A un an de la présidentielle de 2012, ce trentième anniversaire de l'accession au pouvoir de candidat à "La force tranquille", comme stipulé sur son slogan de campagne, sera célébré par une pléthore de livres, numéros spéciaux (le quotidien de gauche Libération publie un hors-série de 164 pages) ou documentaires (sur France 2, un docu-fiction narrera ainsi les deux premières années à l'Elysée).
Le PS organisera également le 10 mai une journée portes ouvertes, tandis que des timbres à l'effigie de François Mitterrand, décédé en janvier 1996 à 79 ans, seront mis en vente. Un concert gratuit est encore prévu place de la Bastillle.
Ces diverses célébrations témoignent de la portée de l'événement qui s'est produit il y a trois décennies. Le 10 mai 1981, alors que s'affichent les résultats (51,75% pour Mitterrand, 48,25% pour le président sortant Valery Giscard d'Estaing), des scènes de liesse se déroulent dans toute la France. A Paris, le "peuple de gauche" va fêter sa victoire place de la Bastille, lieu symbole des grands bouleversements politiques et sociaux.
Crainte de fuite des capitaux
Les partisans de Giscard sont, eux, sous le choc. Effrayés aussi. Dès le soir du 10 mai, les douanes françaises renforcent même leur surveillance pour empêcher toute fuite de capitaux vers l'étranger. De fait, l'intensité des réactions illustre la rupture que constitue l'élection de François Mitterrand. Présenté comme "l'homme du passé" par Giscard, Mitterrand, qui est en politique depuis la fin de la guerre et a déjà été candidat deux fois à la présidentielle, a construit patiemment sa victoire en s'appuyant sur l'union de la gauche.
Sa victoire marque ainsi le retour au gouvernement des communistes, écartés du pouvoir depuis 1947. Ils seront quatre dans le premier gouvernement de Pierre Mauroy. Cette alliance avec "les amis de l'URSS de Brejnev" inquiète à l'étranger, notamment à Washington, qui enverra rapidement le vice-président George Bush à Paris pour sonder le nouveau chef de l'Etat.
La rupture est aussi inscrite dans le programme de François Mitterrand. Forte d'une majorité absolue à l'Assemblée, la gauche mettra en oeuvre plusieurs mesures phare: abolition de la peine de mort, retraite à 60 ans, cinquième semaine de congés payés, nationalisations bancaires et industrielles, décentralisation, ou encore autorisation des radios libres.
Le règne de François Mitterand a duré deux septennats, de 1981 à 1995. Affaibli par un cancer de la prostate, il tiendra toutefois à mener à bien son second mandat, avant de céder le pouvoir à Jacques Chirac.
afp/jzim