Les 14 habitants, dont dix enfants, ont été tués samedi lorsque des hélicoptères, venus aider une position de la force de l'Otan attaquée par des insurgés, ont tiré des roquettes sur deux maisons du Helmand, selon les autorités de cette province méridionale, bastion des talibans.
Hamid Karzaï, le président afghan a publié un communiqué très virulent suite à cette bavure: "Il a été dit et répété aux Etats-Unis et à l'Otan que leurs opérations unilatérales et inutiles causaient la mort d'Afghans innocents et (...) violaient les valeurs humaines et morales, mais il semble qu'ils n'écoutent pas".
Le président a qualifié cet incident de grave erreur et de meurtres d'enfants et de femmes afghans" et a "adressé un dernier avertissement aux troupes et responsables américains". La Région militaire Sud-Ouest de la force internationale de l'Otan (Isaf), à laquelle est rattaché le Helmand, est sous commandement américain.
Excuses de l'OTAN
La Maison Blanche a indiqué que les Etats-Unis prenaient "très au sérieux" et partageaient les "préoccupations" du président afghan, et l'Isaf - La Force de l'Otan en Afghanistan - a présenté lundi ses excuses pour la "mort de neuf civils", un bilan qui diffère de celui des autorités qui évoquent, elles, quatorze morts.
Selon l'Isaf, ses hélicoptères ont ouvert le feu sur un complexe dans lequel cinq insurgés avaient pris position après avoir attaqué une de ses patrouilles, et d'où ils continuaient à tirer. "Malheureusement, nous avons découvert plus tard que le complexe, occupé à dessein par les insurgés, hébergeait des civils innocents", a indiqué l'Isaf, assurant qu'elle poursuivait son enquête.
Sujet sensible
Les pertes civiles sont un sujet sensible en Afghanistan, où dix ans de présence militaire étrangère alimentent le ressentiment anti-occidental. Hamid Karzaï, qui entretient des relations de plus en plus tendues avec ses alliés, reproche régulièrement à l'Otan ces bavures dans des opérations menées sans concertation avec l'armée afghane.
Samedi, avant que le drame du Helmand soit connu, il avait demandé à son ministre de la Défense de faire cesser les opérations menées "unilatéralement" par l'Otan et de transmettre aux forces afghanes le contrôle des raids nocturnes.
Il avait également demandé à l'armée afghane de mener ses propres opérations, de manière indépendante. Plus de 2700 civils ont été tués en 2010, selon l'ONU qui attribue les trois quarts de ces décès aux insurgés.
afp/pym