La filiale bancaire de la Poste a "décidé de mettre un terme à ses relations d'affaires" avec Julian Assange, estimant qu'il "avait donné de fausses indications sur son lieu de domicile lors de l'ouverture de son compte". Le fondateur du site WikiLeaks avait "indiqué être domicilié à Genève, ce qui s'est révélé être faux lors de l'examen des données", a souligné PostFinance.
Conditions pas remplies
Comme Julian Assange n'était "pas en mesure de prouver son établissement en Suisse", il "ne remplit pas la condition requise pour des relations commerciales" avec l'établissement. PostFinance avait déjà annoncé dimanche qu'elle vérifiait l'adresse en Suisse donnée par le fondateur de WikiLeaks, au sujet de laquelle des doutes sont apparus.
WikiLeaks, au centre d'un scandale diplomatique en raison de ses dernières révélations, fait figurer sur son site internet une adresse bancaire sous le nom d'"Assange Julian Paul, Genève", un compte ouvert à PostFinance. Ce compte est destiné aux "dons directs au Fonds de défense de Julian Assange et d'autres membres de l'équipe WikiLeaks", selon le site.
Compte PayPal bloqué
Le week-end dernier, le service de paiement par Internet PayPal avait bloqué son compte WikiLeaks en raison d'une prétendue "violation des conditions d'utilisation". Les observateurs partent du principe que la filiale du site de vente aux enchères en ligne Ebay a mis un terme à sa relation commerciale avec WikiLeaks en raison de pressions des Etats-Unis.
La fondation Wau-Holland basée en Allemagne et baptisée du nom d'un activiste du Chaos-Computer-Club (CCC) décédé en 2001 constitue une source financière importante pour WikiLeaks. Elle appelle aux dons et les ditribue au portail.
La fondation a elle expliqué lundi que les dons sont toutefois toujours possibles. Avec le blocage du compte sur le service de paiement par Internet PayPal, le don est seulement devenu plus cher, a dit à l'agence de presse DPA un dirigeant de la fondation, Winfried Motzkus.
Les sites sensibles que les Etat-Unis veulent protéger
Le communiqué de PostFinance concernant la clôture du compte survient le jour où WikiLeaks publie une liste secrète de sites sensibles à travers le monde que les Etats-Unis veulent protéger d'attaques terroristes. Plusieurs produits chimiques suisses figurent parmi les sites dont la perte "affecterait de manière significative" la sécurité américaine.
Ce télégramme du département d'État datant de février 2009 demande aux représentations diplomatiques américaines de recenser les infrastructures et entreprises dans le monde "dont la perte affecterait de manière significative la santé publique, la sécurité économique et/ou la sécurité nationale des Etats-Unis".
Dans cette liste publiée dans la nuit de dimanche à lundi et qui couvre de nombreux pays, figurent des câbles sous-marins de télécommunications, des ports, des mines et des entreprises fabriquant notamment des produits pharmaceutiques importants pour la santé publique.
Cette liste, qui contient des centaines de sites et infrastructures sensibles, couvre tous les continents. Outre des infrastructures stratégiques, elle recense entre autres le canal de Panama, une mine de cobalt au Congo, d'autres mines en Afrique du Sud ou en Amérique latine ainsi que des entreprises pharmaceutiques dans plusieurs pays.
Roche en Suisse
Concernant la Suisse, la liste cite le groupe pharmaceutique Roche, producteur du Tamiflu (grippe porcine), la société Berna Biotech, productrice de vaccins contre la fièvre typhoïde, et le groupe CSL Behring, qui produit de l'immunoglobuline intraveineuse (anticorps).
En France, la liste cite les groupes pharmaceutiques EMD Pharms, Sanofi-Aventis, GlaxoSmithKline, Diagast (réactifs pour les groupes sanguins) ou encore Sanofi Pasteur à Lyon qui produit, précise la liste, des vaccins contre la rage. Elle évoque aussi le groupe industriel Alstom et les points d'arrivée de câbles de télécommunication transatlantiques, à Plérin et Lannion.
"Le genre d'informations qui intéressent les terroristes"
Pour Malcolm Rifkind, ancien ministre britannique des Affaires étrangères et de la Défense, l'attitude de WikiLeaks est "irresponsable" dans la mesure où cette liste peut aider des groupes terroristes: "C'est une preuve de plus qu'ils (WikiLeaks) ont un comportement irresponsable, presque criminel. C'est le genre d'informations qui intéressent les terroristes".
WikiLeaks, site créé par l'Australien Julian Assange, spécialisé dans la révélation de documents secrets, a commencé le 28 novembre la diffusion progressive de 251.287 télégrammes diplomatiques américains.
ats/afp/ant/hof
"Obama devrait démissionner"
Barack Obama devrait démissionner s'il a approuvé que des diplomates américains espionnent des fonctionnaires de l'ONU. Tel est l'avis du fondateur de WikiLeaks, exprimé dans une interview publiée dimanche par le quotidien espagnol "El Pais".
"L'ensemble de la chaîne de commandement qui était au courant de cet ordre et l'a approuvé doit démissionner afin que les Etats-Unis puissent être considérés comme une nation crédible. L'ordre est a ce point important qu'il a bien pu être soumis à l'approbation du président", a déclaré Julian Assange.
Selon les notes diffusées par WikiLeaks, le département d'État américain a demandé à ses diplomates de récolter des informations sur des fonctionnaires de l'ONU. Les autorités américaines ont réclamé également des numéros de carte bancaire, adresses électroniques, numéros de téléphone et même numéros de carte de fidélité auprès de compagnies aériennes.
"Les Suisses sont antiaméricains"
Nouvelle révélation de WikiLeaks, reprise dimanche par Radio Bâle et ce lundi par "Le Matin". Un ancien ambassadeur des Etats-Unis à Berne, Peter Coneway, note que les Américains n'ont pas la cote en Suisse. "Aucune ville suisse n'a établi une relation émotionnelle avec les Etats-Unis", déplore le diplomate dans un câble transmis à sa hiérarchie et révélé par WikiLeaks.
"Aucun État d'Europe de l'ouest n'est aussi antiaméricain que la Suisse", écrit Peter Coneway. Il ajoute: "A cause de leur neutralité séculaire, les Suisses sont persuadés de ne rien devoir à personne".