"Je demanderai au ministre tunisien des Affaires étrangères l'autorisation pour nos forces d'intervenir en Tunisie pour bloquer les flux. Le système tunisien est en train de s'écrouler", a déclaré dimanche le ministre de l'Intérieur Roberto Maroni au journal télévisé TG5.
Roberto Maroni, membre du parti anti-immigrés et populiste de la Ligue du Nord, a également critiqué l'absence d'une action européenne concertée, déclarant que l'UE "a laissé l'Italie seule, comme d'habitude", face au débarquement d'environ 5000 personnes en cinq jours. "L'Europe ne fait rien. Je suis très préoccupé et j'ai demandé l'intervention urgente de l'UE car le Maghreb est en train d'exploser.
Débarquements incessants
Comme d'habitude, on nous a laissé seuls. Nous gérons l'urgence humanitaire avec la seule protection civile. Une intervention de l'Europe est indispensable", a ajouté le ministre. "Depuis minuit, 977 personnes sont arrivées à Lampedusa", a déclaré dimanche matin le commandant du port de Lampedusa Antonio Morana, mais depuis le chiffre a atteint 1’100 environ avec l'arrivée de deux autres embarcations sur cette île située entre la Sicile et la Tunisie.
Malgré un pont aérien mis en place par les autorités italiennes pour les évacuer vers d'autres régions du pays, il restait à Lampedusa plus de 2000 clandestins, pratiquement tous Tunisiens, selon la police. "La situation est difficile", a affirmé le commandant Morana, "les débarquements se poursuivent à un rythme incessant".
Centre de secours ouvert
Pour soulager les immigrés, les autorités italiennes ont décidé dimanche l'ouverture immédiate du Centre de premier accueil qui avait été fermé en 2009, et un millier de personnes environ y a trouvé tout de suite refuge, avant la tombée de la nuit, encore très fraîche en cette saison à Lampedusa.
"Il y a des gens qui demandent l'asile politique mais aussi ceux qui fuient la pauvreté et les grèves", a déclaré Federico Fossi, un porte-parole à Rome du Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR), ajoutant que la situation à Lampedusa "est devenue critique".
La mer calme et le beau temps favorisent ces départs depuis la Tunisie, sous forte pression sociale depuis la chute du régime de fer de Ben Ali il y a un mois. La traversée n'est pas sans danger, notamment en raison du mauvais état des embarcations. Un jeune Tunisien s'est noyé et un autre est porté disparu, après un naufrage samedi, selon l'agence tunisienne TAP.
Situation invivable
"Il est devenu impossible pour nous de vivre en Tunisie: il y a des violences, des enlèvements, on ne sait plus qui commande, le pays est à la dérive", a déclaré une femme arrivée dans la nuit, qui dit vouloir rejoindre sa famille en France. Le gouvernement italien a proclamé samedi l'état d'urgence humanitaire, ce qui permet de prendre des mesures immédiates et de mobiliser rapidement des moyens financiers
"Mais cela ne suffit plus, nous devons mobiliser les pays de la Méditerranée qui ont des navires, des avions et des hélicoptères" pour contrôler la côte tunisienne, a déclaré dimanche dans une interview au Corriere della Sera le ministre des Affaires étrangères Franco Frattini. Les clandestins tunisiens recevront de l'aide "mais ils ne peuvent pas rester sur le territoire italien", a souligné le chef de la diplomatie, qui entend les rapatrier.
afp/os
Précédent albanais
Rome a demandé une réunion urgente du Conseil justice et intérieur de l'Union européenne. Franco Frattini a préconisé le "modèle Albanie" pour résoudre le problème des réfugiés tunisiens: dans les années 90, il est arrivé que jusqu'à 15'000 réfugiés albanais débarquent en une semaine en Italie.
"Nous avions résolu la crise en envoyant patrouiller nos navires dans les eaux albanaises.
Le gouvernement de Tirana avait accepté notre aide et cela a mis fin à la migration. Quand les trafiquants de clandestins voient des navires militaires à deux kilomètres de la côte, ils ne font pas partir leurs embarcations", a souligné le ministre.