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Tunisie: l'UE met la main au porte-monnaie

La cheffe de la diplomatie européenne Catherine Ashton tente de régler la crise avec le Premier ministre Mohamed Ghannouchi. [STR]
La cheffe de la diplomatie européenne Catherine Ashton a rencontré le Premier ministre Mohamed Ghannouchi. - [STR]
La cheffe de la diplomatie européenne Catherine Ashton a annoncé lors d'une visite à Tunis des engagements financiers de l'UE en faveur de la Tunisie: 258 millions d'euros (350 mio de francs) d'ici 2013, dont 17 millions devant être débloqués "immédiatement". L'Italie, elle, demande 100 millions pour faire face à la vague de migrants tunisiens à ses frontières.

Lors d'une conférence de presse, la Haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité a précisé que ces aides étaient des dons et non des prêts. Catherine Ashton a par ailleurs déclaré avoir eu des "discussions franches et ouvertes" avec les responsables de la Banque européenne d'investissement (BEI) qui ont porté sur "la mobilisation cette année pour la région du voisinage sud, centrée tout d'abord sur la Tunisie", d'une enveloppe d'un milliard d'euros "à priori" destinée à impulser les PME et à promouvoir les projets d'infrastructures.

"L'UE soutient de toutes ses forces la société tunisienne pour faciliter la tenue d'élections libres d'ici fin 2011", a-t-elle assuré. Elle a qualifié de "très fructueux" les entretiens qu'elle a eus dans la matinée avec le premier ministre Mohamed Ghannouchi et plusieurs membres du gouvernement de transition. Elle a indiqué avoir également rencontré au siège de la Ligue tunisienne de défense des droits de l'Homme (LTDH) des représentants de la société civile, des jeunes et des femmes militant dans le domaine des droits humains.

"L'allié principal de la Tunisie"

"La démocratie profonde ne peut s'épanouir que par l'implication de ces acteurs", a suggéré Catherine Ashton qui a promis l'aide de l'UE dans ce sens. "L'Union européenne sera l'allié principal de la Tunisie pour aller vers la démocratie", a-t-elle insisté. "On veut aider à tout ce qui a trait à la vie politique et à la transition démocratique, tout en soutenant les programmes économiques et sociaux en mettant l'accent sur les zones défavorisées", a insisté la Britannique Ashton qui a appuyé la tenue d'une conférence internationale des bailleurs de fonds prévue en mars à Tunis.

Elle a noté que l'engagement de l'UE se situe sur le court et le long terme précisant des dispositions ont été prises pour augmenter le taux de l'aide à la Tunisie. En réponse à une question relative à la date des prochaines élections en Tunisie, elle a indiqué que "des contacts étaient en cours en vue de cette importante échéance". "La Tunisie se dit prête pour l'organisation de ces élections qui prendra le temps nécessaire, mais on voudrait que cela ne prenne pas beaucoup de temps", a-t-elle ajouté.

Interrogée sur la situation engendrée par l'affluence de milliers de migrants clandestins tunisiens vers l'Italie, la haute représentante de l'UE s'est bornée à déclarer que le commissaire européen en charge de l'immigration "travaillait très dur" sur ce dossier. "Le plus important est que les choses se déroulent convenablement en préservant la sécurité des personnes (les migrants) et celle de l'Italie", s'est-elle contentée de répondre.

Rome demande 100 millions

Des milliers de migrants sont encore en attente à Lampedusa. [Ciro Fusco]
Des milliers de migrants sont encore en attente à Lampedusa. [Ciro Fusco]

L'Italie a officiellement demandé lundi à la Commission européenne une aide de 100 millions d'euros ainsi que l'élargissement du rôle de Frontex, l'agence de surveillance des frontières européennes, face à la vague de migrants tunisiens. Le chef du gouvernement Silvio Berlusconi a eu au téléphone le président du Conseil européen Herman Van Rompuy auquel il a expliqué qu'"il s'agit d'une urgence qui concerne toute l'Union européenne et doit être affrontée de cette façon".

Selon un communiqué du gouvernement italien, Herman Van Rompuy "partage" son analyse et "a convenu de l'opportunité d'en discuter au plus vite entre chefs d'Etat et de gouvernement" de l'UE. Le ministre italien de l'Intérieur Roberto Maroni a annoncé de son côté avoir envoyé une demande formelle d'aide à l'UE, à l'issue d'une réunion du Comité national pour l'ordre et la sécurité, consacrée à l'afflux depuis le 15 janvier de 5278 Tunisiens dans le sud de l'Italie, en particulier sur la petite île de Lampedusa.

Roberton Maroni s'est dit "désolé" pour un début de polémique avec la commissaire européenne Cecilia Malmström en l'assurant de son "estime" et en précisant que "ses critiques visaient l'Europe dans son ensemble, pas la commissaire". "L'Europe nous a laissé seuls face à cette urgence", a-t-il dit. Sur les plus de 5000 immigrants arrivés ces derniers jours, 2644 ont été transférés de Lampedusa vers d'autres structures.  Le ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini est arrivé lundi soir à Tunis pour évoquer le problème avec le Premier ministre Mohamed Ghannouchi.

agences/ps

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La Suisse surveille ses frontières

L'exode massif de Tunisiens vers le Nord préoccupe les autorités suisses. Ces dernières ont déjà commencé à se préparer à un flot éventuel de réfugiés nord-africains, a indiqué lundi la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga devant les médias à Berne.

Les autorités helvétiques communiquent en premier ressort avec leurs homologues italiens, a-t-elle précisé. La Suisse est par ailleurs en contact avec les Etats de l'espace Schengen, afin de coordonner son action à celle des pays européens suite à l'arrivée de nombreux réfugiés, essentiellement tunisiens, sur l'île italienne de Lampedusa ces derniers jours. La conseillère fédérale a ajouté que les préparatifs ont aussi commencé à l'intérieur des frontières, notamment la recherche d'hébergements. "Nous nous sommes déjà mis au travail", a-t-elle souligné.

L'Office fédéral des migrations (ODM) surveille étroitement la situation en Italie et examine les éventuelles mesures à mettre en oeuvre, a expliqué de son côté à l'ATS sa porte-parole Marie Avet. L'ODM se base sur les informations des ambassades et des gardes- frontières. Jusqu'ici cependant, la Suisse n'a jamais été une destination privilégiée par les réfugiés tunisiens, qui lui préfèrent notamment la France, a-t-elle ajouté.