Jean-Claude Gandur parle de son amour pour les objets et du rôle que doivent jouer les collections et les collectionneurs:
Un monte-charge au fond d’un garage rempli de camions. Puis un couloir sans charme en béton, le long duquel sont entassé des cartons. Une grande porte rouge ouverte par un employé de la sécurité. Et là, le choc ! Une caverne aux trésors… La salle est d’un blanc immaculé. Sur les étagères et les présentoirs, des statuettes, des amulettes, des objets funéraires, des portraits, des bas-reliefs. Les objets sont posés sur de petits socles qu’aucune vitrine n’emprisonne.
Le collectionneur ne cesse d’étudier ses acquisitions. Elles sont partout chez lui. « J’ai même des amulettes dans mon verre à dent » dit-il en riant:
Les fines mains de Jean-Claude Gandur manipulent délicatement une œuvre millénaire: l’admiration se lit dans son regard expert. Ce citoyen vaudois, aux origines cosmopolites – Égypte, Italie, Russie – a dû évacuer d’urgence les antiquités de sa maison, car l’humidité les dégradaient : une erreur de conception de l’architecte responsable de la construction d’une salle particulière au sous-sol.
Depuis, son incroyable collection est abritée chez un transporteur d’art dans la zone industrielle de Carouge. Et comme l’homme d’affaires ne peut pas vivre sans ses objets, le lieu lui permet de leur « rendre visite ».
Car Jean-Claude Gandur ne collectionne pas « pour le lucre », comme il aime le souligner. « Ce qui m’importe, ce sont les choses importantes comme l’art et la beauté, » assure-t-il dans un grand sourire. Lui qui vient d’une famille de collectionneurs, fait très attention à ce qu’il achète. Sa Fondation Gandur pour l’Art se conforme de manière très stricte au code d’éthique du Conseil International des Musées.
Lorsqu’on achète un objet, il faut être attentif à sa provenance, afin de ne pas entacher toute une collection:
Ses différentes collections, qu’il a accumulées tout au long de sa vie, Jean-Claude Gandur n’aimerait pas qu’elles soient dispersées. Son goût est éclectique : pièces antiques d’art égyptien, romain et grec, 300 tableaux non-figuratifs du XX siècle ou encore objets d’art décoratif allant de la sculpture médiévale aux meubles français du XVIII siècle… Le mécène aime la Suisse et désire que toutes les strates de la société en bénéficient.
Château-d’Œx, l’enfance et la Suisse occupent une place importante dans la vie de Jean-Claude Gandur:
Cet homme, qui a fait fortune dans la prospection et le négoce du pétrole (il a fondé l’Addax and Oryx Group), est plein d’idées et de projets. Sa retraite – s’il la prend un jour – sera évidemment fort occupée. Il désire rendre l’art plus accessible aux enfants, notamment et il continuera d’augmenter son étonnante collection. Alors, boulimique, Jean-Claude Gandur ? Il élude la question avec un sourire malin et une boutade : « Pourquoi ? Vous me trouvez gros ? »
Stéphanie Jaquet