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Fin de la vente de billets dans les trains envisagée

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Acheter son billet directement dans le train pourrait bientôt ne plus être possible. - [Gaetan Bally]
Pour encaisser des recettes supplémentaires, les CFF étudient la possibilité d'abandonner la vente de billets par les contrôleurs dans les trains, obligeant les passagers à acheter leur billet avant de monter à bord. Pour la fédération romande des consommateurs, c'est une solution illogique.

"Pour l'instant, il s'agit juste d'une idée, lancée lors de discussions avec les CFF, mais il n'y a aucune décision", précise Roger Baumann, porte-parole de l'Union des transports publics (UTP), confirmant une information parue mercredi dans Le Temps. L'organisation faîtière des compagnies de transports suisses est responsable des dispositions tarifaires. "La décision nous appartiendrait. Mais pour l'instant, il n'y a aucune demande en ce sens", ajoute Roger Baumann.

La question est pourtant débattue au sein de l'ancienne régie fédérale. "C'est effectivement une solution que l'on envisage. Le non-achat de billets représente chaque année quelques dizaines de millions de francs de manque à gagner" avance Jean-Louis Scherz, porte-parole des CFF.

Une question "d'équité"

Sans pour autant avancer que tous les passagers n'achetant pas leur billet le font volontairement pour tenter de resquiller, il assure que "contraindre les gens à acheter leur titre de transport avant de monter augmenterait les recettes du trafic voyageur. Et, par conséquent, nous permettrait de mieux maîtriser l'augmentation annuelle des tarifs, ce qui serait bénéfique à l'ensemble des voyageurs. C'est une question d'équité."

03-23, cff2, key.JPG [KEYSTONE - Alessandro Della Bella]
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S'il est difficile d'évaluer le pourcentage de passagers voyageant sans titre de transport, les CFF annoncent que sur les 900'000 voyageurs quotidiens, seuls 1900 billets sont achetés directement dans les trains.

"Ce chiffre est en baisse depuis quelques années, annonce Jean-Louis Scherz. D'une part depuis l'augmentation en 2009 de la taxe de 5 à 10 francs. Mais surtout parce que de plus en plus de clients utilisent les moyens modernes, que ce soient les automates, les billets en ligne ou les téléphones portables. Il n'y a donc plus d'excuse pour ne pas acheter son billet avant de monter."

Même si les sanctions ne seraient définies que si le projet se concrétise, les CFF pourraient décider d'appliquer le même tarif que pour les resquilleurs, à savoir un supplément de 80 francs au minimum, et jusqu'à 160 francs en cas de récidive.

Victorien Kissling

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Une idée "illogique et régressive"

"Je suis étonné de cette approche bureaucratique qui va totalement à l'encontre de l'intérêt des utilisateurs", réagit Mathieu Fleury, secrétaire général de la Fédération romande des consommateurs (FRC). "C'est même une décision illogique et régressive, dans le sens où les CFF se vantent d'offrir de plus en plus de canaux de vente de billets, et décideraient tout à coup d'en ôter un, pourtant apprécié des passagers."

Quant à l'argument de libérer du temps aux contrôleurs pour les rendre plus disponibles à l'information et au service aux voyageurs, Mathieu Fleury juge que c'est une "aberration" dans le sens où la vente de billets est justement "un service aux usagers."

"Les CFF ont deux réalités. Celle des grandes lignes et celle des lignes régionales, plus proches du métro, qui possèdent déjà un système d'auto-contrôle. Une telle décision ne changerait donc pas grand chose, puisqu'elle ne toucherait que les grandes lignes où le taux de resquille est moins élevé", ajoute encore la FRC.

Pour Mathieu Fleury, l'étude n'a que peu de chance de déboucher sur une décision concrète. "Les CFF avaient réduit le nombre de contrôleurs. Mais ils ont dû ajouter une police ferroviaire. Cet exemple montre bien que certaines décisions ne peuvent pas être prises sans compensation, et je doute en ce sens qu'ils appliquent réellement la suppression des ventes de billets dans les trains."

De leur côté, les CFF ne communiquent aucune date concernant la suite de ce projet, se contentant de répéter qu'il est seulement "en discussion".