Sorties CD: les insomnies musicales de Moby

Si la nuit offre un sommeil réparateur à la plupart des gens, ce n’est pas le cas de tout le monde, à commencer par Moby. Deux ans après «Wait for me», le New-yorkais a mis à profit ses insomnies récurrentes pour créer «Destroyed».

Un album à l’ambiance nocturne, à l’image du titre «Bleu Noir» qu’il a composé pour Mylène Farmer et qu’il a réarrangé à sa sauce dans «The Day», 1er single de ce nouvel opus.

La star de l’électro-pop en a profité pour sortir parallèlement un album de photos. Moby livre ainsi des images d’aéroports vides, de couloirs d’hôtel déserts et de salles de concert, témoignages de sa vie d’artiste souvent solitaire.

Ambiance mélancolique et planante

Du coup, cette solitude sert de fil rouge musical  à « Destroyed » qui baigne ainsi  dans une atmosphère glauque et mélancolique, pour ne pas dire dépressive.

Moby y a utilisé un mélange de vieux synthés et de sons numériques, tout en s’inspirant de Kraftwerk, Suicide, OMD, Simple Minds ou encore de la collaboration David Bowie-Brian Eno.

Résultat? Quinze titres électro-trance, planants et intemporels,  dans la veine de «Play» l'album qui l’a fait connaître en 1992. S’ils forment un tout quasiment indissociable, on retiendra surtout  «Be the One», «The Right Thing» ou l’hypnotique et tribal «After».

L’invitation au voyage de Jehro

Mélangez une dose d’Harry Belafonte, une tombée de Bob Marley, un zeste de Ben Harper et un soupçon de Manu Chao. Vous obtiendrez alors un aperçu du nouveau cocktail proposé par Jehro, «Cantina Paradise».

Véritable invitation au voyage quelque part entre Kingston et Rio, ce 3 opus lumineux et rêveur est un savant dosage de calypso, samba, reggae et autres rythmes des îles, mâtiné de soul.

Jehro, alias le Marseillais Jérôme Cotta, n’en est pas à son coup d’essai. Il avait déjà livré en 2006 l’excellent «Jehro»,  avec des titres ensoleillés comme «Everything» ou «Sweet» balancés d’une voix chaude et feutrée.

Des Caraïbes au Cap Vert

« Cantina Paradise » est le fruit d’un voyage entre Panama et Cuba. Cela s’entend dès le 1er single «Tonight, Tonight». Un morceau qui donne une irrésistible envie de chalouper avec ses rythmes caribéens. Rythmes que l’on retrouve aussi dans «Guantanamo Song» ou «Young Blood».

Les titres s’égrènent avec bonheur, du reggae soyeux («Why me») à la bossa («Stolen Rose»), en passant par du funk doux («Last too long») ou la mélancolie cap-verdienne de «Along the river». Des morceaux composés à l’oreille (Jehro n’écrit aucune note), jamais racoleurs et qui évoquent l’amour, la vie ou l’écologie.

Au final, «Cantina Paradise» est une véritable réussite, un cocktail de douceur qui se déguste à merveille à l’heure du crépuscule, par une chaude soirée d’été.

Kate Bush reprend ses vieux classiques

Après 6 ans de silence, Kate Bush, icône avant-gardiste de la pop anglaise, revient avec « Director’s Cut ». Un album où elle revisite des titres de «Sensual World» (1989), et «The red shoes» (1993), pour «pouvoir se dire que oui, ils sont maintenant parfaits», selon elle.

Elle a du coup totalement réinterprété les textes, réarrangé et modifié la fin des chansons. Mais dès les 1ères notes de «Flower in the mountain», reprise du célèbre «Sensual Word»,  ou encore  celles de «Deeper Understanding» (pour lequel elle a tourné elle-même un clip), la déception est à la hauteur des attentes.

Kate Bush, 52 ans, vieillit et cela s’entend. Sa voix cristalline si particulière a en effet perdu souplesse et sensualité. Le doute s’installe aussi sur les nouveaux arrangements, guère convaincants.  Et même si tout n’est pas à jeter, on préfère revenir très vite aux anciens titres. En attendant le prochain album original que la grande dame est en train de concocter.

Christine Talos