Sorties ciné: un gamin et Hugo Koblet, 2 stars à vélo

Tous les 3 ou 4 ans, Jean-Pierre et Luc Dardenne dévoilent un nouveau film, qui est rapidement encensé par la critique et évidemment sélectionné pour le Festival de Cannes. Mais après deux Palmes d'or ("Rosetta" en 1999 et "L'enfant" en 2005), "Le gamin au vélo" n'a remporté "que" le Grand Prix cette année.

Pour leur huitième réalisation, les deux frères belges filment à nouveau la vie simplement, avec émotion et dureté. Le scénario tient en deux lignes, un enfant révolté et abandonné se lie d'amitié avec une femme pleine de coeur qui parvient à l'apaiser, mais la patte Dardenne en fait un moment à part, comme toujours.

Cécile de France en maman de substitution

"Le gamin au vélo" est un môme de 12 ans qui désire plus que tout retrouver un père qui ne veut pas de lui et qui l'a placé dans un foyer. Le jeune Thomas Doret a été choisi parmi 140 enfants pour devenir Cyril, une boule de nerfs dont les éducs ne savent que faire.

Mais le gamin rencontre la bonne fée Samantha, une jolie coiffeuse qui se prend d'affection pour lui, qui finit par l'accueillir chaque week-end chez elle et qui retrouve même son vélo, son bien le plus précieux.

Une fois n'est pas coutume, les Dardenne ont choisi une star pour leur film, en l'occurrence une autre Belge, Cécile de France, qui venait de terminer le dernier film de Clint Eastwood, "Au-delà". Toute autre ambiance donc pour la pétillante actrice qui laisse ici la vedette au gamin et au vélo.

Hugo Koblet, de la gloire à la chute

Un homme élégant et fort, une ascension fulgurante, la gloire et les femmes, une fin brutale. On se croirait dans la vie de James Dean, mais c'est bien du cycliste Hugo Koblet dont il s'agit. Le réalisateur Daniel von Aarburg a voulu retracer le destin fou et tragique de ce fils de boulanger zurichois.

"Hugo Koblet, pédaleur de charme" mêle minutieusement des images d'archive, des reconstitutions historiques et des témoignages récents, notamment de son meilleur ennemi Ferdi Kuebler, 91 ans.

Et c'est un autre Zurichois qui lui donne vie à l'écran: Manuel Loewensberg, le fils de Moritz Leuenberger, dont la ressemblance avec le cycliste est plutôt frappante.

Emouvant destin digne d'une rock star

Hugo Koblet est tout d'abord un cycliste brillant, avec des victoire au Tour d'Italie en 1950 puis au Tour de France l'année suivante (il reste d'ailleurs le dernier Suisse à l'avoir remporté).

Mais Koblet est aussi celui qui était surnommé le pédaleur de charme, celui qui se repeignait peu avant les arrivées pour être parfait sur les photos. Adulé par les femmes, il a aligné les conquêtes avant d'épouser un mannequin.

C'est aussi un déclin dramatique: une fin de carrière marquée par le dopage, la ruine et un divorce en vue. Puis il percute un arbre en voiture. Accident, suicide? Koblet l'élégant avait 39 ans.

Au coeur du système judiciaire américain

Au moment où l'affaire Strauss-Kahn donne un coup de projecteur sur le système judiciaire américain, "La Défense Lincoln", quatrième film de Brad Furman, nous y plonge aussi, mais côté fiction. Cette adaptation d'un best-seller éponyme de Michael Connelly s'intéresse à un jeune avocat habile mais sans grande ambition.

Sa particularité, il a choisi une voiture, une Lincoln, pour y installer son bureau et il arpente Los Angeles pour construire ses plaidoyers. Alors qu'il a l'habitude de défendre des voyous sans envergure, un riche jeune homme lui demande son aide et un engrenage diabolique se met en place.

Riche playboy peu fréquentable

L'avocat voit dans ce client accusé de meurtre la poule aux oeufs d'or, l'affaire de sa vie. Mais il se rend vite compte qu'il est manipulé, que ce playboy a peut-être commis d'autres crimes sordides. Mais il ne peut reculer, une partie d'échecs s'engage, on en vient même à menacer sa fille.

C'est Matthew McConaughey qui interprète l'homme de loi acculé. Cet habitué des comédies romantiques a toutefois campé déjà deux fois des avocats (dans "Le droit de tuer" et "Amistad"). Michael Connelly lui-même l'a choisi pour ce rôle. Ryan Philippe ("Souviens toi... l'été dernier", "Sexe Intentions") lui donne la réplique.

Frédéric Boillat