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Kudelski s'en sort bien malgré un contexte ardu

André Kudelski estime que l'année a été plutôt bonne malgré des effets de change négatifs. [Dominic Favre]
André Kudelski estime que l'année a été plutôt bonne malgré des effets de change négatifs. - [Dominic Favre]
Le groupe vaudois Kudelski a tout juste atteint ses objectifs de résultats en 2010. Pénalisé par le franc fort et un ralentissement dans le sud de l'Europe, le spécialiste des systèmes d'accès sécurisés réduit ses coûts, planche sur de nouveaux produits et mise plus que jamais sur les pays émergents.

Le bénéfice net atteint 66,7 millions de francs, en hausse de 30,5% par rapport à 2009. Le résultat opérationnel grimpe de moitié à 110 millions. L'entreprise fondée il y a 60 ans réalise même un record au niveau du résultat opérationnel avant amortissement et pertes de valeur, qui bondit d'un quart à 173 millions. Le chiffre d'affaires n'a progressé que de 0,8% à 1,07 milliard, mais sa croissance hors effets monétaires atteint 7,6%.

Un contexte chahuté

Le groupe s'en est bien sorti dans un contexte chahuté, a commenté son patron André Kudelski jeudi devant la presse au siège de Cheseaux-sur-Lausanne. Dans le détail, le secteur phare de la TV numérique accroît ses ventes de 6,8% hors effets monétaires grâce à un excellent premier semestre. La croissance se limite à 2,1% pour la division middleware (interfaces) et publicité et à 0,5% pour les contrôles d'accès physiques (ski et parkings, notamment).

Pour s'assurer un avenir solide, le groupe a lancé une série d'initiatives avec un accent sur l'équilibre géographique et l'innovation. Alors que des marchés du Vieux Continent faisaient grise mine, les revenus au Brésil ont doublé l'an passé et sont désormais comparables à ceux des principaux pays européens. Kudelski veut développer encore davantage ses activités dans les pays émergents. Pour les dynamiser, il a créé une unité de vente spécialisée pour ces marchés, avec des offres personnalisées.

Innovations

Et sur le plan tactique: après le virage essentiel de 2008 faisant évoluer le modèle d'affaires de la vente vers la location, l'étape suivante consiste à ne pas se positionner juste en fournisseur qui vend une technologie, mais en partenaire stratégique qui amène de nouvelles sources de revenus à ses clients, a expliqué André Kudelski. Cette approche promet aussi de meilleures perspectives pour le groupe, qui peut empocher une partie de ces nouvelles recettes, à l'image de la co-entreprise qu'il vient de fonder avec un groupe coréen. Il s'agit aussi de se rapprocher des attentes du consommateur en offrant une utilisation simplifiée.

Et André Kudelski d'improviser une démonstration: visionnant un film sur une tablette numérique, il le fait glisser d'un doigt vers une télévision via un menu ergonomique. Ce système est sur le point d'être lancé en Espagne. L'objectif est ainsi de proposer des solutions d'accès à divers contenus en intégrant les différents supports disponibles, y compris le téléphone portable et l'ordinateur. Et les interfaces doivent être suffisamment ouvertes pour accueillir les supports des prochaines générations, précise André Kudelski.

Dans l'escarcelle du groupe figure aussi une carte de crédit fabriquée par Nagra ID à La Chaux-de-Fonds, avec clavier et écran intégrés. On y compose son code personnel qui génère un nombre pour chaque opération, sécurisant davantage les achats sur internet notamment. Le système, certifié par Maestro et Visa, est proposé aux acteurs bancaires et rencontre un intérêt certain, note André Kudelski.

Réduire les coûts

Reste que, pour maintenir sa rentabilité, le groupe doit réduire ses coûts. Mais il trouve le moyen de ne pas couper dans ses effectifs (environ 3000 employés dont un millier en Suisse): les équipes externes de développement et l'ingénierie situées dans des zones chères sont systématiquement remplacées par ses propres ressources dans des régions moins onéreuses. Le groupe a créé à cet effet une unité d'ingénierie à Bangalore, en Inde, avec déjà 35 employés et appelée à grandir. Il compte recueillir les fruits économiques de ces initiatives en 2012.

Kudelski va aussi passer en revue ses activités pour voir où sont possibles des économies ciblées. André Kudelski souligne que, même si le groupe parvient à préserver ses emplois, son embauche subit un sérieux coup de frein, alors que traditionnellement il produisait 50 à 100 nouveaux postes par an. En 2011, si le climat monétaire actuel persiste, la direction prévoit un bénéfice opérationnel et un chiffre d'affaires en déclin, compris respectivement entre 75 et 90 millions de francs et entre 1,025 et 1,05 milliard.

ats/boi/hof

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