Si aucun motif n'a encore officiellement été avancé pour expliquer la fusillade qui a fait au moins 6 morts et 14 blessés - dont Gabrielle Giffords, élue démocrate au Congrès - le débat fait rage dans la presse américaine autour du ton exacerbé du débat politique.
Pamphlet
Les démocrates pointent en particulier du doigt un tract publié en mars sur la page Facebook de l'ex-candidate à la vice-présidence des Etats-Unis. Sarah Palin y mentionne les noms des 20 représentants démocrates à avoir voté en faveur de la réforme du système de santé voulue par Barack Obama. Le graphisme du pamphlet y est évocateur: les circonscriptions des élus y sont représentées par des cibles.
L'égérie des Tea Party, qui n'a pas souhaité s'excuser, a tout de même fait retirer de son site la liste de cibles incriminée. L'affaire est d'autant plus embarrassante que Gabrielle Giffords elle-même avait mis la figure de proue des républicains en garde contre les "conséquences" que pouvaient avoir ce genre de publications, comme le rappelle le New York Times.
Les médias conservateurs, à l'instar de Fox News, se focalisent eux plus volontiers sur la personnalité troublée du jeune tireur, Jared L. Loughner, présenté comme mentalement instable. Une impression confortée par les vidéos décousues postées par le tueur sur le site de partage Youtube et par le portrait que dresse de lui le Huffington Post.
La Toile s'enflamme
Et le débat s'enflamme aussi parmi les internautes. Ainsi sur le site de CNN, certains estiment que les démocrates tentent de profiter de l'action d'un déséquilibré pour juguler la liberté d'expression. Ce à quoi d'autres rétorquent qu'avec la réforme démocrate du système de santé, le malade mental en question aurait pu être soigné.
Le climat de tension politique aux Etats-Unis s'était encore envenimé à l'approche des élections de mi-mandat en novembre dernier sur fonds d'opposition républicaine aux réformes engagées par l'administration Obama.
Jérôme Holzer
L’Amérique se recueille
L'auteur de la fusillade en Arizona doit être présenté à un juge lundi, au moment où l'Amérique s'arrête pour une minute de recueillement et de réflexion sur les circonstances du drame au cours duquel six personnes ont été tuées et une élue grièvement blessée.
De Wall Street à la Maison Blanche, les Américains se sont recueillis pendant une minute à 16h00 GMT (17h00 en Suisse), en mémoire des six personnes tuées, dont une fillette de 9 ans, ainsi qu'en hommage à la représentante Gabrielle Giffords, grièvement blessée, et aux 13 autres personnes blessées lors de la fusillade de samedi à Tucson.
Devant la Maison Blanche, Barack Obama et son épouse Michelle se sont recueillis, têtes baissées et visages fermés, alors que résonnait une cloche. Des centaines de personnes se sont recueillies au même moment sur les marches du Capitole, siège du Congrès, dont le drapeau était en berne.
Michael Lemole, le neurochirurgien qui a opéré Gabrielle Giffords, 40 ans, s'est dit "prudemment optimiste" sur son rétablissement. Il a souligné que la représentante était "capable de communiquer" avec les médecins en réponse à des "commandes simples".
afp