Silvio Berlusconi a finalement été mis en examen

La juge Cristina Di Censo a décidé mardi du "jugement immédiat" du président du Conseil, procédure accélérée du code pénal qui se base sur l'"évidence de la preuve", suivant la ligne du parquet formulée le 9 février. La première audience du procès, confié à un collège de trois magistrates, aura lieu le 6 avril.

Un scandale très grave

Silvio Berlusconi est accusé d'avoir rémunéré les prestations sexuelles de la jeune Marocaine Karima El Mahroug, alias "Ruby", entre février et mai 2010, alors qu'elle était mineure. Il est aussi accusé d'avoir fait pression sur la police milanaise pour la faire relâcher après son interpellation pour vol.

Les procureurs disent disposer de nombre d'éléments démontrant que Silvio Berlusconi a payé la jeune femme alors qu'elle n'avait que 17 ans. Ils disent aussi pouvoir démontrer son intervention dans le commissariat de police milanais, alors que Ruby était en garde à vue.

Aussi bien Silvio Berlusconi, 74 ans, que Ruby, 18 ans depuis novembre, ont nié avoir eu des rapports sexuels. La jeune Karima a seulement admis avoir participé à des dîners "tout à fait normaux et sages" et avoir reçu au moins 7000 euros pour participer à une soirée privée dans la luxueuse villa du chef du gouvernement à Arcore, près de Milan.

Selon la défense de Silvio Berlusconi, il est intervenu pour faire libérer la jeune fille, convaincu qu'elle était "la nièce du président égyptien Hosni Moubarak" et donc pour préserver de bonnes relations avec ce pays.

La défense veut un tribunal spécial

L'avocat du "Cavaliere", Niccolo Ghedini, compte contester la compétence du tribunal de Milan à la Chambre des députés, où la coalition au pouvoir est majoritaire. Pour lui, le Rubygate est du ressort du "tribunal des ministres", un collège de magistrats qui devrait être mis en place à Milan pour juger le Premier ministre pour une infraction commise dans ses fonctions.

Le milliardaire n'est pas obligé d'assister à son procès mais depuis l'abrogation partielle le 13 janvier par la Cour constitutionnelle d'une loi lui accordant une immunité pénale pour 18 mois, il devra justifier à chaque fois qu'il a un "empêchement légitime" qui rend impossible sa présence.

Silvio Berlusconi, qui n'a pas immédiatement réagi, dénonce régulièrement une persécution à son encontre de "juges gauchistes" décidés à le renverser.

Le 3e scandale sexuel

Bien qu'attendue, cette décision judiciaire est un nouveau coup porté au chef du gouvernement italien qui, à 74 ans, s'efforce de retrouver la cohésion de sa majorité après la défection des partisans de son ex-allié, Gianfranco Fini.

Le Rubygate est le troisième scandale sexuel qui implique Silvio Berlusconi (74 ans), après les affaires Noemi (mai 2009), une mineure dont la fréquentation avait abouti à une demande de divorce de sa femme, et D'Addario (juin 2009), une prostituée qui avait raconté une nuit torride avec le Cavaliere.

Mais il s'agit de l'affaire la plus grave car il est passible de trois ans de prison pour recours à la prostitution et de douze ans de réclusion pour abus de fonction.

agences/lan