"Avec cette initiative, les syndicats engagent la lutte contre les pressions sur les salaires sur une nouvelle voie", a déclaré le président de l'USS Paul Rechtsteiner devant la presse.
Le texte demande expressément à la Confédération et aux cantons d'encourager les conventions collectives de travail (CCT). Mais pour les secteurs où cela n'est pas possible, un salaire minimum de 22 francs de l'heure devra être introduit. Cela correspond à un salaire mensuel de 4000 francs pour 42 heures hebdomadaires.
400'000 salariés concernés
Aujourd'hui, quelque 400'000 personnes, dont une majorité de femmes, ne reçoivent pas le minimum visé par l'initiative. "Près d'une personne sur dix travaille pour un salaire scandaleusement bas", a jugé Vania Alleva, du syndicat Unia. Selon elle, de nombreuses branches sont confrontées au fléau du dumping salarial, dont l'industrie alimentaire, la branche textile, l'agriculture, le personnel de maison, la vente ou les soins cosmétiques. Mais les bas salaires sévissent même dans des secteurs inattendus, comme les assistantes en pharmacie ou le personnel de cabine.
Actuellement, en Suisse, seuls les salaires de 40% des personnes actives sont protégés par des salaires minimaux, a expliqué l'économiste en chef de l'USS Daniel Lampart. Mais même dans ce cas, la protection est parfois lacunaire, d'après lui.
Pas d'effets négatifs
Les salaires minimaux n'ont rien de nouveau. En Suisse, il en existe depuis 150 ans, a rappelé Daniel Lampart. Il est faux de croire que leur introduction aurait une répercussion négative sur les revenus moyens à bas, à ses yeux. "Les syndicats ne prendraient pas le risque de pénaliser les travailleurs et de mettre en danger des CCT", a-t-il assuré.
Le nouveau ministre de l'économie Johann Schneider-Ammann, qui a critiqué la veille l'initiative sur les salaires minimaux, ne semble "pas à jour sur la question". Plusieurs études ont montré les salaires minimaux ont un effet largement neutre sur le chômage. L'introduction d'un seuil permet par exemple à certains d'abandonner leur second emploi, qui devient ainsi disponible pour d'autres.
L'initiative prévoit que le salaire minimum devrait être indexé régulièrement au gré de l'évolution des salaires et des prix. Des dérogations seraient possibles "pour des rapports de travail particuliers". Les cantons devraient désigner des autorités chargées de veiller au respect de la loi.
L'initiative "pour la protection de salaires équitables" est soutenue par le Parti socialiste. Le comité d'initiative comprend aussi des membres des Verts, du Parti chrétien-social et d'A gauche toute.
ats/cer