Les faiblesses découvertes par l'IFSN ne représentent pas un "danger immédiat" pour la population, révèle l'instance dans son rapport présenté jeudi à Brugg (AG). Cette conclusion se base sur le résultat des contrôles effectués après la catastrophe nucléaire de Fukushima.
L'IFSN avait demandé aux exploitants des centrales de vérifier l'alimentation en eau de refroidissement, les piscines de stockage des assemblages combustibles et leur refroidissement en cas de séisme ou d'inondation. Elle a analysé durant le mois d'avril les résultats de ces recherches obtenus fin mars.
Mühleberg et Beznau bonnets d’âne
Les centrales de Mühleberg et Beznau présentent le plus de faiblesses. Dans les deux cas, le système de refroidissement de la piscine des assemblages combustibles est "insuffisamment protégé contre les séismes et les inondations".
Les mesures d'urgence permettant de rétablir le refroidissement dans un tel cas sont "incomplètes", révèle l'IFSN.
Les centrales de Leibstadt (AG) et Gösgen (SO) connaissent, elles, seulement des problèmes d'indication du niveau et de la température de la piscine de stockage. Les exploitants des quatre sites ont jusqu'au 31 août pour présenter à l'IFSN des mesures d'amélioration visant à remédier aux défauts constatés.
Dans les centrales de Leibstadt (AG) et Gösgen (SO), le niveau et la température de la piscine de stockage des assemblages combustibles sont certes indiqués dans la salle de commande principale. Mais ces indications ne sont "pas sûres" en cas d'accident et n'apparaissent pas au poste de commande d'urgence.
Quatre mois pour agir
Les centrales ont jusqu'au 31 août pour présenter des mesures permettant de remédier à ces manques. Elles doivent aussi apporter des preuves supplémentaires de la sécurité des piscines de stockage des assemblages combustibles en cas de séisme ou de crue, ainsi que de leur protection contre les explosions d'hydrogène.
Jusqu'au 30 juin prochain, l'IFSN exige en outre que les centrales apportent la preuve de la maîtrise d'une crue extrême survenant une fois tous les 10'000 ans.
D'ici au 31 mars 2012, les exploitants devront prouver qu'ils peuvent faire face à un séisme survenant une fois tous les 10'000 ans ainsi qu'à un séisme combiné à la rupture de barrages dans les environs.
Délais raccourcis
Les délais imposés aux exploitants de centrales nucléaires pour améliorer et prouver leur niveau de sécurité sont "très serrés", reconnaît Hans Wanner. Ils ont été raccourcis après la catastrophe de Fukushima, précise le directeur de l'IFSN.
L’IFSN va en outre obliger les exploitants à se soumettre au "test de stress" de l'Union européenne. Ils devront rendre compte des résultats qu'ils y ont obtenus d'ici la mi-septembre prochain, a souligné son directeur. Outre les questions de résistance aux catastrophes naturelles, les problèmes bien connus de fissures du manteau du réacteur de Mühleberg (BE) font l'objet d'une analyse séparée.
Les exploitants de la centrale bernoise ont présenté fin 2010 un concept de sécurisation à long terme du manteau de leur réacteur, qui est actuellement étudié par l'IFSN. Selon Hans Wanner, les centrales nucléaires suisses sont "sûres", aujourd'hui encore. Leur sécurité suivent "les standards élevés appliqués en Suisse". Aucune mise hors service préventive n'est donc actuellement nécessaire.
ats/bkel
La gauche veut aller plus loin
Le groupe Axpo, qui exploite les deux réacteurs de Beznau, a fait savoir qu'il allait mettre en oeuvre dans les délais impartis les recommandations de l'Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN), tout comme les exploitants de la centrale de Gösgen.
En charge de la centrale de Mühleberg, les Forces motrices bernoises entendent aussi se soumettre aux propositions de l'IFSN. Elles considèrent néanmoins comme sévère le jugement apporté à leur centrale.
L'IFSN a beau pointer du doigt des lacunes au niveau de la sécurité des centrales, ses conclusions ne sont pas les bonnes, estime le Parti socialiste, qui veut une fermeture immédiate de Mühleberg. A plus long terme, le parti appelle à une "véritable prise de conscience politique" en vue d'une sortie coordonnée du nucléaire.
Le rapport de l'IFSN montre qu'il y a déficits de sécurité dans les cas extrêmes de tremblement de terre et d'inondation, relève le conseiller aux Etats Filippo Lombardi (PDC/TI). Il se dit néanmoins satisfait de la rapidité avec laquelle l'IFSN a travaillé et des mesures exigées des centrales. Les délais impartis pour les réaliser lui semblent également corrects.
Le conseiller national Hans Rutschmann (UDC/ZH) est par contre satisfait du rapport de l'IFSN. Avoir pris en compte ce qui s'est passé à Fukushima est une bonne chose, a-t-il dit.
De son côté, la commission de l'énergie du Conseil national va auditionner lundi les experts de l'IFSN sur la sécurité des centrales nucléaires suisses. Elle visitera ensuite mardi la centrale de Mühleberg pour se rendre compte de la question ellemême, a indiqué son président Jacques Bourgeois (PLR/FR).