"La Commission européenne est en contact étroit avec les autorités italiennes", a indiqué une porte-parole de la Commission de Bruxelles, sans annoncer de mesures concrètes dans l'immédiat. Alors que l'Italie est confrontée au débarquement sans précédent d'environ 5000 Tunisiens en cinq jours à Lampedusa, le ministre italien de l'Intérieur, Roberto Maroni, a insisté dimanche pour une "intervention urgente de l'UE".
Jusqu'à présent, "l'Europe ne fait rien", alors que Rome demande son aide depuis vendredi, et "une intervention de l'Europe est indispensable", a dit le ministre au journal télévisé TG5.
La Commissaire européenne à la sécurité Cecilia Malmström "a parlé personnellement hier (samedi) avec Roberto Maroni, et elle est parfaitement consciente de la pression exceptionnelle sur l'Italie" que constitue ce débarquement massif, a déclaré une porte-parole de la Commission.
Patrouilles au large?
Cécilia Malmström est aussi en contact avec Frontex, l'agence de l'UE chargée de la surveillance des frontières, et avec le bureau européen d'aide à l'asile, "pour examiner de quelle manière ils pourraient assister les autorités italiennes", a indiqué la porte-parole.
"La Commission est prête à discuter la question plus en détail au prochain Conseil Justice et Affaires intérieures le 24 février", a-t-elle ajouté. Le ministre de l'Intérieur Maroni et le ministre des Affaires étrangères Franco Frattini avaient réclamé vendredi "la convocation urgente d'une réunion au niveau politique du Conseil Justice et Affaires intérieures de l'UE".
L'Italie "demande le déploiement immédiat d'une mission Frontex d'interception et de patrouille au large des côtes de Tunisie pour le contrôle des flux", avaient aussi déclaré les ministres dans un communiqué commun.
Il faut "une réponse immédiate de l'UE à la nouvelle situation, l'Italie ne peut pas faire front seule et il est de l'intérêt de l'Europe entière (d'agir) de manière efficace et en temps voulu", avaient insisté les ministres Maroni et Frattini.
Visite en Tunisie
Le chef de la diplomatie de l'Union européenne, la Britannique Catherine Ashton, est attendue lundi en Tunisie, pour une visite centrée sur la volonté de l'UE d'apporter son assistance aux réformes démocratiques dans ce pays après la fuite du président Zine El Abidine Ben Ali.
Un porte-parole à Bruxelles a cependant indiqué dimanche soir à l'AFP, à propos des départs massifs de clandestins vers l'Europe ces derniers jours, que Mme Ashton évaluerait la situation sur le terrain, sans autres précisions. La Haute Représentante de l'UE pour les Affaires étrangères donnera une conférence de presse à Tunis lundi à 16h00 GMT.
afp/os
Le déploiement de policiers italiens en Tunisie jugé "inacceptable"
Le porte-parole du gouvernement tunisien a jugé "inacceptable" dimanche sur Al-Arabiya l'idée évoquée à Rome d'un déploiement de policiers italiens en Tunisie pour contenir l'immigration clandestine.
"C'est inacceptable", a déclaré le porte-parole Taïeb Baccouche, interrogé sur l'annonce par le ministre italien de l'Intérieur Roberto Maroni qu'il allait demander le déploiement de policiers italiens en Tunisie pour tenter d'empêcher les nombreux départs d'immigrants clandestins depuis ce pays.
"Le peuple tunisien refuse le déploiement de soldats étrangers sur son territoire", a répliqué Taïeb Baccouche, ajoutant sur la chaîne de télévision Al-Arabiya que le contrôle du littoral tunisien "relève de la compétence des autorités tunisiennes". Il a déploré les déclarations de Roberto Maroni, ajoutant toutefois qu'elles ne sont pas surprenantes dès lors qu'elles émanent d'un ministre appartenant à "l'extrême droite raciste".
Par ailleurs, les autorités tunisiennes ont envoyé des renforts pour enrayer le flux des clandestins des côtes tunisiennes vers l'Europe, a indiqué dimanche à l'AFP une source proche du gouvernement alors que des milliers ont débarqué sur l'île italienne de Lampedusa ces derniers jours.
"Les forces de la garde maritime travaillent jour et nuit pour arrêter ce flux. Elles ont arrêté beaucoup d'individus essayant de franchir les frontières. Des renforts ont été envoyés", a déclaré sous couvert d'anonymat cette source, qui n'a pas dit quel type de forces avaient été envoyées, combien et où.
"Nous passons par une période exceptionnelle et les forces font beaucoup d'efforts pour essayer d'arrêter le flux", a-t-elle poursuivi ajoutant que ce "phénomène (n'était) pas nouveau et ne concernait pas que la Tunisie".
Selon des sources sécuritaires citées dimanche par le quotidien Effadah, les autorités ont arrêté ces derniers jours 1000 à 1500 candidats à l'émigration. Quelque 5000 clandestins sont arrivés en cinq jours à Lampedusa, située à 138 km des côtes tunisiennes, pour la plupart des Tunisiens expliquant avoir fui un "pays à la dérive".