Johan Van Summeren a brûlé la politesse à Fabian Cancellara à Paris-Roubaix. Le géant belge (1m97) de Garmin-Cervélo a remporté la plus grande victoire de sa carrière, tandis que le Bernois a échoué au 2e rang.
Grand favori, Cancellara avait pourtant tout en main pour signer un triplé après ses succès en 2006 et en 2010. Comme l'an dernier, le coureur de Leopard-Trek lançait une première attaque sur les pavés de Mons-en-Pévèle à environ 50 km de l'arrivée. Il remettait ça dix kilomètres plus loin. Mais il était à chaque fois repris par le Norvégien Thor Hushovd, qui refusait ensuite de prendre le relais.
Agacé par l'attitude du champion du monde et ne voulant pas assumer seul la chasse, Cancellara se relevait alors que Van Summeren et le groupe de tête se trouvaient à moins de trente secondes. Il tentait un baroud d'honneur en fin de course, mais il était trop tard pour rattraper le Belge.
Comme la semaine dernière au Tour des Flandres (3e), Cancellara peut nourrir de gros regrets. Il était à nouveau le plus fort du peloton. Mais encore une fois, la tactique et le marquage de ses rivaux l'ont privé de la victoire.
"J'ai fait le maximum possible, je ne pouvais pas faire plus. J'ai fait beaucoup, beaucoup de travail. J'ai roulé pour gagner. Après la troisième place du Tour des Flandres et la deuxième place de Milan-Sanremo, je pensais bien sûr à la victoire. Mais c'est comme la semaine passée. Tout le monde sait qu'avec moi, ça va être dur. Hushovd ? Dans son coeur, il a dû penser à la victoire mais il y avait une situation tactique avec un de ses coéquipiers devant. A la fin, je fais une jolie course. Je suis fier d'être arrivé encore deuxième. Je n'ai pas gagné, je ne dois pas chercher d'excuses, mais c'est comme une victoire pour moi. Ce n'est pas possible de toujours gagner."
En arrachant la deuxième place, le quadruple champion du monde du contre-la-montre a toutefois prouvé qu'il avait un orgueil de champion. Ses résultats du printemps sont aussi là pour l'attester: 2e à Milan-San Remo, 1er au GP E3, 3e au Tour des Flandres, 2e à Paris-Roubaix.
Elmiger et Rast dans le coup
Derrière Cancellara, les autres Suisses ont brillé lors de "l'Enfer du Nord". Longtemps aux côtés de Van Summeren, Gregory Rast (RadioShack) a pris une 4e place autant belle qu'inattendue. Lui aussi Zougois, Martin Elmiger (AG2R La Mondiale) a animé la première échappée sérieuse de la journée, s'offrant même le luxe de faire la course en tête durant quasiment toute la Trouée d'Arenberg, un des secteurs pavés les plus difficiles et mythiques de Paris-Roubaix.
En s'imposant, Van Summeren a créé la sensation. Avant ce coup d'éclat, le coureur de 30 ans affichait un palmarès bien modeste avec une victoire au Tour de Pologne en 2007 comme seul véritable haut fait. Le Belge avait toutefois montré qu'il se sentait bien sur les pavés du nord, lui qui avait terminé 8e en 2008 et 5e en 2009.
Le calvaire de Tom Boonen
Pour Tom Boonen, ce Paris-Roubaix a viré au cauchemar. Victime d'un problème mécanique dans la Trouée d'Aranberg, le Belge était longtemps immobilisé. Une quinzaine de kilomètre plus tard, il était impliqué dans une chute. C'en était trop. Le leader de la Quick Step jetait l'éponge peu après, lui qui visait le record de quatre victoires de son compatriote Roger De Vlaeminck.
si/bond
Paris - Roubaix, le classement
1. Johan Van Summeren BEL 6h07'28" Moyenne: 42,126 km/h
2. Fabian Cancellara SUI + 19"
3. Maarten Tjallingi NED 19"
4. Grégory Rast SUI 19"
5. Lars Bak Ytting DEN 21"
6. Alessandro Ballan ITA 36"
7. Bernhard Eisel AUT 47"
8. Thor Hushovd NOR 47"
9. Juan Antonio Flecha ESP 47"
10. Mathew Hayman AUS 47"
11. Frédéric Guesdon FRA 47"
12. Lars Boom NED 47"
13. Mirko Selvaggi ITA 47"
14. Jurgen Roelandts BEL 47"
15. Mitchell Docker AUS 47"
16. Damien Gaudin FRA 47"
17. Martin Elmiger SUI 47"
18. Tomas Vaitkus LIT 47
19. John Degenkolb GER 2'10"
20. Sep Vanmarcke BEL 2'10"
37. Michael Schaer SUI 3'43"
96. Simon Zahner SUI 13'59"
107. Michael Baer SUI 17'42"