Sorties CD: Anna Calvi convainc d'emblée

Une rumeur court. Une Anglaise de 27 ans pourrait mettre tout le monde d'accord en ce début d'année. La rumeur s'appelle Anna Calvi, premier album à la clé. Les Inrocks sont fans, Brian Eno, conquis, s'est mis au piano, et Nick Cave l'a lancée en ouverture de ses concerts "Grinderman". La rumeur enfle et finalement se vérifie.

Un poil de folk, mais aussi de flamenco (!?), sur une posture punk (comme la batterie), un côté gothique pour le chant et on s'emballe. Même, on pense à PJ Harvey, sorte de grande soeur à qui Anna Calvi aurait piqué son côté à la fois brutal et sensuel.

Envoûtement en concert

  Anna Calvi interprétant "Love Wont Be Leaving"

A la guitare, épaulée d'un batteur et d'un multi-instrumentiste (harmonium, percussions), Anna Calvi joue de sa voix et ne peut que se faire entendre. Partant en vrille ("Blackout"), voire brutale ("Desire"), l'Anglaise d'origine italienne se fait aussi envoûtante ("Love won't be leaving") et même caressante ("No more words").

A quelques vocalises excessives près ("The Devil" ou "Morning Light") et si on excepte un petit côté répétitif, Anna Calvi emballe. Et puisque c'est d'abord sur scène qu'elle a séduit, rendez-vous à Lausanne (au Bleu Lézard le14 avril), Berne ou Zurich ce printemps.

Adele fait tout soul

Egalement Anglaise et âgée de 21 ans seulement, Adele semble sortir de la même promotion qu'Anna Calvi. Mais les comparaisons s'arrêtent là. Après un premier opus ("19") voici presque 3 ans, la Londonienne livre "21".

Et elle fait tout soul, avec une voix à tomber évidemment. Habité, mais pas torturé (ce n'est pas Amy Winehouse), l'album est calibré pour les sommets. Comme le single "Rolling in the Deep", un entêtant gospel, "21" remplit amplement, mais sagement, son contrat. A noter qu'Adele a remporté le choix de la critique aux Brit Awards, équivalent des Victoires de la musique.

Claire Keim se la joue romantique

Après Sandrine Kiberlain, Agnès Jaoui, Judith Godrèche ou Scarlett Johansson hors de France, la comédienne Claire Keim passe à la musique avec son premier album, "Où il pleuvra". Pas tout à fait un coup d'essai puisqu'elle avait chanté en duo avec Marc Lavoine ("Je ne veux qu'elle" en 2001) ou participé aux Enfoirés.

Un album tout doux et romantique bien servi par des arrangements qui privilégient la guitare et le piano. La voix, un peu vaporeuse, donne toutefois le change. Un opus parfois rigolo ("Pommes flashées"), plutôt enjoué ("Ca dépend"), bien produit et c'est tout.

Le retour de Honey for Petzi

Après 5 ans de silence (ou presque), le trio de Honey for Petzi, un groupe phare de la scène suisse, revient avec "General thoughts and tastes" Les Lausannois, chantres du post-rock il y a une décennie, ont mis des voix dans leurs instrumentations et un peu de pop dans leur math-rock. Un style toujours expérimental et complexe; déroutant parfois, passionnant toujours.

Ce septième album est donc une mue importante après 14 ans de notes, même si l'animal musical demeure.L'exemple le plus abouti de l'évolution est "Faces". "Strategy, bravey, honour" est à mi-chemin et "Old enough" est proche des débuts.

Caryl Bussy