AVS: les prévisions sont meilleures que prévu

Le gouvernement compte présenter la 12e révision de l'AVS vers 2013, a annoncé Didier Burkhalter mercredi à l'issue de la séance du Conseil fédéral. Après l'échec des deux précédentes moutures - devant le peuple et devant le Parlement -, la prudence est de mise, selon lui. Les bases de la réforme devront être concoctées de concert avec les partenaires sociaux dans le cadre d'un processus participatif.

Flexibiliser l'âge de l'AVS

Tout en refusant d'anticiper sur ce dialogue, le ministre des Assurances sociales a donné le ton. Pas question de s'exprimer sur le relèvement de l'âge de la retraite à 67 ans, lancé par son prédécesseur Pascal Couchepin: Didier Burkhalter s'est contenté de secouer la tête.

Mais le but est bel et bien de "stimuler et rendre sa pleine valeur au travail pour les personnes d'un certain âge, tout en supprimant les incitations à la retraite anticipée".

Il s'agit en quelque sorte de flexibiliser l'âge de l'AVS en offrant des encouragements vers le haut. En parallèle, des mesures sociales devront être envisagées pour les personnes ayant un travail pénible. "Et il faut aussi trouver un modèle où les jeunes s'y retrouvent et n'aient pas l'impression de payer pour les aînés", a ajouté Didier Burkhalter.

Perspectives moins négatives

La future révision de l'AVS sera bâtie sur les nouvelles perspectives financières présentées mercredi. Celles-ci sont un peu plus roses que ce qui avait été admis jusqu'ici et se rapprochent désormais de celles des syndicats. Le facteur migratoire et la progression de la structure des salaires avaient été sous-estimés.

Les nouvelles projections tablent sur un solde migratoire de 40'000 personnes jusqu'en 2030, au lieu de 15'000. Sans immigrés, l'AVS serait dans les chiffres rouges depuis 1992, a souligné le directeur de l'Office fédéral des assurances sociales (OFAS) Yves Rossier.

Des soucis à prévoir dès 2025

La fortune de l'AVS devrait fondre entre 2020 et 2030, au gré de l'évolution économique. L'hypothèse moyenne est donc que dès 2025, le déficit de l'assurance ne pourra plus être compensé par le produit généré par le placement de la fortune de l'AVS.

Dès lors, les liquidités du fonds du premier pilier passeront au-dessous des 50% des dépenses d'une année et l'AVS sera sous-financée à hauteur de 4,5 milliards de francs par an. Cela correspond à 1% de la masse salariale ou 1,3 point de TVA. Si la conjoncture se détériore rapidement, le niveau critique pourrait être atteint en 2020. Si les conditions sont favorables, la date sera reportée à 2030, d'après le directeur de l'Office fédéral des assurances sociales Yves Rossier.

Pour maintenir des chiffres équilibrés jusqu'en 2030, il faudra, selon les estimations, économiser entre 5,1 et 11,4 milliards de francs par an. Ou trouver des recettes supplémentaires du même ordre, par exemple via une ponction salariale de 2,9% ou une hausse de la TVA de 3,7 points dans le pire cas.

Tous les pays industrialisés sont confrontés à la nécessité de réformer leur système de retraites sous la pression démographique, a relevé Didier Burkhalter, au lendemain d'une conférence de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) à Paris. Plusieurs pays ont relevé l'âge de la retraite ou sont en passe de le faire. La Suisse attend une analyse de l'OCDE sur son système de retraites en comparaison avec des pays similaires, a annoncé le conseiller fédéral.

ats/hof