Clint Eastwood n'en finit pas de tourner. A bientôt 81 ans, l'acteur-réalisateur aligne son sixième film en quatre ans avec "Au-delà". Après l'Afrique du Sud de Mandela ("Invictus"), Eastwood s'aventure pour la première fois dans le fantastique.
En emmenant Cécile de France et Matt Damon aux frontières de la mort, cet adepte des décors naturelsl se paie même une scène de tsunami digne des meilleurs films catastrophe. A noter aussi la présence de l'actrice suisse Marthe Keller au générique.
Et signe que la thématique choisie de la spiritualité n'augure pas d'une retraite méditative, Clint Eastwood s'attellera prochainement à l'adaptation de la vie de J.Edgar Hoover, le fondateur du FBI.
Trois histoires autour de la mort
Divisé en trois histoires qui finissent par se rejoindre, "Au-delà" s'aventure dans le spiritisme, la voyance et les expériences de mort imminente.
Première histoire: une journaliste française (Cécile de France) est prise dans le tsunami en Indonésie. On découvre ensuite George (Damon) écrasé par le poids de son don de voyance, alors que son frère le pousse à pratiquer en flairant le bon filon.
La troisième histoire est celle d'un jeune garçon. Effondré après la mort accidentelle de son jumeau, il tente par tous les moyens d'entrer en contact avec lui dans l'au-delà. A noter que le film n'a récolté que 32 millions de dollars aux Etats-Unis, alors qu'il en aurait coûté 50.
"Les émotifs anonymes" se soignent
Benoît Poelvoorde est décidément très présent en ce début d'année. Bientôt à l'affiche de "Rien à déclarer", de Dany Boon, dans le rôle d'une garde-frontière buté, il se fait grand sensible dans "Les émotifs anonymes".
Il incarne le patron d'une fabrique de chocolat qui dissimule une timidité maladive derrière un masque sévère. Mais ses barrières vont vaciller quand il engage Angélique (Isabelle Carré), chocolatière de talent et grande émotive elle aussi.
Le cinéaste Jean-Pierre Améris ("Mauvaises fréquentations") s'est inspiré de groupes de parole réunissant des "handicapés de la vie", terrifiés à l'idée de rencontrer des gens, pour développer ce film sur ces gens qui restent toujours dans l'ombre (protectrice?). Le terme d'émotifs anonymes est d'ailleurs véritablement utilisé et il existe une association européenne en la matière.
"La petite chambre": la belle histoire
Auréolée de son succès public au Festival de Locarno, "La Petite Chambre", des Lausannoises Stéphanie Chuat et Véronique Reymond, arrive en salles.
Le sujet, né lors d'un concours de la TSR, porte sur la gestion du vieillissement de la société. A l'écran, c'est la rencontre d'un octogénaire (Michel Bouquet qui n'avait plus tourné depuis "Le promeneur du Champ de Mars" en 2005) refusant d'aller en home et d'une jeune infirmière à domicile (Florence Loiret Caille) qui vient de perdre un enfant.
Ce duo de personnages meurtris et contraints d'accepter l'inacceptable a obtenu une ovation debout à Locarno.
"Africa United": road-movie africain
La Coupe du monde de football en Afrique du Sud a vécu, mais le rêve de tout un continent demeure. Il est d'ailleurs le moteur d'"Africa United", premier long métrage de la réalisatrice Debs Garner-Paterson.
Le film est un road-movie et raconte l'histoire de trois enfants rwandais qui tentent de réaliser le rêve de leur vie: assister à la cérémonie d'ouverture de la Coupe du Monde 2010. Au cours de ce périple de 5000 kilomètres à travers sept pays, l'équipe s'étoffera et le film fait découvrir une Afrique méconnue.
A noter qu'un des acteurs, Emmanuel Jal, a été enfant-soldat au Soudan. Il a raconté sa vie dans le livre "War Child".
Caryl Bussy
L'agenda cinéma
LES AUTRES SORTIES DU 19 JANVIER
"Skyline", de Colin Strause et Greg Strause. Avec Eric Balfour et Scottie Thompson.
"Unser Garten Eden", de Mano Khalil.
LES SORTIES DU 26 JANVIER
"L'avocat", de Cédric Anger. Avec Avec Benoît Magimel, Gilbert Melki
"Angèle et Tony", Alix Delaporte. Avec Clotilde Hesme, Grégory Gadebois
"Comment savoir", de James L. Brooks. Avec Reese Witherspoon, Owen Wilson
"Les chemins de la liberté", de Peter Weir. Avec Ed Harris, Colin Farrell
"Poupoupidou", Gérald Hustache-Mathieu. Avec Jean-Paul Rouve, Sophie Quinton
L'info cinéma de la semaine
Le 27e Festival du film de Sundance débute jeudi à Park City (Utah, ouest des Etats-Unis) et compte bien témoigner, à travers sa programmation de 118 films de 29 pays, de la "vitalité" du cinéma indépendant face aux grosses machines d'Hollywood.
Le festival, devenu au fil des ans la "Mecque" du cinéma indépendant aux Etats-Unis, avait été fondé par l'acteur Robert Redford pour faire contrepoids à la puissance commerciale des studios hollywoodiens.
Ironie de l'histoire, en devenant le plus gros et le plus prestigieux festival de cinéma aux Etats-Unis, Sundance est devenu le lieu privilégié où les studios viennent faire leurs emplettes pour leurs divisions de distribution "art et essai", et dénicher les nouveaux talents.
"Le nombre de films qui présentent leur candidature au festival reste très élevé: nous avons dépassé les 10'000 pour la première fois cette année", déclare à l'AFP John Cooper, directeur général du festival.
Dans la catégorie documentaire, on relèvera la présence du film "An African Election" de l'acteur et cinéaste suisse Jarreth Merz. Cette coproduction américano-suisse porte sur les élections de 2008 au Ghana.
Côté fiction, le festival présentera beaucoup de nouveaux venus, mais aussi des films d'acteurs passés derrière la caméra, comme "Higher ground" de Vera Farmiga (vue aux côtés de George Clooney dans "In the air" de Jason Reitman), et des valeurs sûres du cinéma indépendant comme Tom McCarthy ("The Station agent", "The Visitor"), qui présente cette année "Win Win".