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La presse hésitante après la mort de Ben Laden

Ben Laden occupe la "Une" de quasiment tous les quotidiens. [Damian Dovarganes]
Ben Laden occupe la "Une" de quasiment tous les quotidiens. - [Damian Dovarganes]
Au lendemain de la mort du chef d'Al-Qaïda Oussama Ben Laden, la presse helvétique et internationale oscillait mardi entre joie libératrice et appels à la prudence. Les médias britanniques se montrent particulièrement virulents, tandis que les quotidiens français sont plus sceptiques quant au réel impact de la mort du terroriste.

"Ils ont eu sa peau", "Ben Laden, la chute", "Washington touche et coule Ben Laden", "La Maison Blanche a choisi de réduire Ben Laden au silence", "Obama s'offre la tête d'Oussama Ben Laden": les "Une" de la presse helvétique rivalisaient d’originalité mardi matin, au lendemain de la mort d’Oussama Ben Laden. (Lire: Mort d'Oussama Ben Laden)

Réactions helvétiques mesurées

La tête d'Oussama Ben Laden traversée par une balle en forme de Boeing: c'est le dessin signé Chappatte qui figure en première page du Temps mardi, en allusion aux attentats du 11-Septembre contre le World Trade Center. Le journal voit dans la mort de l'homme le plus recherché du monde (lire:  Mort de Ben Laden) "Le 12 septembre américain". C'est seulement aujourd'hui, note l'éditorialiste, "que l'on se rend pleinement compte des obsessions, du pessimisme, des blocages et de la paralysie qui ont accompagné cette décennie".

A New Delhi, des Indiens célébrent la "victoire contre le terrorisme". [KEYSTONE - ANINDITO MUKHERJEE]
A New Delhi, des Indiens célébrent la "victoire contre le terrorisme". [KEYSTONE - ANINDITO MUKHERJEE]

Le Matin constate lui que le corps de Ben Laden a été "balancé à la mer sans autre forme de procès" et s'interroge: "le diable a-t-il droit à un procès?". Le quotidien orange rappelle que "pour les Américains, Oussama Ben Laden était Satan en personne".

La Tribune de Genève et 24 heures nous apprennent que la décision de lancer une opération contre une cible qui n'était pas formellement identifiée comme Ben Laden ne faisait pas l'unanimité à la Maison Blanche et que c'est finalement Barack Obama qui a tranché. Les deux quotidiens espèrent toutefois que ce dernier, débarrassé de Ben Laden, renoue avec une politique étrangère plus nuancée et moins idéologique.

Pour sa part, L’Express estime que le prestige dont est auréolé le président américain pourrait être décisif dans la perspective de la présidentielle. Plus critique, Le Courrier espère toujours d’Obama un acte qui lui fasse mériter son prix Nobel de la paix.

Les Britanniques vengeurs

La mort d'Oussama Ben Laden devrait être célébrée comme "un tournant capital" dans le combat contre le terrorisme, estime unanimement mardi la presse britannique, mettant en relief l'affaiblissement de la position d'Al-Qaïda dans le monde arabe.

"Une balle dans la tête c'était tout ce que méritait ce lâche", juge sans ambages," le Daily Mail. "S'ils (Al-Qaïda) adorent autant la mort que nous la vie (...) Une balle entre les deux yeux, c'est la seule chose à faire", ajoute le tabloïde. "Ben (Laden) au tableau de chasse"" titre en "Une" le Sun.

Certains quotidiens doutent que la mort de Ben Laden ne change quoi que ce soit. [KEYSTONE - Musadeq Sadeq]
Certains quotidiens doutent que la mort de Ben Laden ne change quoi que ce soit. [KEYSTONE - Musadeq Sadeq]

"Une telle ordure meurtrière n'a jamais autant mérité une balle dans la tête", écrit le journal dans son éditorial. "Il (Ben Laden) ne menait pas une vie austère qu'il exigeait de ses partisans. L'ordure hypocrite vivait dans le luxe dans sa forteresse tout confort", poursuit le journal.

La France prudente

"L'homme qui a incarné le djihadisme international meurt au moment où le "printemps arabe" vient de porter un coup à ce fantasme totalitaire", souligne le journal français Le Monde.

Qualifiant le chef d'Al-Qaïda d'"icône monstrueuse d'une multinationale franchisée du terrorisme", Le Figaro estime qu'"il faudrait être un naïf invétéré pour croire que la mort de Ben Laden ouvre la voie à un monde enfin débarrassé de l'ignoble chantage du terrorisme".

"Ben Laden restera comme l'anamorphose de la décennie. Sa mort est celle d'un des visages du terrorisme" écrit Libération dans un numéro spécial.

"Got him!"

"On l'a eu!": à l'image du gros titre du tabloïde New York Post, la jubilation se lisait déjà dans toute la presse américaine lundi matin, quelques heures après l'annonce par le président Barack Obama de la mort d'Oussama Ben Laden. Tous les grands quotidiens américains faisaient leur "Une" sur la mort de l'homme le plus recherché du monde, le plus souvent en choisissant de préciser qu'il s'agissait d'une opération à mettre au compte de Barack Obama.

"Le nom de Ben Laden va disparaître de la liste très réduite des pires bandits internationaux qui représentent un danger pour la vie et la liberté des Américains", affirme le Boston Globe. Mais, prévient-il, "l'organisation qu'il dirigeait va poursuivre ses activités, Al-Qaïda n'est pas mort, d'autres groupes extrémistes vont apparaître". (Lire: Après la mort de Ben Laden)

Pour le Los Angeles Times, "la mort de Ben Laden ne va pas abolir le terrorisme, éliminer Al-Qaïda ni achever la guerre internationale qui a commencé avec le 11-Septembre, parce que trop de gens dans trop de pays sont aveuglés par son discours assurant que les Etats-Unis sont en conflit implacable avec les valeurs de l'islam". Plus radical, le New York Daily News, barre sa "Une", figurant une photo du chef d'Al-Qaïda, d'un "va brûler en Enfer!" en lettres capitales géantes.

bkel avec les agences

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