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WikiLeaks: les comptes suisses de J.Assange

Julian Assange pourrait se rendre à Davos s'il est autorisé à quitter le Royaume-Uni. [Martial Trezzini]
Julian Assange est sous le coup d'un mandat d'Interpol pour une affaire de viol en Suède. - [Martial Trezzini]
PostFinance a annoncé dimanche qu'elle vérifiait l'adresse en Suisse donnée par le fondateur du site WikiLeaks Julian Assange pour un compte qu'il y possède, et au sujet de laquelle des doutes sont apparus. Par ailleurs, l'ambassadeur des Etats-Unis à Berne a rassuré sur l'état des relations avec la Suisse, tout en déconseillant à la Confédération d'accorder l'asile à Julian Assange.

WikiLeaks, au centre d'un scandale diplomatique en raison de ses dernières révélations, fait figurer sur son site internet une adresse bancaire sous le nom d'"Assange Julian Paul, Genève", un compte ouvert à la PostFinance.

Ce compte est destiné aux "dons directs au Fonds de défense de Julian Assange et d'autres membres de l'équipe WikiLeaks", selon le site. "Maintenant il nous faut regarder si Julian Assange habite vraiment à Genève", a déclaré à l'AFP un porte-parole de PostFinance, Marc Andrey, confirmant des informations de la NZZ am Sonntag.

Vérifications en cours

Au cours du processus de vérification, "on n'a pas trouvé son nom à Genève", a-t-il expliqué. Les recherches vont probablement durer plusieurs semaines et porter aussi sur la correspondance de l’établissement avec Julian Assange, un citoyen australien qui vit actuellement caché, a ajouté Marc Andrey.

Les fonds sous gestion atteignent 81,6 milliards de francs, en augmentation de 8,3 milliards par rapport à la moyenne de 2009.
Les fonds sous gestion atteignent 81,6 milliards de francs, en augmentation de 8,3 milliards par rapport à la moyenne de 2009.

Normalement, des comptes bancaires sont accordés à des personnes résidant en Suisse ou à des étrangers ressortissants de pays proches. Quant aux citoyens de pays éloignés comme l'Australie ou les Etats-Unis, ils doivent avoir une relation particulière avec la Suisse, comme par exemple des relations d'affaires ou la possession d'une maison, a affirmé le porte-parole.

Il a refusé de donner des détails sur le compte de Julian Assange, qui est couvert par le secret bancaire suisse. "Nous confirmons qu'il a un compte seulement parce qu'il est publié sur son site web", a-t-il simplement dit. Aux termes des lois contre le blanchiment d'argent, Julian Assange doit fournir l'adresse de son domicile réel.

PayPal, un service de paiement en ligne domicilié aux Etats-Unis, a annoncé vendredi avoir bloqué les transferts financiers au bénéfice de WikiLeaks. PostFinance procède à ces vérifications à cause des répercussions des révélations faites par le site de Julian Assange, mais cela ne signifie pas nécessairement que son compte va être fermé par la banque, a souligné Marc Andrey.

Asile suisse déconseillé

Par ailleurs, suite à la publication par WikiLeaks de documents diplomatiques américains secrets, l'ambassadeur des Etats-Unis à Berne tente de rassurer ses hôtes. Mais Donald S. Beyer déconseille à la Suisse d'accorder l'asile au fondateur de ce site, Julian Assange. La Suisse doit examiner attentivement si elle souhaite accepter quelqu'un qui fuit la justice, déclare Donald S. Beyer dans une interview accordée au journal dominical alémanique "Sonntag". Julian Assange est recherché pour une affaire de viol en Suède.

Donald S. Beyer se démarque, par ailleurs, de son prédécesseur Peter Coneway, qui avait qualifié la Suisse de "démocratie alpine frustrante" dans un protocole écrit en 2008 révélé par WikiLeaks. "Mon épouse et moi n'estimons pas la Suisse frustrante du tout".

Bonne entente, mais...

Son prédécesseur représentait le républicain George W. Bush, lui-même représente l'administration démocrate de Barack Obama: "C'était un autre temps, un autre contexte".

Dans un entretien à la "SonntagsZeitung", l'ambassadeur américain minimise également l'affaire. "Nous n'avons aucun souci à nous faire. Suisse et Etats-Unis savent qu'ils sont proches". Concernant d'autres régions du monde, des mots plus durs ont été utilisés, souligne-t-il. Le représentant des Etats-Unis à Berne considère la collaboration avec les conseillères fédérales Eveline Widmer-Schlumpf, Micheline Calmy-Rey et Doris Leuthard comme "tout sauf frustrante". Il laisse ouverte la façon dont les Etats-Unis réagiraient, si la Suisse accueillait Julian Assange.

agences/cab

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Assange en danger

L'ancien chef des services de renseignement suisses, Peter Regli, voit le fondateur de WikiLeaks en sérieux danger.

"Je ne serais pas surpris s'il était brusquement victime d'un accident de voiture, s'il chutait sur les rails du métro ou s'il mourait d'une 'crise cardiaque'", affirme-t-il dans une interview à "Sonntag".

Peter Regli, qui a dirigé les services de renseignement suisses de 1991 à 1999, qualifie en outre Julian Assange d'"irresponsable, d'accro aux médias et de narcissique qui doit nourrir une profonde haine envers les Etats-Unis".

Les "pirates" plaident la cause d’Assange

Depuis son transfert à l'adresse "wikileaks.ch", le fameux site reçoit quelque 3.000 visiteurs par seconde. Dimanche matin, il a été durant un bref instant difficilement accessible mais c'est uniquement parce que son serveur était surchargé et non à cause d'attaques de "hackers", a annoncé dimanche soir le Parti pirate suisse.

Ce dernier prépare une lettre au Conseil fédéral pour que la Suisse accorde l'asile politique à Julian Assange. Le parti pirate suisse, propriétaire de l'adresse "wikileaks.ch", a également constaté que son propre site a vu sa fréquentation multipliée par quatre.

"Le bureau d'enregistrement des domaines "Switch" nous a communiqué dans l'intervalle qu'il n'y avait aucune raison de barrer l'accès au site et l'Office fédéral de la communication (OFCOM) l'a confirmé", a précisé le parti.

Une lettre au Conseil fédéral est en préparation pour demander le maintien de la plate-forme Wikileaks en Suisse. Elle priera également le gouvernement d'accorder l'asile politique à Julian Assange.

Le parti entend soumettre la lettre et la faire signer à des représentants d'autres formations politiques. Des centaines de témoignages de soutien sont parvenus au parti pirate suisse et il a vu le nombre de ses membres passer la barre des 1000 dans la journée de dimanche.

Le parti créé le 12 juillet 2009 entend représenter les intérêts de la "génération digitale" sur la scène politique. Il prône un libre accès à la connaissance et à la culture, le renforcement des droits populaires et de la sphère privée, un Etat transparent et la lutte contre la censure et les interdictions.