ont au contraire perdu des plumes, la grande majorité (80%) des classés ont vu leur niveau de richesse rester stable. Le duo de tête du classement n'a pas changé en 2010: Ingvar Kamprad est talonné par les familles Hoffmann et Oeri (BS/Roche), dont les avoirs se situent entre 13 et 14 milliards. C'est la famille Brenninkmeijer (BL/C&A/12-13 milliards) qui complète le podium, devant la famille Bertarelli (BE/ex-Serono/10-11 milliards), reléguée en 4e position.
En Suisse romande, la seconde plus grosse fortune est entre les mains de Dmitri Rybolovlev (GE/engrais/7-8 milliards). Le plus riche résident du canton de Fribourg est la famille Liebherr (machines de chantier/4-5 milliards), celui du canton du Valais John Magnier (chevaux/0,9-1 milliard) et celui du canton de Neuchâtel Rolf Schnyder (horlogerie/200 à 300 millions).
Des nouveaux venus
Cette année, le club fermé des 300 plus riches accueille une trentaine de nouveaux membres, dont 10 milliardaires affichant une fortune cumulée de 19 milliards de francs. A l'exception d'Ivan Glasenberg (ZH), le directeur opérationnel du géant Glencore, aucun de ces milliardaires n'a réalisé sa fortune en terres helvétiques. La majeure partie bénéficie d'un forfait fiscal, écrit "Bilan".
Au nombre des nouveaux venus figure la famille Perfetti (TI), à la tête d'une fortune de 3 à 4 milliards bâtie grâce au chewing-gum, puis au rachat des sociétés Van Melle et Chupa Chups. Une autre famille active dans l'industrie, les Cloppenburg (SZ), fait elle aussi une entrée remarquée dans le classement avec ses 2 à 3 milliards de francs issus du textile.
ats/afp/hof
Des hauts et des bas
Parmi les plus fortes progressions se trouve notamment le joueur de tennis suisse Roger Federer, qui a vu sa fortune augmenter de 66,7% à 200-300 millions de francs suisses.
Les plus importantes dégringolades ont été notamment enregistrées par quelques grands héritiers, dont Athina Onassis, seule héritière d'Aristote Onassis, dont les avoirs ont fondu de 200% à 1,5-2 milliards de francs suisses.
Le présidence du directoire du Groupe Hersant Média, Philippe Hersant, a quant à lui vu sa fortune reculer de 150% à 100-200 millions de francs suisses.
Du côté des sorties du top-300, Bilan cite le patron de Swissquote Marc Bürki, affaibli par la correction à la baisse du titre de son établissement.
Plusieurs décès sont par ailleurs survenus, tels que celui de Carl Hischmann (Jet Aviation), de Nicolas Hayek (Swatch) ou du banquier genevois Bruce Rappaport.
Concentration à Genève et Zurich
Les villes suisses accueillant le plus de milliardaires sont Genève et Zurich, qui comptent respectivement 36 et 20 d'entre eux sur leur territoire.
Cette surreprésentation des deux capitales économiques de la Suisse, le magazine la nuance quelque peu en évoquant des distorsions liées à la méthodologie de l'étude.
Pour figurer parmi les plus grosses fortunes dénichées par les journalistes de Bilan et Bilanz, il faut remplir deux critères: posséder des avoirs supérieurs à 100 millions de francs et disposer d'un domicile fiscal en Suisse.
"Notre classement n'est pas exhaustif", reconnaît le magazine romand, précisant que la provenance des enquêteurs peut influencer les résultats.