Sorties CD: Favez sort un album de prestige

Les Lausannois de Favez publient leur septième album, "En Garde!", produit par une pointure du genre: Andrew Sheps (Johnny Cash, U2, les Red Hot, Michael Jackson). Favez avait déjà séduit le producteur américain John Agnello (Sonic Youth) à l'époque de "From Lausanne, Switzerland". C'est d'ailleurs grâce à ce disque que Sheps les repéra.

Chanceux donc, mais non moins talentueux, Christian Wicky et ses cinq acolytes ont ressorti claviers et guitares. Dans les Monnow Valley Studio du Pays de Galles, ils ont eu douze jours pour enregistrer douze chansons. Une pression qui leur a réussi.

"En Garde!", taillé pour les stades

Album extrêmement abouti, "En Garde!" attaque avec une belle fougue: le premier titre "Tearing Down The Highway" est taillé pour les stades. Suit "Living In The Past", qui annonce une autre force de l'album, ses mélodies. Addictives, elles font déjà flamber les hit-parades ("Closet Astronaut").

Hyper énergique, le disque ménage des respirations mélancoliques ("Sister Rose", "Under the Sun") avant de rebondir sur "The Kids", pour clore avec un crépusculaire "End the Show". Quelques semaines après la sortie du dernier Honey for Petzi, Favez montre encore une fois la richesse de la scène rock lausannoise.

Radiohead a pris tout le monde de court

Le jour de la Saint-Valentin, Radiohead a fait trembler la toile en annonçant sur son site que son huitième album "The King of Limbs" serait disponible le samedi 19 février. Re-surprise 4 jours plus tard. "C'est vendredi, presque le week-end et c'est la pleine lune", poste le guitariste Ed O'Brien en guise d'explication: le disque est téléchargeable.

Le très influent groupe anglais aime les pirouettes. En 2007, il avait créé l'événement avec "In Rainbows", disponible dans un premier temps que sur internet au prix voulu par les acheteurs. Mais la formule n'aura pas vécu. Cette fois, le fichier audio est payant.

Une liberté totale dans la forme

"The King of Limbs" ne se laisse pas apprivoiser  facilement. Mais ses 37 minutes de chansons nous laissent tout le temps de l'examiner. Le titre ("Le roi des limbes"), d'abord, ferait référence à un chêne millénaire de la forêt de Savernake au sud-ouest de l'Angleterre.

Une veine pastorale donc, qui fait foisonner fleurs, lacs et chant d'oiseaux dans celui de Thom Yorke. Au niveau de la forme, la liberté est totale et on se rapproche, avec des titres comme "Feral" de l'expérimental "Amnesiac" (2001). "Codex" et "Separator" sont plus accessibles. Au final, on appréhende ce disque de manière un peu littérale, comme un "royaume de limbes", forcément trouble: il n'y fait pas bon vivre.

Keren Ann sort un sixième album très planant

"101" est le nouvel album de la discrète Keren Ann. Et la chanteuse Néerlandaise semble avoir définitivement tourné le dos au français (installée en France dès ses 11 ans, elle a été nommée plusieurs fois aux Victoires de la musique) au profit de l'anglais.

Le single "My name is trouble", déjà un tube, donne le ton. La voix de Keren Ann, sublime, flotte, légère et planante. Si la plupart des titres appellent à la mélancolie, certains sont colorés ("Suger Mama", "Blood on My Hands"). L'ancienne acolyte de Benjamin Biolay sait créer des atmosphères intimistes en restant très élégante.

Rachel Antille