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Otages suisses: Calmy-Rey veut une action

Invitée : Micheline Calmy-Rey, présidente de la confédération
Micheline Calmy-Rey: "«Crapule» pour désigner Kadhafi n'est pas assez fort!" / Mise au point / 9 min. / le 6 mars 2011
Micheline Calmy-Rey appelle la justice helvétique à intenter une action contre le régime de Mouammar Kadhafi pour l'enlèvement des deux hommes d'affaires suisses retenus en Libye. Elle souhaite aussi que le dirigeant libyen soit traduit devant la CPI pour le "crime contre l'humanité" actuel en Libye.

"Je ne peux pas imaginer l'impunité", a déclaré Micheline Calmy-Rey à propos de Mouammar Kadhafi dans un entretien accordé à Mise au point, sur la TSR. "Je peux imaginer que l'on mette en route en Suisse une initiative du Ministère public de la Confédération" pour éclaircir les circonstances de l'enlèvement de Max Göldi et de Rachid Hamdani à l'automne 2009, a-t-elle en outre déclaré.

Micheline Calmy-Rey estime par ailleurs dans le même entretien que la répression de l'insurrection libyenne constituait "un crime contre l'humanité". La place du dirigeant libyen "est à La Haye", devant la Cour pénale internationale (CPI), a-t-elle ajouté.

"La situation a fondamentalement changé pour nous: les deux otages sont de retour chez eux, l'ambassade de Suisse à Tripoli est fermée et ne peut plus être attaquée, comme c'est déjà arrivé. Aujourd'hui, nous sommes à nouveau libres de nos gestes", avait dit la cheffe de la diplomatie helvétique dans la presse dominicale.

Soulagement de Rachid Hamdani

L'ancien otage Rachid Hamdani s'est dit "soulagé" dimanche sur les ondes de la Radio Suisse Romande (RSR) par les déclarations de la présidente de la Confédération. Il a souhaité que l'"injustice" qu'il a subie avec Max Göldi soit reconnue et a aussi dit sa disposition à se porter partie civile.

Les deux ex-otages avaient reçu un plein soutien de l'ONG durant leur séjour forcé. [KEYSTONE]
Les deux ex-otages avaient reçu un plein soutien de l'ONG durant leur séjour forcé. [KEYSTONE]

La Suisse a déjà pris une série de mesures, a souligné la conseillère fédérale dans la presse alémanique. Berne a suspendu le tribunal arbitral qui devait se pencher sur l'"affaire Kadhafi", bloqué les avoirs du dirigeant libyen en Suisse et accordé son soutien à ces gens "courageux, qui descendent dans la rue pour défendre les droits humains et la démocratie".

De plus, la Suisse soutient la mission du Conseil des droits de l'homme de l'ONU qui doit enquêter sur les crimes contre la population civile sur place. "Nous devrions aussi nous défendre maintenant contre ce qui a été fait aux deux Suisses", a-t-elle ajouté.

Plainte pendante

Micheline Calmy-Rey avait déjà évoqué la possibilité d'une procédure contre la Libye pour enlèvement en juin 2010, quelques jours après la libération de Max Göldi. Une telle procédure est déjà en cours, a rappelé dimanche à l'ATS le président du Mouvement Citoyens Genevois (MCG) Eric Stauffer, qui avait porté plainte en juin 2010 contre Hannibal et Mouammar Kadhafi pour prise d'otages avec demande de rançon, menaces et chantage.

Eric Stauffer avait saisi le Ministère public de la Confédération (MPC) et la justice genevoise. La plainte est toujours pendante, a-t-il précisé. Dans un communiqué, le MCG juge "paradoxal" que Micheline Calmy-Rey ne fasse pas stopper les poursuites entamées par le MPC contre Eric Stauffer pour outrage à chef d'Etat étranger à cause des affiches de son parti associant Kadhafi aux criminels étrangers. Le parti dénonce le fait qu'un "despote sanguinaire" ait "obtenu des appuis inacceptables pendant trop longtemps de la part des autorités suisses".

ats/jzim/ther

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