Au lendemain de l'instauration de l'état d'urgence à Bahreïn, de nombreuses personnes ont été tuées suite à l'assaut des forces de l'ordre à l'aube sur la place de la Perle. D'après des témoins qui ont requis l'anonymat, au moins deux manifestants ont été tués lors de l'assaut. Des responsables de l'hôpital Ibn Nafees rapportaient la mort d'un troisième manifestant qui a succombé à ses blessures après avoir été atteint par des balles dans le dos. La télévision d'Etat rapportait de son côté que deux policiers étaient morts après avoir été percutés par un véhicule. Le ministère de l'Intérieur a fait état d'au moins un autre policier tué, sans donner la cause.
Le bilan de la répression menée par les forces de sécurité bahreïnies varie entre trois et cinq victimes parmi les protestataires chiites. En effet, l'agence Reuters, citant un élu de l'opposition qui a dénoncé "une guerre d'anéantissement", évoque un bilan s'élevant à cinq morts et des centaines de blessés.
Bourse de Bahrein fermée
"La situation est catastrophique. Les forces ont tiré à balles réelles", a précisé Khalil Marzouk, député du puissant mouvement chiite Al-Wefaq. En outre, il accuse les forces de sécurité bahreïnies d'avoir voulu "délibérément tuer" les protestataires. Elles ont violemment délogé mercredi matin une centaine de manifestants qui campaient depuis près d'un mois sur la place pour réclamer des réformes, mettant momentanément fin au mouvement de contestation populaire dans ce petit royaume du Golfe.
Des centaines de policiers de la force anti-émeutes, arrivés à bord de chars, de véhicules de transport de troupes et de bus, ont pris le contrôle de la place après avoir lancé des dizaines de grenades lacrymogènes sur les manifestants, en majorité chiites. Les policiers ont également tiré au fusil de chasse sur les manifestants.
Quant aux autorités bahreïnies, elles ont annoncé mercredi la fermeture de la Bourse, des écoles et des universités dans le pays où le roi a proclamé l'état d'urgence pour contenir la contestation populaire. "La Bourse de Bahreïn sera fermée aujourd'hui, mercredi 16 mars, en raison de la proclamation de l'état d'urgence dans le royaume", déclare un communiqué officiel.
Appel aux manifestations en Irak
Du côté irakien, un haut dignitaire chiite, Bachir al-Najafi, a condamné mercredi la violente répression menée par le gouvernement de Bahreïn contre les manifestants, principalement chiites, à Manama. Quant au jeune chef radical chiite irakien Moqtada Sadr, il a exhorté ses partisans à manifester mercredi après-midi à Bagdad et Bassora, dans le sud de l'Irak, en soutien aux manifestants à Bahreïn, a indiqué Hazem al-Aaraji, un responsable du mouvement sadriste à Najaf. "Moqtada Sadr appelle également à manifester vendredi dans tout l'Irak (...)", a-t-il ajouté.
"Nous condamnons cet acte de répression irresponsable", a déclaré l'ayatollah Najafi, l'un des quatre dignitaires chiites les plus influents d'Irak, dans un communiqué publié par son bureau dans la ville sainte chiite de Najaf, à 110 km au sud de la capitale. "Nous demandons l'arrêt immédiat de cette injustice faite aux citoyens", a-t-il ajouté.
afp/jbu
Couvre-feu à Manama
Les autorités bahreïnies ont décrété mercredi un couvre-feu de 16h à 4h dans les secteurs de Manama ayant connu des manifestations, notamment la Place de la Perle et le district financier.
L'annonce a été faite par un porte-parole de l'armée sur la télévision officielle, qui a précisé que le couvre-feu serait appliqué à partir de mercredi et jusqu'à nouvel ordre.
Il a ajouté que les rassemblements, marches et sit-in étaient interdits à travers le pays. En dépit de cette annonce, un groupe de jeunes activistes bahreïnis a appelé à une manifestation mercredi après-midi aux abords de Manama.
Des SMS au nom de la "coalition du 14 février", date à laquelle ont commencé les manifestations à Bahreïn, ont appelé à une manifestation à 13h30 à Boudaie, à l'ouest de Manama.